Un jour, je demanderai justice contre mes parents !

Ayman, 9 ans, est un enfant de parents divorcés. Cet enfant a vu ses parents se déchirer, puis l’abandonner. Il leur en veut. Voici son récit…

«Mes parents m’ont fait croire, depuis ma naissance, qu’il n’y avait pas mieux qu’eux sur terre. Et qu’ils m’aimaient de toute leur âme. Que mon existence comptait pour eux plus que n’importe quoi au monde. Bla bla bla… Lorsque je regarde leurs photos de mariage, celle de mon baptême et de nombreuses autres, moi-même j’y crois. Cependant c’était du pipeau, vu que tout s’est brusquement arrêté. Pourquoi donc a-t-il suffi que je grandisse un peu pour que tout ce bonheur s’écroule et mon destin d’enfant aussi? Parce qu’aujourd’hui, au lieu de vivre comme tout le monde avec mes parents, je suis abandonné à mon triste sort, chez mes grands-parents.

Je ne pouvais pas deviner que quelque chose n’allait plus au sein de notre famille… Même quand mes parents ne se parlaient plus, mais qu’ils louchaient à fond sur l’écran de leur portable. A vrai dire j’aurai pu, peut-être, m’en douter quand ils s’absentaient assez souvent chacun de son côté, me délaissant tout le temps en compagnie d’une domestique. Ils disaient y être obligés, pour cause de réunions de travail, ou autre évènement spécial. De toutes les façons, ce qu’ils avançaient comme échappatoires, je le croyais, j’étais un mioche…Mais eux comment arrivaient-ils à se fourvoyer aussi facilement?  

Je n’ai jamais manqué de rien, bien au contraire. J’ai toujours reçu ce que je réclamais. Bonbons, jouets, même la tablette connectée n’a pas été quelque chose d’extraordinairement difficile à recevoir. Avec ce machin entre les mains, je restais calme dans mon coin. Tout comme eux, du reste! A la maison chacun d’entre nous avait l’attention plus absorbée par ce qui se passait sur le petit écran qu’aux alentours, de toutes les manières. D’ailleurs, il suffisait qu’ils s’en lassent, pour voir s’amorcer les disputes. Cela n’en finissait pas! Que des reproches, des tonnes de reproches, de part et d’autre!

Dès mes quatre ans, je comprenais que quelque chose clochait dans l’attitude et le comportement de mes parents. Je n’étais plus du tout le centre de leur intérêt. Je ressentais que ma personne était un fardeau. J’étais, au besoin, ce qui permettait à l’un ou l’autre de trouver matière à s’envoyer des pics, causer du remords, ou faire semblant d’être engagé dans son rôle alors que l’autre non. Assurément, les choses ne pouvaient qu’empirer au fil des jours et des mois.

C’est ainsi que l’image de ce couple avec enfant si adorable s’est transformée en quelque chose d’atrocement répugnant. J’ai assisté sans le vouloir à l’horreur, l’agressivité, la cruauté et la grossièreté, sans aucune retenue. Mes parents ne s’aimaient plus et ils l’exprimaient. Ils se haïssaient, se déchiraient… Pourtant, ils continuaient de vivre sous le même toit. Elle était toute trouvée leur bonne excuse: moi. Du grand n’importe quoi!

Et dire que ces deux tordus de la cervelle en faisaient des tonnes, aux yeux de la société, en racontant qu’ils étaient morts d’inquiétude lorsque je me trouvais à l’école. Avec eux, à côté, s’entretuant, ne risquais-je pas plus grave? Mais de cela, ils ne se souciaient nullement, puisqu’il n’y avait pas de témoin. Ces deux menteurs ne se lassaient plus de se faire du mal en ma présence se fichant complètement de ce que je pouvais ressentir, ou de ce qui pouvait m’arriver.

J’en ai entendu plus qu’il ne fallait. Ils disaient ne plus se piffrer et les deux ne souhaitaient pas avoir de boulet à leurs pieds. En fait, ni l’un ni l’autre ne me voulait dans sa vie. Mon père disait n’avoir personne sur qui compter pour s’occuper de moi. Qu’en plus, son salaire complètement saturé en traites de crédit pouvait à peine lui suffire. Il accusait ma mère d’être responsable de sa situation. Selon lui, elle lui avait joué un sale tour en le bloquant en plus avec un gosse. Ma mère, elle non plus n’était pas en rabe d’insanités. Je ne lui pardonnerai jamais d’avoir dit clairement qu’elle ne voulait pas de moi. Et qu’elle n’avait pas à faire de fleur à un toxico pour qu’il s’en tire à si bon compte. Et qu’il le veuille ou non j’étais son fils à lui puisque je portais son nom et pas le sien.

La situation dégénérait. Un soir très tard dans la nuit, après le flux interminable de paroles, sous mes yeux, mon père avait cogné ma mère. Il l’avait sauvagement rouée de coups de pieds avant de la tirer par les cheveux jusqu’à la porte. Parce que je criais à en perdre la tête, il m’avait soulevé par mon tee-shirt pour m’éjecter comme un sac poubelle. J’ai atterri sur ma mère à demi inconsciente. Il avait refermé la porte tranquille, tout en gueulant des milliers d’insultes à l’encontre de ma mère. Pas un seul des voisins ne nous avait porté secours, mais pour sûr, quelqu’un avait appelé la police. Seul le gardien de l’immeuble s’était manifesté. Ma mère, bien que complètement sonnée, je l’ai vue le supplier pour qu’il alerte ses parents.   

La police était arrivée en même temps que mes grands-parents. J’ai assisté à ce drame de bout en bout. J’ai eu chaud pour ma pauvre mère. Je grelottais de terreur, mais personne ne s’est vraiment soucié de moi. Tout tournait autour des adultes et de leur saleté de comportement. Les séquelles, sur moi, de cette épouvantable tragédie ne me quitteront jamais. Le moindre éclat de voix me tétanise. Tout de suite, je sens couler des sueurs froides. Ce qui me fait encore plus de mal, c’est de constater que mes parents sont de sacrés enfoirés. Parce que oui, il existe encore beaucoup de gens normaux et beaucoup de parents de famille soudée, avec des enfants heureux et qui se donnent beaucoup de mal pour qu’il en soit ainsi.

Par la suite, j’ai fini par comprendre que mes parents avaient divorcé. Heureusement qu’il y a eu mes grands-parents maternels pour me recueillir chez eux et pour qu’ils s’occupent de moi. Je ne sais pas quel aurait été mon sort si cela n’avait pas été le cas. D’autant que je n’ai plus jamais revu mon père, il n’en a jamais manifesté le moindre désir. Quant à ma mère, elle s’est installée toute seule dans une autre ville très éloignée d’ici. Je la vois trop peu souvent, elle dit avoir beaucoup de travail. Il est clair qu’elle aussi se fiche pas mal de mon existence.  En tous cas, je suis frustré et en colère d’avoir à constater que ces deux zigotos, au lieu d’avoir été sévèrement punis, ou mis face à leurs responsabilités de parents, ils se la coulent douce. Un jour, lorsque je serai plus grand, j’espère avoir le droit de réclamer que justice me soit rendue. Ils ne s’en tireront pas comme ça, c’est une promesse que je compte bien tenir».

Mariem Bennani

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