Il veut me dépouiller et menace de me tuer !

Yamna, 37 ans, travailleuse agricole, est divorcée et mère de 6 enfants. La ferme résolution de l’homme dont elle se plaint, c’est de lui extorquer ce qu’elle possède, sinon de la liquider… Elle se confie, à la fois désabusée et terrorisée…

«On a abusé de ma confiance, une fois, puis une autre. Cela ne finissait jamais et j’ai laissé faire. Par contre, en contrariant une seule fois les desseins, on me promet de finir sous terre. N’allez pas si loin en vous imaginant que je suis le membre fondateur d’un gang de criminels ou que sais-je encore de pire. Rien de tout ça! Pour des raisons que je vais vous expliquer en détail, mon cupide époux voit en moi un ennemi résistant à dégommer. Voyez-vous, c’est parce que j’ai peur et que je suis au bout du rouleau, que j’ose me confier.  

Pour commencer, je vous dirai que je suis une femme de «l’badia». Je suis née à la campagne, j’y ai grandi et j’y ai fondé un foyer. Je n’ai jamais eu d’autre choix que de travailler dans le domaine de l’agriculture. D’abord en aidant mes parents, qui vivaient des revenus de leurs cultures potagères et de plantes aromatiques. Ensuite par nécessité, j’ai aussi bossé pour d’autres cultivateurs et un peu pour moi-même également. Quant au père de mes enfants, mon pire cauchemar, il n’est pas de notre région, il s’y est installé en m’épousant. Maintenant que je vous en parle, vous ne pouvez pas imaginer combien je regrette de le lui avoir permis, à cet imposteur. C’est fou quand même cette chance qu’il avait eue de se trouver sur la route de la seule idiote du patelin.  

Bref, le maçon sans le rond qu’il était, m’avait fait croire qu’il était un homme responsable, avec des principes moraux bien ancrés et que je pouvais lui faire confiance. Bien sûr, mon jeune âge et mon manque d’instruction avaient joué en ma défaveur. Clairement, je n’avais pas été en mesure de détecter l’ampleur de l’enfumage. Sous l’influence d’une manipulation psychologique même pas fignolée juste bricolée, je m’étais permis d’obliger mes parents à non seulement lui accorder ma main, sans qu’il leur présente les siens, sans dot, sans fête et à lui céder une parcelle de terre pour y bâtir un gîte. Là, j’avais déjà commencé par commettre la plus impardonnable des erreurs qu’une femme ou jeune fille qui se respecte puisse commettre. 

Immédiatement, la meute s’était fait entendre, après la nouvelle de mon union si irrégulière. Vraiment, il m’en avait coûté d’être la risée de presque toute la famille et de tout notre voisinage. Il faut savoir aussi que je n’étais pas au bout de mes peines. D’abord, j’avais été forcée, pour ne pas perdre encore plus la face, de financer toute seule la construction des deux pièces qui allaient abriter notre couple. J’avais pu réussir à le faire, à coup de prêts et de rétributions de mon travail sur les «bhirates» et aussi de mes ventes de citrons et de plantes médicinales sauvages. Et ensuite, après nous y être installés, enfin le vrai visage que cachait monsieur mon mari s’était révélé.

Habituée à n’être entourée que par de hommes qui trimaient dur pour entretenir leur famille, j’allais connaître la différence en ayant pour époux, l’insouciance et la paresse incarnées. Moi-même et en tant que femme, s’il vous plait, j’avais estimé ma fierté beaucoup trop mutilée par les cancans et me suis activée sans relâche à lui redorer le blason. Je l’avais fait dès le départ, en misant tous les fruits de mon labeur pour avoir un foyer. De toutes les façons, je me mettais le doigt dans l’œil. Les humiliations causées par le comportement de mon époux n’allaient jamais s’arrêter. Tout comme mes archaïques croyances en la solidarité indéfectible du couple matrimonial, qui elles aussi n’avaient jamais cessé de me pousser à me tuer à la tâche pour entretenir ma chaumière avec tous ses occupants. 

Mon mari par contre, tel un rare oiseau mais de très mauvais augure, avait décidé que sa seule implication dans notre couple s’arrêtait à la construction de notre habitation. Je peux vous jurer que ce chef d’œuvre de bras cassés ne sera jamais rien d’autre pour lui qu’un abri sans contrainte dont il disposera gratuitement. Il changera d’avis mais ce ne sera pas pour la bonne cause, soyez-en certains. La femme brisée et dépouillée que vous avez devant vous, avait été contrainte et forcée de prendre en charge un mari chômeur, paresseux, mauvais comme la teigne, jaloux et de surcroit très violent. Ces trois cicatrices que j’ai là, à la tête, me rappelleront toujours la barbarie dont j’ai été victime pour avoir dit ce que je pensais de lui, en refusant ce qu’il me proposait. Vous allez voir par la suite, dans quoi j’allais être embarquée. 

