Et puis, j’ai décidé d’annuler mon mariage !

Nawel, 32 ans, célibataire, travaille à son compte. Elle, pour qui tout brillait, au sens propre et figuré, pour quelles raisons a-t-elle renoncé à son mariage ? Voici ce qu’elle nous raconte.

«J’ai décidé d’annuler mon mariage et de faire mon deuil de la vie de couple. Mais il ne faut pas aller trop vite en besogne pour me juger, en disant que je suis une pauvre folle, ou que j’ai été trahie. Il faut vous rendre compte que la prise d’une telle décision était absolument imprévisible de ma part. Parce que le mariage, et surtout avec un homme comme mon ex, je n’y rêvais plus depuis longtemps. Voyez-vous, en ce qui me concerne et précisément du côté cœur, rien n’est jamais simple. Eh oui, ce n’est pas parce qu’on jure dans votre famille que vous serez la première des filles à être casée que la prédiction est juste. Si seulement, ils s’étaient tus! Elle est peut-être là l’origine de ma foutue poisse et pas tous ces trucs biscornus qui dépassent l’entendement.

Allez, je vous le donne le mille! Ce sont les moins favorisées par Dame Beauté de notre clan, qui furent les premières à fonder des foyers. Quant à moi, la réussite en amour m’a snobée, ou peut-être que je suis prédestinée au célibat. Je vous assure que ce que je raconte est aussi vrai que l’abandon définitif de mon projet d’union.

Vous savez, comme toutes les filles, je m’étais fixée un âge limite à ne pas dépasser pour me marier. Disons que c’était l’objectif à atteindre, tout comme celui de m’engager dans telle branche d’études pour obtenir tel diplôme. J’ai été élevée dans une famille où l’on ne badine pas avec ce genre de choses. D’ailleurs, coté études, mes parents n’ont pas lésiné sur les moyens. J’ai fréquenté les meilleures écoles et mes résultats n’étaient pas décevants. Pour le mariage, c’était à moi de faire le meilleur choix.

Ainsi, étudiante et vivant seule dans une ville touristique en Europe, je ne passais pas toutes mes nuits à bucher mes exams. Non certainement pas, je bringuais beaucoup. Aussi, il ne fallait pas être très intelligente pour comprendre les avantages d’être jolie. Je vous le dis carrément, cela m’ouvrait des portes. De celles qui vous font rencontrer des gens extraordinairement aisés. J’en profitais sans pour autant donner à quiconque la moindre opportunité de me salir. 

Des petits flirts, j’en avais eu pas mal, mais je ne me souviens pas être tombée amoureuse. Je n’ai pas eu de bobos au cœur, vu que je ne m’étais attachée à personne. Beaucoup d’entre eux avaient des dépendances plutôt toxiques et moi pas. Ai-je besoin de vous dresser le tableau de l’incompatibilité? Je me trouvais en ces lieux si éloignés des miens pour des raisons nobles ; et je ne comptais pas me détruire pour rentrer dans le moule. C’est quand je suis devenue plus sélective dans mes relations que j’ai connu quelqu’un de vraiment exceptionnel. Il était beau intelligent et promis à un très bel avenir professionnel. Nous nous aimions à la folie. Avec lui, j’ai voyagé, vécu des moments inoubliables. Nous nous préparions à nous marier et avions entamé les démarches dans ce sens, mais la mort l’avait fauché parce qu’il conduisait comme un malade. Et dire que je le lui reprochais tout le temps!

Après 3 divorces, ne me parlez plus jamais de mariage !

De la dépression, je n’en sortirai pas après la disparition quasi-simultanée de mon père. Dès lors, il ne sera plus question pour moi de relation amoureuse avec qui que ce soit, pendant longtemps.

