Parti de l’Istiqlal : Grandeur et décadence

Parti de l’Istiqlal : Grandeur et décadence

Le Parti de l’Istiqlal est un parti nationaliste marocain de la première heure. Il a été fondé dans le cadre de la lutte pour l’indépendance du Royaume. Aux commandes du parti, se sont succédé de grandes figures politiques, comme Haj Ahmed Balafrej, Allal El Fassi, M’hamed Boucetta et Abbas El Fassi. Depuis 2012, c’est Hamid Chabat qui tient les rênes du PI avec tout ce que cela a eu comme répercussions néfastes sur le parti.

2012: Chabat déséquilibre la balance du parti

Lors de la tenue du 16ème Congrès national du Parti de l’Istiqlal, en juin 2012, Hamid Chabat, alors maire et député de Fès, exprime son intention de présenter sa candidature pour le poste de SG du parti. C’est finalement lui qui relève ce défi en succédant à Abbas El Fassi. Il recueille 478 voix, au détriment de son rival, Abdelouahed El Fassi, que beaucoup donnaient pour favori. A partir de là, Chabat ne va jouir à aucun moment du soutien du clan des «El Fassi» habitués à diriger le parti de la balance. Il va mener une politique lui permettant de contrôler les structures du parti. Ce qui va lui valoir l’animosité d’un grand nombre d’istiqlaliens influents au sein de cette formation politique. Le premier à avoir exprimé son refus de l’élection de Chabat est Abdelouahed El Fassi qui avait, pour rappel, déjà lancé le courant dit «Bila Haouada» pour la défense des valeurs du Parti de l’Istiqlal. Il recourt même à la justice, contestant l’élection de Chabat à la tête du parti.

Istiqlal : Un député devant la justice

2013: le SG du PI provoque une crise politique

Hamid Chabat prend goût à son nouveau poste qu’il occupe depuis bientôt un an, surtout que son parti est membre du gouvernement Benkirane I. Nostalgique aux pratiques syndicalistes, il décide de faire pression sur le chef de gouvernement, à l’époque Abdelilah Benkirane SG du PJD vainqueur des législatives de novembre 2011. Ainsi, Chabat annonce, le 12 mai 2013, à l’issue de la réunion du Conseil national du PI, le retrait du gouvernement des six ministres istiqlaliens. Le Souverain, alors en  voyage privé en France, exige un ajournement de cette décision, ce que Chabat exécute sur le champ, avant de remettre à SM le Roi un mémorandum où il explique les raisons qui l’ont poussé à prendre une telle décision. Le 9 juillet 2013, cinq des six ministres istiqlaliens remettent officiellement leur démission au chef de gouvernement. Le 6ème ministre istiqlalien, Mohamed Louafa, refuse de se plier à ce qu’il qualifie de dictature exercée par Chabat sur les membres du Parti de l’Istiqlal. Il garde donc son portefeuille à la tête du ministère de l’Education nationale. En conséquence, il est écarté du parti le 18 juillet 2013. Le 15 juillet de la même année, Chabat déclare le passage du PI à l’opposition et son rapprochement de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Entretien avec Yasmina Baddou, membre du CE du parti de l’Istiqlal

2015-2016: défaites cuisantes  aux élections

Aux élections communales de 2015, le Parti de l’Istiqlal subit une défaite cuisante. Même en arrivant deuxième en nombre de sièges, il est battu dans presque toutes les villes, sauf au Sahara, région réputée être sous la coupole des istiqlaliens. En outre, le SG du PI, Hamid Chabat, reçoit une grande gifle en échouant dans son propre fief électoral historique, la ville de Fès. Et par qui? Driss Azami Idrissi membres du PJD! Les résultats obtenus par le PI aux communales de 2015, jugés médiocres, poussent plusieurs voix au sein de l’Istiqlal à demander le départ de Chabat. Ce dernier refuse de s’y plier en conserver son poste. Le clan des pro-Chabat affirment même que la défaite du SG à Fès est le résultat d’un complot visant à le neutraliser et à porter atteinte à l’indépendance du parti. A l’issue des élections du 7 octobre 2016, le recul du Parti de l’Istiqlal (PI) se confirme: le parti n’a que 47 sièges,  contre les 63 obtenus aux législatives de 2011.

Le PI est-il condamné? Les adversaires de Hamid Chabat comptent bien remettre le parti sur le droit chemin. Mais le clan pro-Chabat, bien qu’appelant à la réconciliation, ne se laissera pas faire. Wait and see…

Mohcine Lourhzal

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