Dossier : Vers la légalisation du Cannabis

Culture du Cannabis Maroc

Une première au Maroc. Le kif, plante interdite, a officiellement fait son entrée au Parlement marocain. Mercredi 4 décembre, une Journée d’étude sur la légalisation de l’utilisation thérapeutique et industrielle du Cannabis a été organisée à la demande

du Parti Authenticité et modernité (PAM).
Va-t-on vers la légalisation du Cannabis au Maroc? Cette question extrêmement sensible est évoquée, sur la scène nationale, depuis 2007, notamment par le Collectif marocain pour l’usage médical et industriel du Cannabis.
Chakib Khiyari, président de ce Collectif et auteur d’une proposition de projet de loi relative à la légalisation, a également participé à cette Journée d’étude, laquelle a été marquée par la présence d’experts nationaux et internationaux, d’ONG et d’élus. Selon l’initiateur dudit projet, il s’agit également de débattre du rôle de la culture du Cannabis dans la création d’une économie alternative.
Le but est de lancer un débat public par rapport à cette question, mais aussi de voir ce que les autres pays ont initié comme projets de loi sur la légalisation du Cannabis. Une plante qui, notons-le, est très convoitée par les barons de la drogue.
A noter, dans ce cadre, que le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, a annoncé, mardi 3 décembre une hausse de 40% des saisies de Cannabis en 2013. Il a également indiqué que les efforts en matière de sensibilisation à l’importance des cultures de substitution ont contribué à une réduction de 40% des superficies cultivées en Cannabis au cours des dernières années. «Il n’y a pas de solution miracle pour éradiquer la culture de Cannabis», a relevé le ministre. Il a signalé la nécessité de combattre, en premier lieu, les trafiquants de drogue. Et le ministre de l’Intérieur d’affirmer la disposition de son département à prendre part à tous les dialogues visant à trouver une solution à ce fléau.
Hassad a enfin relevé que le plus grand défi réside dans la lutte contre le trafic des pilules psychotropes. Près de 414.000 de ces pilules psychotropes ont été ainsi saisies au courant de l’année, a-t-il ajouté.

Naîma Cherii
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Chakib Khiyari, président de l’association du Rif pour les droits de l’Homme

Chakib khiyari

«Nous défendons cette idée depuis 2007»

«Nous avons défendu cette idée depuis 2007. En 2008, on a créé un Collectif marocain pour une utilisation médicale et industrielle du cannabis. On avait tenu plusieurs rencontres avec les agriculteurs et aussi avec les élus de la région pour leur soumettre notre idée. Lorsque nous avons soulevé l’idée de la légalisation du cannabis au Maroc, les politiques ne nous ont pas suivis au début. Ce n’est qu’en 2009 que le parti politique du PAM a soulevé la question et a mis l’accent sur l’utilisation bénéfique que l’on pouvait faire de cette plante. En 2011, un autre parti politique allait emboîter le pas au PAM: l’Istiqlal. Il avait lui aussi expliqué l’usage médical et industriel de cette plante qu’est le cannabis. Laquelle plante, notons-le, présente des avantages très évidents qu’il est possible d’exploiter de manière positive et légale. On a même initié un projet de loi montrant qu’il est scientifiquement prouvé que cette plante peut être utilisée dans plusieurs domaines, dont ceux de la médecine et de l’industrie. A savoir que le type de cannabis que l’on utilisera à des fins industrielles ne peut pas être utilisé comme une drogue. D’ailleurs, il y a eu des expériences sur le cannabis industriel ayant été cultivé dans certaines régions du Royaume, à savoir Allal Tazi, Sefrou et Agadir. Elles ont effectivement montré que ce type de cannabis industriel ne peut pas produire du haschich, contrairement au cannabis cultivé dans la région de Kétama qui, lui, peut être transformé en drogue. A savoir que c’est le type de cannabis cultivé à Kétama que l’on pourrait utiliser à des fins médicales. Notons enfin que, pour légaliser la culture du cannabis, le Maroc n’a pas besoin de conclure une convention internationale autre que les trois conventions ayant déjà été signées par le Royaume, dans le cadre de la lutte contre la drogue. Donc, la légalisation de l’usage thérapeutique et industriel du kif s’inscrit dans ce cadre de lutte contre la drogue, à l’exception bien entendu de l’usage récréatif qui, lui, ne peut être légalisé».

