Bank Al-Maghrib : Un taux directeur jugé approprié

Wali banque centrale maroc jouahri

Lors de sa réunion trimestrielle, le Conseil de Bank Al-Maghrib a jugé approprié le niveau actuel de 2,5% de son taux directeur et a décidé de le maintenir. La croissance devrait s’établir à 4,6% en 2015.

Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de maintenir son taux directeur inchangé à 2,5%. Elle en a ainsi décidé lors de la réunion trimestrielle de son conseil tenu mardi 22 septembre au siège du BAM. Au cours de cette réunion, le conseil a examiné l’évolution récente de la situation économique, monétaire et financière, mais s’est également penché sur les prévisions d’inflation à l’horizon du quatrième trimestre 2016.

D’abord, le contexte international

Dans la zone euro, le PIB s’est accru de 1,5% au deuxième trimestre, après 1,2% un trimestre auparavant et devrait, selon les projections de septembre de la BCE, progresser de 1,4% et de 1,7% en 2016.
Au niveau des principaux pays émergeants, les données du deuxième trimestre montrent une sensible amélioration de la croissance en Inde, une stagnation de son rythme en Chine et une accentuation de la contraction du PIB en Russie et au Brésil.
Sur le marché des matières premières, le prix du pétrole s’est inscrit dans un mouvement baissier depuis le mois de juin, affichant des régressions mensuelles de 11,4% en juillet et de 15,9% en août. Il devrait, selon les prévisions de Banque Al-Maghrib, finir l’année sur un cours moyen de 57,5 dollars le baril, avant d’augmenter à 61,2 dollars en 2016.

Puis, au Maroc…

Au niveau national, la croissance s’est établie à 4,1% au premier trimestre, contre 2,8% un an auparavant. Banque al-Maghrib y voit le résultat d’une hausse de 12% de la valeur ajoutée agricole, contre un repli de 1,6%. Tenant contre de cette évolution, la croissance devrait s’établir à 4,6% en 2015, au lieu de 2,4% en 2014, portée principalement par les activités agricoles, tandis que le rythme du PIB non agricole devrait rester limité à 3,3%.
En 2016, sous l’hypothèse d’une campagne agricole nationale, la croissance devrait revenir à 2,4%, tandis que sa composante non agricole devrait en principe se stabiliser à 3,3%. Sur le marché du travail, les données du 2ème trimestre indiquent un recul du taux de chômage de 0,6 point à 8,7%.
Concernant les comptes extérieurs, les données provisoires à fin août montrent un allégement de 20,4% du déficit de la balance commerciale, résultat essentiellement d’une contraction de 30% de la facture énergétique et de la poursuite de la dynamique des exportations avec des hausses de 19,1% des expéditions de la construction automobile et de 18,4% des ventes de phosphates et dérivés.
Les transferts des MRE ont, pour leur part, progressé de 5,5%, alors que les recettes de voyages ressortent en baisse de 2,5%. S’agissant des finances publiques, les dépenses globales ont enregistré une dimension de 5% à fin août, reflétant principalement un allégement de 54,2% de la charge de compensation. En revanche, la masse salariale s’est appréciée de 0,6% et les dépenses d’investissement ont augmenté de 2,6% à 34,5 milliards, soit un taux de réalisation de 70% du montant prévu dans la loi de Finances.

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Monnaie, prix, inflation…

Le rythme de progression de l’agrégat M3 est revenu à 6,2% en moyenne au cours du deuxième trimestre, à 5,3% à fin juillet et devrait se situer à 5% en 2015. L’écart monétaire ressort ainsi négatif, dénotant l’absence de pressions inflationnistes d’origine monétaire sur le marché des actifs. L’indice des prix des biens immobiliers a enregistré au cours du deuxième trimestre une baisse trimestrielle de 0,4%, traduisant une diminution de 0,9% des prix du résidentiel.
Pour ce qui est de l’évolution des prix à la consommation, le taux d’inflation s’est établi à 1,7% en août, après 2,4% en juillet.
Sur la base de l’ensemble de ces évolution et des incertitudes qui continuent d’entourer les perspectives économiques aussi bien au niveau national qu’international, le conseil de Bank Al-Maghrib a jugé que le niveau actuel de 2,5% du taux directeur reste approprié.

Mohammed Nafaa

Les explications de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib


«L’aspect croissance 4,6%, contre 2,4%, a été marqué par une campagne agricole exceptionnelle. Mais le secteur non agricole n’évolue pas de façon très significative. Nous passons de 3,4% à 3,1% en 2014. Sur le marché du travail, le taux de chômage a baissé de 0,6 point à 8,7%, mais en même temps, le taux d’activité a baissé.
Sur le plan de la création d’emplois, globalement et d’après les chiffres dont nous disposons, nous avons une création de 38.000 emplois. Par contre, le secteur agricole n’a pas créé d’emplois. Il aurait au contraire détruit des emplois, d’après les chiffres dont nous disposons.
Sur le plan balance des paiements, il y a un très bon comportement des exportations, notamment en ce qui concerne la construction d’automobiles et les phosphates. Mais en même temps, il y a une bonne réduction au niveau de la facture pétrolière et de la facture des produits alimentaires.
Compte tenu de tout cela, le compte courant va baisser à 2,8% et compte tenu aussi des opérations de l’investissement direct extérieur, nous finirons l’année en cours avec des réserves de change qui représenteraient six mois et demi d’importations, ce qui est une bonne performance.
Sur le plan monétaire, il y a une décélération de la masse monétaire mais, en même temps une décélération des crédits bancaires. Nous tournons vraisemblablement en 2015 autour d’un taux de 3%. Là-aussi, c’est dû à une baisse de la demande de crédits au niveau surtout des entreprises, mais également un resserrement de l’offre au niveau bancaire sur certains secteurs qui connaissent des difficultés. Donc, là aussi, nous continuons d’appuyer toutes les actions en faveur des TPME et nous pensons que le cycle redémarrera en 2016. Compte tenu de tous ces éléments, les projections d’inflation tablent sur une inflation de 1,8% en 2015 et de 1,5% en 2016.
Du fait de toutes ces évolutions, le Conseil de Bank Al-Maghrib a estimé que le taux directeur de 2,5% est approprié dans les circonstances actuelles et, bien sûr, le Conseil continuera de suivre de très près les évolutions aussi bien sur les plans intérieur qu’extérieur».

Propos recueillis par MN

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