Me focaliser sur mes études sera mon seul hobby jusqu’à l’overdose. Lassée de solitude, il y aura bouleversement dans ma routine et reprise de contact avec mes anciens amis. Là, je multiplierai les conquêtes mais je récolterai le chaos. Rien à faire, il ne se passe rien, toutes mes relations se solderont par des séparations. C’est le hic ! Tout le temps, j’ai l’impression de ne pas être à ma place, ou qu’on ne me traite pas à ma juste valeur, ou qu’on veut me faire accepter l’inacceptable. Mes affaires de cœur sont tellement foireuses qu’elles alarment ma mère et mes sœurs. Elles les évaluent incompréhensibles et me filent leur parano. Dare-dare, je cherche à me faire aider via des séances avec une psy. Je parle beaucoup mais en vain. Dans la foulée, par hasard, je tombe sur des vidéos de voyantes et de travailleurs sur les énergies invisibles. Ce monde me parle de choses qui m’étaient complètement inconnues. Ma curiosité insiste et je pose des questions à une amie très portée sur ces histoires de «jnouns», de sorcellerie. Je n’en revenais pas que les bizarreries foisonnent à ce point et qu’il existe tant de souffrances. Mais, par méfiance ou par manque de conviction, j’étais peu encline à mettre en pratique tous les conseils qu’elle me suggérait. 

Perdue, je prends la fuite. Je boucle mes valises pour quelques semaines de vacances très loin du Royaume. Le dépaysement total me fait du bien et je retrouve mon entrain et ma gaité. En ce lieu, je rencontre énormément de gens venus des quatre coins de la planète, mais il n’y a qu’un seul homme dont la compagnie m’enchantera vraiment. Si ce n’est pas un manque de bol que notre histoire amoureuse démarre la veille de son départ, ce serait quoi d’après vous?  Ses exigences professionnelles ne lui permettant pas de rallonger son séjour, il me promet de me retrouver bientôt. Nous restons en contact de manière ininterrompue. Effectivement, il me rejoindra au Maroc. A mon tour, j’irai dans son pays de résidence. Il deviendra difficile de rester éloignés l’un de l’autre et il me proposera de l’accompagner dans plusieurs de ces déplacements. Au fur et à mesure, je me rendais compte que notre idylle n’était ni passagère, ni fictive… Du moins, durant cette période. De ce fait, je ne m’occuperai même plus de mon business alors qu’il était en total chantier. Mon homme en était tout à fait conscient. Il y remédiait mille fois en m’offrant tout ce que je désirais. J’ai été gâtée, choyée au-delà de tout ce que l’on pourrait imaginer. Il finira par me demander en mariage, je dirai oui sans jamais m’impliquer sérieusement dans les préparatifs. 

Exit Covid, j’ai la bague au doigt !

Pour vous donner une idée, c’est mon futur époux qui, tout seul, s’occupera du choix et de la commande de nos alliances. Je vous jure qu’à ce jour, les boîtes continuent de trôner sur ma coiffeuse… Il refuse de les reprendre et je n’ai même pas eu la curiosité de voir à quoi elles ressemblaient…

A une semaine du jour «J», en pleine cérémonie, je dédaigne rencontrer les adouls pour signer notre contrat d’union. J’exige encore un temps de réflexion alors que ma décision était déjà prise. Mon futur mari, ne me bouscule pas. Il va jusqu’à s’imaginer qu’il n’était pas nécessaire d’annuler tous ses engagements liés à notre grandiose fête prochaine. Cependant, il se gourait puisque j’exprimerai clairement mon intention d’en finir avec notre relation sans m’attarder sur les raisons. Il sera hors de lui, hurlera son mécontentement à un mur de silence. Lui et ma famille seront dans tous leurs états, mais je resterai muette, imperméable à ce raffut. Mon non était définitif.

A vous, je vais vous les révéler les raisons de mon désistement.

En fait, une soudaine révolution aux tréfonds de mon âme avait détoné. Je n’avais pas besoin de cette dangereuse méthode qui est la lecture de mes annales akashiques pour saisir toute l’importance de cette manifestation. Le mariage, mon homme, le fric, mes armoires pleines à craquer de fringues qui portent les sceaux du grand luxe, les bijoux, les parfums, les produits de beauté ne me faisaient ressentir aucun bien être. Je me trouvais dans l’urgence de prendre la voie qui mène à ma sérénité intérieure, de m’assortir avec moi-même.

Plouf, dans la noyade, les ridicules préoccupations pour le contentement de cet autre, les mondanités, le bling-bling et le m’as-tu-vu.

Oui, mon âme me contraignait à la loyauté envers moi-même, d’être ma priorité et de tout œuvrer dans ce sens. Et dans cette expédition très pure, la place était réservée pour moi seule, sans mari, sans maison, et sans toutes les implications qui s’y rattachent.

Depuis, le soleil dans mon existence, c’est moi».

Mariem Bennani  

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