Parlement | Emmanuel Macron se prononcera mardi devant les membres des deux Chambres

Propos recueillis par NC
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Noureddine Modiane, Président du groupe parlementaire de l’Istiqlal

Noureddine modiane istiqlal maroc

«Nous défendons le produit agricole et non pas la drogue»

«Une grande catégorie du peuple marocain souffre énormément avec cette culture du Cannabis. De nombreux agriculteurs, dans le nord, mènent aujourd’hui une vie très difficile et sont toujours en fuite, à cause des avis de recherche qui sont lancés contre eux par la Justice. A l’Istiqlal, nous ne défendons pas la consommation de la drogue. Celui qui veut utiliser cette plante comme une drogue, eh bien qu’il assume sa responsabilité sur le plan judiciaire. Nous, au sein de l’Istiqlal, nous défendons un produit agricole, le kif, et non pas la drogue. La drogue est faite à partir du kif, mais elle peut aussi être fabriquée à partir de dattes, d’orge, de raisin, ainsi que d’autres produits agricoles. Ceci dit, on peut aussi tirer de cette plante des médicaments pour traiter des maladies très dangereuses et très compliquées. Il y a même des rapports médicaux qui attestent de cela. A noter qu’on peut également tirer de cette plante qu’est le Cannabis des parfums et des produits cosmétiques. Elle peut servir de matière de base pour l’industrie du textile et autres industries. Et donc nous, à l’Istiqlal, nous considérons que le fait d’incriminer tous ceux qui cultivent cette plante ne fait que menacer une large population d’agriculteurs très pauvres de prison. Pourtant, ce ne sont pas ces agriculteurs qui profitent en réalité de cette culture, mais plutôt les exportateurs de cette plante –les barons de la drogue- lesquels sont pour la plupart des Européens. Seul 1% profite de cette culture. Les agriculteurs, eux, ne bénéficient de rien. Il n’y a qu’à effectuer une visite chez ces gens-là pour se rendre compte de leur pauvreté. Donc, en l’absence d’une légalisation de la culture du Cannabis, ces agriculteurs vont continuer leur vie à fuir la police en se cachant dans les montagnes. Nous demandons au gouvernement d’assumer sa responsabilité en levant le tabou sur cette culture. Il est temps d’ouvrir un débat public qui associe agriculteurs, élus, politiques, autorité et société civile. Car si l’Etat n’a pas pu éradiquer la culture du Cannabis, lequel ne date pas d’aujourd’hui mais du 15ème siècle, eh bien qu’il cherche d’autres alternatives. Chose qui ne peut se faire qu’en procédant à sa transformation pour des utilisations médicales et industrielles, à travers la légalisation de cette culture.
Propos recueillis par NC
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Casablanca Le coup de semonce Royal

Halim Allaoui du PJD

Halim Allaoui pjd

«Il est trop tôt pour se prononcer»

Des partis politiques et des ONG ont appelé à la légalisation de la culture du cannabis au Maroc. Qu’en pense-ton au PJD? Etes-vous pour cette légalisation?

Cette question a en effet été soumise à un débat au Parlement et nous, en tant que parti politique, nous ne pouvons que participer à ce débat public. Ce mercredi 4 décembre, nous avons d’ailleurs assisté à la rencontre ayant été tenue, à la demande du PAM, au Parlement pour ouvrir un débat sur cette question de légalisation de la culture du cannabis. Maintenant, vous dire que nous sommes pour cette légalisation ou contre, il est encore tôt pour se prononcer. Ce n’est qu’après ce débat et les résultats qui vont en découler que nous pouvons annoncer notre position au sein du PJD.

D’aucuns s’inquiètent, s’agissant de la légalisation du cannabis au Maroc…

Ces craintes sont légitimes. C’est d’ailleurs l’une des choses qui font que nous, au PJD, nous ne pouvons pas nous précipiter et dire que nous sommes avec cette idée de légaliser la culture du kif au Maroc. Mais il faut aussi souligner que nous sommes encore dans la première étape d’un débat public qui vient d’être lancé. Aujourd’hui, il n’y a pas encore de loi, ni même de projet de loi. Certes, il y a un projet, mais il a été proposé par le collectif marocain. Il est le résultat des efforts fournis et des recherches faites par ce collectif sur l’usage médical et industriel du kif. Il n’y a pas encore de vision claire, ni de politique publique à ce sujet. De même, sur le plan international, il n’y a pas encore d’études claires sur l’utilisation de cette plante. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui font que nous attendons les résultats de ce débat public avant de nous prononcer définitivement sur la question, laquelle peut être malheureusement exploitée à des fins politiques par certains politiques.

Propos recueillis par NC

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