Bank Al-Maghrib pessimiste, mais pas d’affolement

Jouahri bam

Contrairement à son habitude, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, s’est montré pessimiste et trop réservé sur certaines questions. Non sans perdre ses traits d’esprit, il a fait savoir que 2014 ne sera pas vraiment une année de gaieté. Le point.

Partant du taux de croissance qui devrait se situer entre 2,5 et 3% en 2014, après s’être établi à 4,4% en 2013, Jouahri a expliqué que cette performance était surtout attribuable à la progression de 19% de la valeur ajoutée agricole.
En 2013, la composante non agricole avait pourtant décéléré à 2,3%, contre 4,4% en 2012. Pour 2014, le rythme de progression des activités non agricoles devrait, selon le wali, s’améliorer pour s’établir autour de 4% mais, sous l’effet d’une baisse de la valeur ajoutée agricole, le taux de croissance ne dépassera pas les 3%. Ceci paraît important, puisque le taux régressera de plus d’un point de base. Compté en milliards de dirhams, ce même point représenterait d’abord un énorme manque à gagner au niveau de la trésorerie et ne manquera pas de se répercuter sur le marché du travail. Un marché où, explique encore Jouahri, la situation s’est dégradée au premier trimestre, avec un accroissement du taux de chômage de 0,8 point de pourcentage, pour s’établir à 10,2%. «Dans ces conditions, l’output gap non agricole devrait continuer à évoluer à des niveaux négatifs au cours des prochains trimestres, présageant ainsi de l’absence de tensions inflationnistes émanant de la demande», a précisé le patron de la banque centrale.

Des charges de compensation en repli

Pour ce qui est des finances publiques, le wali a noté que le déficit s’est établi à 30,7 MMDH à fin avril dernier, au lieu de 20,3 MMDH à la même période en 2013. Il a imputé cette évolution à l’augmentation de 10,3% des dépenses globales, suite à une progression de 50,1% de celles de l’investissement, alors que les charges de compensation se sont inscrites en repli de 5,5%. Parallèlement, les recettes ordinaires ont reculé de 0,1% en raison de la diminution de 23,7% des recettes non fiscales, le produit fiscal ayant progressé de 2%, suite notamment à la hausse de 11,2% des rentrées au titre de l’IS. Selon les projections de la loi de Finances 2014, le déficit budgétaire devrait se situer, à fin décembre 2014, à 4,9% du PIB, après 5,5% en 2013.
Côté inflation, le wali de BAM a indiqué qu’elle devrait s’établir à 0,9% en 2014, avec une moyenne de 1,3% sur l’horizon de prévision, ajoutant qu’elle se situerait à 1,5% au terme de cet horizon, soit le troisième trimestre 2015, alors que l’inflation sous-jacente devrait rester en deçà de 2%. En outre, il a souligné que ces prévisions d’inflation tiennent compte des décisions prises récemment par le gouvernement, concernant les subventions unitaires de certains produits pétroliers et la hausse du SMIG et du salaire minimum dans la Fonction publique.
Ainsi, «tenant compte d’une prévision centrale de l’inflation en ligne avec l’objectif de stabilité des prix dans un contexte marqué, malgré un début de reprise des activités non agricoles, par des incertitudes tant au niveau interne qu’externe, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 3%, tout en continuant à suivre de près l’ensemble de ces évolutions», a-t-il conclu.
Au niveau des comptes extérieurs, Jouahri a fait savoir que le déficit commercial de biens s’est chiffré à 84,9 MMDH à fin mai 2014, contre 83,2 MMDH à la même période de 2013. Il a aussi précisé qu’en dépit de la baisse de 13,3% des ventes de phosphates et dérivés, les exportations ont augmenté de 5,2%, marquées par la forte progression des expéditions du secteur automobile. Pour leur part, les importations se sont accrues de 3,6%, en liaison avec la hausse des approvisionnements en produits alimentaires, notamment le blé. De leur côté, les recettes de voyages se sont améliorées de 3,2%, alors que les transferts des MRE ont régressé de 1,6% et les flux nets des investissements directs étrangers (IDE) ont reculé de 18 %.