Et dire que je n’avais même pas été fichue de mettre un frein aux complications au moins à la deuxième grossesse. D’ailleurs à ce sujet, refuser de prendre en considération les paroles justes d’une cousine sage-femme dans un hôpital public, avait été une grossière stupidité de ma part. Cette jeune femme m’avait pourtant vivement recommandé d’être vigilante et de ne jamais arrêter la contraception. A mon quatrième accouchement, très en colère, elle m’avait suggéré carrément de demander qu’on me ligature les trompes. Imaginez que je l’avais très mal pris pensant qu’elle me jalousait. Résultat, j’en ai encore pondu deux autres avec ce taré. Une catastrophe! Mais quand on est comme moi, limitée intellectuellement, il ne faut pas s’attendre à autre chose. 

Pouvoir nourrir toute seule, 6 petites bouches et deux grandes, tout en m’occupant du reste fut quelque chose d’héroïque. Et je vous épargnerai certains détails de mon quotidien qui pourraient vous choquer. Tout ce que je peux vous dire c’est que je ne pouvais jamais compter sur mon époux qui passait son temps à dormir, ou à vagabonder je ne sais où. Chaque soir, il fallait supporter qu’il râle, qu’il insulte, tout en tabassant ses gamins… Et moi aussi à l’occasion. Il n’était pas content de son sort et rabâchait tout le temps que je l’avais piégé dans ce bled pourri et dans ce trou à rat. Le même scénario avait duré 15 ans jusqu’au jour où il avait appris que nous avions des propositions très intéressantes d’achat de nos terrains situés à proximité de la route principale qui mène à la plus grande ville de la circonscription. Et qui sait s’il n’en avait pas eu vent depuis le début?

Eh bien figurez-vous que tout de suite, j’ai eu affaire à un autre homme, mué en quelqu’un de maternant, affectueux, joyeux avec nous tous. Son objectif primordial désormais était de me laver le cerveau avec le rêve qu’il caressait pour moi et nos gosses. Tous les jours, il ne cessait pas de me bassiner qu’il voulait à tout prix nous assurer un meilleur destin avec un logement plus décent en ville, ma retraite anticipée, la scolarité des enfants complètement lâchée pour des raisons pécuniaires assez évidentes et aussi la prospérité garantie. Quand, je revenais du travail exténuée, j’étais agréablement surprise que les pièces de notre habitat avaient bien été rangées, les enfants bien torchés et que même le pain avait été pétri et cuit. Seulement, tout ce changement qui allait durer ce que durent les roses, avait un prix. Une bien rondelette somme que la cruche allait raquer sonnantes et trébuchantes.  

Oui, vous avez bien compris qu’il me mettait la grosse pression pour vendre mon petit lopin de terre que j’avais reçu en héritage. Ma seule et unique porte de salut, qui me garantissait encore à moi et à mes enfants une vie plus ou moins décente et la sécurité de ne pas nous retrouver à mendier dans la rue. Si vous pensez que je pouvais lui tenir tête longtemps, c’est que vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est que de vivre aux cotés de quelqu’un qui n’a qu’une et une seule idée en tête: celle de vous marauder. Finalement, après moults résistances, j’avais accepté de vendre la moitié de ce que je possédais pour qu’il puisse s’acheter un camion. Ce véhicule de transport de marchandise était selon lui, le meilleur moyen de lui permettre de réaliser ses «fameux» rêves. Mais que nenni! Des sous venant de sa part, je n’en avais jamais vu la couleur! C’était une ruse, encore une de plus.

A la campagne, généralement tous les transporteurs agricoles travaillent beaucoup pendant une saison, sauf le mien. Son camion ne bougeait pas! Il restait garé pendant que monsieur reprenait ses vieilles habitudes. Je n’avais pas mon mot à dire sur son chômage qui ne nous rapportait rien, alors que s’il le voulait, il en aurait été autrement, comme chez les autres que je voyais prospérer. Non, je devais supporter qu’il reste planté à attendre mon retour pour me pomper l’air.  En fait, il attaquait avec son deuxième plan épicé de mauvaise foi, mensonge éhonté et agressivité. Etant donné que cette fois, j’avais compris son manège et que j’étais littéralement gavée, j’avais pris une décision pour sauver ma peau. 

Il était pour moi formellement hors de question de vendre ce qui me restait de terre. En premier lieu, j’eus d’abord le courage d’aller porter plainte à la gendarmerie pour coups et blessures. Ensuite, j’ai demandé le divorce. Le temps que la procédure se mette en marche, il continuait de me menacer de me tuer, si je n’annulais pas mes démarches et que je ne vendais pas immédiatement. Il en était tout à fait capable, puisqu’il avait réussi à me coincer sur le chemin de la pharmacie du douar. Battue sauvagement, je dois mon salut à un automobiliste qui filmait avec son téléphone la scène. Il s’était enfui en jurant que rien ni personne ne lui faisaient peur et que notre prochaine rencontre se passera mieux. Sans l’ombre d’un doute, ce criminel continuera éternellement de roder autour de moi pour arriver à ses fins, à savoir s’emparer de ce qui ne lui appartient pas. Visiblement, il ne lui a pas suffi de nous détruire psychologiquement et de s’être approprié un camion payé avec mes deniers. Puis, de le vendre pour prouver qu’il n’avait pas de travail afin de ne pas s’acquitter de la pension alimentaire de ses enfants. 

Me voilà, même en étant divorcée de lui, encore rongée d’inquiétude, n’arrivant désespérément pas à trouver la meilleure solution pour nous protéger définitivement mes enfants et moi de cet individu».

Mariem Bennani

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