Ma stupide infidélité

Salah, 58 ans, ingénieur, marié et père de trois enfants, regrette d’avoir connu l’infidélité conjugale. Mais il est trop tard. La punition est des plus humiliantes… Il raconte.

«Je suis un homme qui souffre. Malheureusement, il est trop tard pour que je puisse réparer tout le mal que j’ai causé à mes enfants et à mon épouse. Mon drame s’appelle Imane que j’ai connue lors d’un séminaire. Nous avons sympathisé, sans cesser de discourir sur ce qui nous avait réunis. Et puis, de façon professionnelle, nous avons échangé nos coordonnées. Il faut bien reconnaître que je la trouvais si jeune et pourtant si intelligente et si dynamique. Après cette rencontre, nous avons continué de prendre des nouvelles l’un de l’autre, sans jamais tenter de nous revoir. Elle savait que j’étais marié et bon père de famille. Je parlais assez souvent de mes enfants ou de ma femme. Je savais aussi qu’elle était célibataire. D’ailleurs, elle se vantait du fait que ses deux amours à elle, étaient son travail et son célibat.

Cependant, bien que cette relation avait été tout à fait banale et qu’il aurait fallu que j’en parle à mon épouse, je ne l’ai pas fait. Une gêne ou un sentiment indescriptible m’imposait le silence. Je n’ai jamais été un coureur de jupons, mais plutôt un homme et puis un père très ou trop sérieux. Qui aurait cru ce que j’allais devenir un monstre? Je suis le premier à affirmer que j’ai épousé par amour ma femme. J’avais 27 ans, alors qu’elle avait tout juste 19 ans et nous avons eu trois enfants. Mon épouse a été très courageuse puisque, en étant mariée et mère, elle ne s’était jamais rebiffée lorsque je l’avais poussée à poursuivre ses études de médecine. Nous avons fondé un foyer solide, stable et heureux jusqu’à ce que l’idiot que je suis gâche tout. Nous avons réussi notre vie professionnelle, notre ascension sociale, sans jamais faillir à nos responsabilités en tant que parents. Nos enfants sont tous lauréats de grandes écoles et continuent de se spécialiser dans leurs branches. Aujourd’hui, ils me méprisent et ne veulent plus jamais me rencontrer. C’est une situation infernale, je me hais de l’avoir provoquée.
 »Le long fleuve tranquille » de ma vie allait se déchaîner pour prendre un autre lit. Cela arriva le jour où je me suis aventuré à inviter Imane à m’accompagner à une réception, alors que mon épouse était en voyage pour un Congrès. A partir de là, nous nous sommes vus chaque jour, jusqu’au retour de ma femme et plus encore. Puis, nous sommes devenus amants. Nous nous sommes entichés l’un de l’autre au point que je ne supportais plus ma femme, ni ma maison, ni mes enfants. Je devenais impossible, mesquin, rustre, perfide, sournois, avare. Je jouais au tyran pour accabler ma femme pour m’en débarrasser au plus vite et épouser ma maîtresse. Avec Imane, la vie était palpitante: j’étais tellement différent, elle m’avait complètement fait perdre la tête. En amoureux transis, traqués et malmenés «soit-disant» par ma femme qui n’en voulait qu’à mes sous. Nous improvisions des stratagèmes que je juge aujourd’hui désolants, pour que les miens soient privés de ma présence, de mes revenus et de mes biens. Je parlais même avec ma maîtresse des détails de mes procédures de demande de divorce que j’avais entamée. Mon épouse était devenue l’ennemie jurée à exterminer. Imane savait tout, je ne lui cachais rien, pas même un message vocal provenant de ma famille enregistré sur ma boîte vocale. Sans oublier que je dépensais sans compter pour me faire plaisir et pour que ma maîtresse soit heureuse, plus belle qu’elle ne l’était déjà. Avec elle à mes côtés, mon ego se «sur-dimensionnait». Etre lié encore à ma femme, c’était une torture. Cela ruinait ce narcissisme nouveau qui avait envahi ma personne. Avec ma maîtresse, nous nous plaignions du fait qu’il était scandaleux et incompréhensible que ma femme ne veuille pas divorcer à l’amiable. Je m’entêtais à trouver inadmissible que la justice m’impose de lui verser une indemnité et d’être dans l’obligation de prendre en charge mes enfants. Pour y échapper, j’avais même tenté de faire arrêter ma femme en lui tendant un piège des plus abjects qui soit. Heureusement, il a foiré. Je ne me rendais pas compte de tout le mal que j’allais infliger à mes enfants en m’attaquant à la réputation de leur mère. J’ai même été jusqu’à transgresser les lois sacrées, divines, en léguant tous mes biens à mon frère, sans penser à la mort. Ce n’est que maintenant que je me rends compte de l’être immonde que j’ai pu être. A aucun moment, je n’ai eu le moindre brin de lucidité pour me remettre en question et agir en homme responsable. Seule une gifle brutale, dont la puissance était surhumaine, allait me stopper.
Alors que je me débattais pour me libérer, Imane avait rencontré un autre homme bien plus jeune que moi et riche. En plus, elle ne m’en avertit qu’après la signature de son acte de mariage. Selon ses dires, ses parents s’opposaient catégoriquement à notre union. Elle m’expliqua alors longuement qu’elle ne pouvait se résoudre à causer le malheur de ma famille. Une famille qu’elle trouvait «maintenant» tellement formidable et qu’elle ne souhaitait pas non plus perdre l’amour et l’estime des siens. Par elle, j’ai été planté comme un imbécile et, pour les miens, je suis un «ghedar», un renégat. Je vis en enfer et je le mérite, mais que faire maintenant ?».

Ces horaires scolaires me tuent…

Mariem Bennani

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