Et moi, je suis arrivée avec ma valise, rêvant au mariage…

Jamila, 38 ans, célibataire, travaille dans la restauration. Elle croyait en l’homme qui l’a demandée en mariage. Lui, avait un plan d’un rare machiavélisme. Et puis, est arrivé ce qui est arrivé…Elle raconte.

«J’ai été victime d’une énorme tromperie et je veux en parler pour avertir toutes celles qui éventuellement pourraient en pâtir. Qu’on se mette bien d’accord, je suis entièrement responsable de ce qui m’est arrivé. Je ne peux pas me permettre de rejeter la faute sur quiconque mis à part moi-même. Mon intuition avait pourtant décelé quelques anomalies mais malheureusement, je ne voulais écouter ou croire que ce que je voyais. En tous cas, c’est certain, dans ces filets de berceuses à l’eau de rose, jamais plus personne ne m’y reprendra. Et d’ailleurs,  devoir rester célibataire tout le restant de ma vie ne me fait pas peur. J’ai également pris conscience que nous ne sommes plus dans ces temps où la femme pouvait croire en la protection, l’honneur, la fierté, la parole de son homme. Aujourd’hui, il ne faut plus s’étonner de rien venant de la part de certains individus. Ils sont vraiment capables du pire. Mais pas tous quand même, vous me direz. A cela, je vous répondrais d’aller faire un tour dans les tribunaux de la famille pour voir et vous pourrez sérieusement vous inquiéter. 

Mon bled et la maison des parents, je les avais quittés, il y a 15 ans. C’est qu’à vingt ans, je n’en pouvais plus du poids écrasant de l’ennui. J’en avais ras la patate des journées qui passent et qui se ressemblent. Tout ce qui s’y passait me faisait rendre compte que rien ne pourrait les changer. Pour me sauver de notre petit village, un trou perdu perché dans la montagne j’avais décidé d’aller taper à la porte de mon frère ainé. Lui, sa femme et ses deux gosses habitaient la capitale économique. Je savais combien ma présence dans son foyer serait mal venue. Que voulez-vous, il faudrait être sacrément stupide pour ne pas l’envisager. Moi-même, si j’avais été en couple,  j’aurais très mal pris de voir s’inviter sans prévenir dans un petit chez moi, ma belle-sœur. Attendez, moi ce n’était pas dans mon intention de fiche la pagaille dans leur vie. Je m’étais permis ce culot simplement dans le but de m’offrir la chance de faire un pied de nez à ce piètre destin que je voyais tout tracé.

Aussi bizarre qu’imprévu, ce n’était pas ma belle-sœur qui allait me rendre le quotidien difficile mais mon frangin. D’ailleurs, après 3 semaines passées chez lui, le voilà un soir me proposant un job d’aide cuisinière à temps plein dans une maison. Il disait que j’y serai bien traitée et bien payée. Je n’allais tout de même pas cracher sur cette opportunité puisque tels étaient mes desseins. Dès le lendemain, il m’y avait conduit et je le sentais fichtrement soulagé. Je fus effectivement contente de ma place, de mes employeurs, ainsi que de tout le personnel de cette grande maison. Le seul grand bémol avait été que je ne voyais pas le rond, puisque c’est mon frère qui se chargeait de le récupérer toutes les fins de mois. Il disait vouloir m’obliger à faire des économies et que je ne craignais rien parce qu’à tout moment je pouvais les lui réclamer. Encore, un balaize dans l’esbroufe qui cachait bien son jeu. C’est quand la chef cuistot m’avait proposé de m’associer à leur tontine «Daret», que je comprenais enfin que je pouvais dire adieu à mon fric soi-disant épargné.  Dévoiler ce genre de bassesses familiales, me fit taire mais je coupais définitivement les ponts avec ce voleur.  Mon frérot bien qu’il fût dans son tort n’avait eu aucune honte à me faire virer de mon job en invoquant pour motif ma fugue du domicile des parents.

«Je veux restreindre la liberté des enfants»!

Les gens pour qui je bossais ne concevaient pas d’être impliqués dans des histoires scabreuses. Ils me l’avaient gentiment expliqué en me remerciant.  Ne sachant pas où aller, fort heureusement j’avais pu compter sur les liens bienveillants tissés avec mes collègues. Par solidarité, ils avaient commencé par m’accueillir chez l’un d’entre eux et ensuite ils m’avaient trouvé une place dans une maison à Marrakech. Je n’oublierai jamais de ma vie comment en ce lieu, je fus excellemment traitée. Je vais vous dire comment. 

En fait, chez eux, toutes les taches de mon job n’étaient pas ardues et interminables. En plus, ils m’avaient poussée à reprendre mes études pour obtenir un diplôme. Donc après trois années d’études, grâce à mon niveau bac, j’avais eu l’immense privilège d’être titulaire d’un diplôme de technicienne dans la restauration.  Bien sûr que c’était un sacré bienheureux évènement dans mon existence, mais pour autant je n’envisageais pour rien au monde de quitter mes employeurs. Sauf que contre mon gré, je fus bien et bel contrainte et forcée de le faire. Il y avait eu un changement de propriétaires, et les nouveaux ne reprenaient ni les meubles, ni moi.

Je fus alors téléportée à Meknès, pour bosser dans un hôtel, puis à Fès et enfin je suis retournée à Marrakech. Cette ville symbolisait pour moi, la chance, le bonheur, je l’avais pour ainsi dire dans la peau.