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On en a encore pour 4 mois

L’encours des réserves internationales nettes s’est situé à fin mai à 164,2 MMDH, soit l’équivalent de 4 mois et 19 jours d’importations de biens et services et devrait se maintenir proche de ce niveau d’ici fin 2014, a encore souligné Jouahri. Et d’ajouter que l’analyse des indicateurs monétaires montre une accélération du rythme d’accroissement de l’agrégat M3, de 3,2% au premier trimestre 2014 à 4,2% en avril. L’écart monétaire, restant toutefois à un niveau négatif, indique une absence de pressions inflationnistes émanant de la sphère monétaire.
Par ailleurs, le rythme de progression du crédit bancaire s’est amélioré de 3,8% à 4,4% et devrait se situer à 4,5% au terme de 2014. Au niveau des conditions monétaires, le taux moyen pondéré sur le marché interbancaire s’est situé à 3,03% en moyenne aux mois d’avril et de mai, en légère baisse par rapport à sa moyenne des trois premiers mois de l’année. Concernant les taux débiteurs, les données de l’enquête de BAM auprès des banques pour le premier trimestre montrent une diminution de 56 points de base à 5,96%. Pour ce qui est du taux de change effectif du dirham, il s’est apprécié d’un trimestre à l’autre de 0,57% en termes nominaux et de 0,34% en termes réels, alors que les prix des actifs immobiliers ont légèrement augmenté de 0,1% en glissement annuel au premier trimestre 2014.

Hamid Dades
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LPL : Le Maroc est éligible


«L’éligibilité à une nouvelle Ligne de précaution et de liquidité (LPL) place le Maroc parmi les souscripteurs internationaux qui disposent de fondamentaux macro-économiques relativement sains et permettra au Royaume de faire face à d’éventuels chocs exogènes». Cette éligibilité renseigne sur des équilibres macro-économiques sains, a expliqué Jouahri quant à la LPL. Il a dans ce sens fait savoir que le Maroc, après l’accord unanime du Conseil du FMI en faveur du renouvellement de la LPL, est en train de finaliser l’ensemble des conditions et des points de repère relatifs à la prochaine demande. Et le wali de noter: «Nous sommes le seul pays dans la région MENA qui bénéficie de la LPL, tandis que des pays comme la Tunisie et la Jordanie sont en stand-by». Il a encore expliqué que l’amélioration de la notation du Maroc par «investment grade» de «négative» à «stable» renforce la confiance dans le Royaume pour le renouvellement de cette Ligne et reflète les progrès accomplis sur le plan macro-économique.

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Perspectives : La reprise, mais…


Sur le plan de la croissance à l’échelle internationale, Jouahri n’a pas omis de souligner que celle-ci reprend, sauf aux Etats-Unis qui ont connu une décélération liée à des conditions hivernales plus rudes qu’à l’ordinaire. Le wali a rappelé dans ce sens: «La reprise s’est poursuivie dans les principaux pays avancés, en particulier dans la zone euro où la croissance est passée de 0,5% à 0,9% au premier trimestre. En revanche, dans les principaux pays émergents, l’activité a de nouveau ralenti en Chine et au Brésil et s’est stabilisée en Inde». Pour ce qui est des perspectives, les dernières projections du FMI font état d’une poursuite de l’amélioration dans les pays avancés et d’un ralentissement dans les économies émergentes.

 

Lapsus : «Ana Istiqlali»!


«Ana Istiqlali»! L’affirmation est de Abdellatif Jouahri, wali de BAM. Etonnée, mais soulagée quand même d’avoir enfin pu connaître l’appartenance politique du wali, l’assistance ne comprenait cependant pas pourquoi il a révélé celle-ci et de cette manière! En fait, Si Jouahri voulait dire «Ana Moustaqil», je suis autonome et pas indépendant, pour qu’on n’aille pas encore penser au RNI (parti du Rassemblement national des indépendants). Si Jouahri, dont la maîtrise de la langue arabe n’est pas à prouver, a finement corrigé ce lapsus à travers une explication raffinée de l’autonomie de BAM, le libre choix de ses décisions et la fiabilité de ses prévisions qui se font en dehors de toute influence. Un organe autonome se doit de trouver des solutions et de faire des propositions, mais s’abstient de toute critique de l’Exécutif et de son action. «Je fais mon travail et dans celui-ci, je ne suis pas appelé à critiquer ou à porter des jugements sur ce que fait le gouvernement». C’est un peu dans ce sens que Jouahri a répondu à une question qui lui demandait justement son avis sur l’augmentation du SMIG et du salaire minimum dans la Fonction publique, d’où le «Ana Istiqlali» qui n’est qu’un simple lapsus -car même les grands orateurs de son calibre en font- et qui n’a rien à voir avec l’appartenance ou les convictions politiques du monsieur qui, de surcroît, entendait par le «Ana» l’organisme qu’il préside, c’est-à-dire Bank Al-Maghrib…

HD

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