Je retrouve ma sérénité dans un nouveau job qui me permet d’être capable de vivre et de me loger correctement. C’est alors que je rencontre par pur hasard, un gars de passage et nous tombons amoureux l’un de l’autre. Un problème se pose, les centaines de kilomètres qui nous séparent. Nous arrivons quand même à nous voir pour de vrai de temps en temps. Sinon, notre relation se poursuit via les réseaux sociaux et tout ce qui est permis grâce au téléphone portable. Je peux vous dire que l’air que je respirais mais que je ne partageais pas avec lui devenait de plus en plus insupportable. Il me fit croire qu’il en était de même pour lui. Pour me le prouver, il m’avait demandé d’avertir mes parents qu’il viendrait avec les siens pour rendre officielle notre prochaine union. Fébrile fût mon empressement de lui donner une date. Mes parents aussi qui n’espéraient plus que mon statut de célibataire change un jour, approuvèrent à la va vite ce miracle et tout ce qui venait de la bouche ce sale gugusse et des siens.

Dans cette réunion de fiançailles, où étaient présents presque tous les membres de ma famille, ces gens s’étaient sentis à vrai dire un peu trop à l’aise. Ils s’étaient montrés si chaleureux, si conciliants, à tel point que personne chez nous, ni moi-même, n’avions senti qu’ils nous préparaient quelque sale coup. Nous avions parlé de notre prochain mariage, du partage des tâches et même de la date de transcription de notre acte prochain. Ensuite, sans trop insister, ma belle-famille nous fit part de son désir de nous voir, d’abord et avant toute chose, meubler notre futur logement. A ce sujet, mon futur époux m’avait déjà averti qu’il entamait des démarches pour obtenir un crédit nécessaire à l’acquisition de notre chez nous. Il disait aussi beaucoup souffrir d’attendre une réponse positive à sa demande. Entre temps, comme pour me contraindre encore plus à lui faire confiance, il ne cessait de m’envoyer des vidéos ou des photos dudit appartement, de modèles de chambre à coucher, de salle à manger, de lustres, de machine à laver, de gazinière, etc … Je précise cela maintenant parce qu’en vérité à cette époque, je me prêtais aveuglement à son jeu. Mon cœur était totalement rassuré des élans de ce futur époux que je voyais si sérieux et si divinement passionné par notre projet de fonder une famille.

Et je reviens dans mon patelin !

Bien, loin de moi, toute idée de malhonnêteté de sa part, je lui avais permis de connaitre le montant de mon salaire mensuel, celui de mes économies, aussi de ce que je comptais verser à mes parents pour les préparatifs de notre mariage. Ce fut ma plus grosse erreur! Finalement avait-il besoin de savoir tous ces détails? Non, mais qu’importe, un enfoiré reste un enfoiré. Parce que quelques temps après, le voilà me demandant de lui avancer ce qui lui permettrait de finaliser l’achat des banquettes de notre salon. Il m’avait même suggéré de le retrouver à Casablanca avec l’argent bien sûr, pour que je choisisse la couleur du tissu. La dinde que je suis y avait vu de l’élégance dans le comportement.

Ensuite, je m’étais sentie obligée d’aménager et d’équiper de A à Z mon domaine: la cuisine. Je m’étais occupée, sans qu’on me le demande, des rideaux, des lustres et de la décoration. Et pour finir en beauté, le scélérat avait osé me sommer de lui prêter pour un délai d’un mois, la somme que je devais expédier à mes parents pour la fête. Il avait parlé d’une hypothétique rupture de stock définitive de la chambre à coucher de ses rêves…. 

Vous savez, ce manipulateur soutenu par ses parents m’avait tellement embobiné qu’il m’avait venir m’installer chez eux pour terminer les travaux de nettoyage et de réparation de notre maison. Cela aussi, je ne le lui pardonnerai jamais! Ce salopard avait dit aussi ne plus supporter me savoir si loin de lui et que je pouvais aisément trouver un autre job bien mieux rémunéré. Et c’est ce que j’ai fait, après avoir passé deux semaines de congé avec eux. Un mois plus tard, j’avais démissionné, abandonné mon petit logement et ma colocataire. Sauf que quand j’ai atterri dans la capitale économique avec ma valise, je fus surprise  qu’il n’y ait personne pour m’accueillir. Alors, j’ai appelé machinalement mon futur époux pour comprendre et c’est la voix d’une jeune femme qui m’a répondu. Elle riait en disant qu’elle était l’épouse de monsieur et qu’il était préférable pour moi d’oublier ce numéro.  Je m’imagine que je m’étais trompée, je rappelle, le tel est éteint. Ce que j’allais découvrir ce jour-là, fut extrêmement difficile à supporter, concevoir, ou tout ce que vous voulez.  Effectivement, le voisinage alerté par l’explosion de ma rage et de mes cris, m’avait certifié la véracité des paroles de la jeune femme qui m’avait claqué la porte au nez de ce chez moi. 

Alors là je peux vous dire que j’ai pleuré et même failli perdre la boule d’avoir cru au mensonge et contribué avec mes deniers au bonheur d’une autre. Allez comprendre aussi comment cette autre qu’il avait épousé n’avait même pas tressailli de savoir que j’avais été victime de trahison. Mais hormis, le fait que le gars n’avait aucune intention de m’épouser, et qu’il en avait après mon argent, ce qui me reste en travers de la gorge, c’est ce besoin de certitude qu’il avait eu, de me savoir à genoux, dépouillée de tout, sans job, sans maison et couverte de déshonneur face aux miens».

Mariem Bennani

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