Quatre questions clefs posées à la DG du FMI attendue lundi au Maroc

Quatre questions clefs posées à la DG du FMI attendue lundi au Maroc

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a accordé un entretien à la MAP à Washington, à la veille de la visite de travail qu’elle entame lundi au Maroc.

Durant son déplacement de trois jours, Mme Georgieva a indiqué vouloir mettre en avant “le solide partenariat” entre l’institution financière internationale et le Royaume et évoquer, avec les responsables marocains, les préparatifs aux Assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale prévues en octobre 2021, à Marrakech.

1- Quel est l’objet de votre prochaine visite au Maroc ? Pouvez-vous nous donner une vue d’ensemble du partenariat actuel entre le FMI et le Royaume ?

Je me réjouis de me rendre au Maroc. Il s’agira de ma première visite en tant que directrice générale du FMI, et je chercherai pendant ce voyage à mettre en avant le solide partenariat qui existe entre le Maroc et le FMI, ainsi qu’à préparer, avec les autorités, l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale qui se tiendra en 2021 à Marrakech.

L’assemblée annuelle constituera un jalon important pour le Maroc et le FMI, et nous permettra de réaffirmer notre partenariat étroit. Le Maroc est un modèle de véritable coopération entre le FMI et ses pays membres, avec une relation étroite sous la forme d’un mécanisme de précaution. Ce mécanisme fait office de ligne de crédit, en vue d’offrir au pays une solution de repli et de rassurer les investisseurs, ainsi que de renforcer la résilience de l’économie, d’accélérer la croissance et d’intégrer davantage le pays dans l’économie mondiale.

Je me réjouis d’approfondir encore ce partenariat à l’approche de notre assemblée annuelle de 2021, qui constitue une occasion unique de rapprocher le monde du Maroc et vice versa.

J’aurai l’occasion de m’entretenir avec les autorités, des jeunes, des femmes et des représentants du secteur privé, des médias et de la société civile. Je me réjouis d’aborder avec eux des questions qui sont importantes pour les Marocains, par exemple la création de davantage d’emplois, surtout pour les jeunes et les femmes, la lutte contre les inégalités et la mise en place d’une croissance économique qui profite à tous.

2- 
Comment évaluez-vous les réformes économiques et financières que le Maroc opère pour accélérer la croissance et la rendre plus inclusive?

Le Maroc a bien avancé dans la mise en place de conditions propices à une croissance plus élevée et plus inclusive, en dépit d’un environnement extérieur difficile. La résilience de l’économie a été renforcée, et la croissance devrait accélérer progressivement à moyen terme. Toutefois, l’effort de réforme doit être maintenu : la croissance, aujourd’hui inférieure à 3 %, n’est pas assez forte pour créer suffisamment d’emplois et réduire les inégalités sociales et régionales. Le chômage demeure élevé, surtout parmi les jeunes et les femmes.

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Les autorités marocaines sont déterminées à continuer de mener une politique économique de qualité. Les principales réformes ont accéléré depuis 2018, surtout celles visant à améliorer la gouvernance publique (par exemple grâce à la promotion du programme e-government) et le climat des affaires (avec une intensification de la concurrence sur le marché national).

Nous appuyons vigoureusement l’intention de nos partenaires du gouvernement d’accorder la priorité à l’inclusion sociale, aux réformes de l’éducation, à la décentralisation budgétaire et à d’autres mesures qui permettront de passer à une croissance davantage tirée par le secteur privé, inclusive et porteuse d’emplois. Des efforts sont déjà consentis pour rendre le secteur public plus efficient, augmenter encore la compétitivité, réduire les coûts d’embauche, renforcer les petites et moyennes entreprises et continuer de favoriser l’inclusion financière. Pour rehausser le potentiel de croissance du Maroc, il sera essentiel de les mener à bien, ainsi que de continuer à renforcer la gouvernance et à réduire la corruption, comme le reconnaissent d’ailleurs les autorités.

Il s’agira aussi, pour y parvenir, d’accélérer les réformes fiscales à la suite des assises nationales 2019 sur la fiscalité, de continuer d’assouplir le régime de change afin de limiter les retombées éventuelles des chocs externes sur l’économie et de continuer d’améliorer la coordination et le ciblage des programmes sociaux.

3- Le Maroc accueillera l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale en 2021. Que pensez-vous de ce choix et du déroulement des préparatifs ?

Le Maroc est un endroit idéal pour l’assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale, qui constitue un des rassemblements les plus importants et les plus ouverts de grands décideurs économiques du monde entier. Votre pays est un acteur économique de plus en plus incontournable; il est une passerelle vers l’Afrique et le Moyen-Orient. Nous sommes reconnaissants au Maroc d’avoir accepté d’organiser cette assemblée.

Lors de mon séjour, je me rendrai à Marrakech, où l’assemblée annuelle se tiendra en octobre 2021, et je prendrai connaissance des préparatifs. Nous collaborons déjà très étroitement avec les représentants du gouvernement et la Banque mondiale pour garantir la réussite de l’assemblée et des diverses manifestations prévues à son approche.

À titre de référence, notre assemblée annuelle comprend un ensemble de manifestations en marge de la réunion annuelle des conseils des gouverneurs du FMI et de la Banque mondiale, qui représentent nos 189 pays membres. Elle rassemble des gouverneurs de banque centrale, des ministres des finances, des représentants du monde universitaire, des chefs d’entreprise, des parlementaires, des membres d’organisations de la société civile, et des journalistes, qui ont ainsi l’occasion de débattre de questions d’envergure mondiale, dont les perspectives économiques, la stabilité financière, les politiques fiscales et budgétaires, la croissance et l’emploi, l’élimination de la pauvreté, le développement ou encore l’efficacité de l’aide.

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Tous les trois ans, un de nos pays membres accueille l’assemblée annuelle, avec la participation d’environ 12 000 personnes pour toute une semaine. L’assemblée constitue pour le Maroc un tremplin sans égal pour se projeter sur la scène mondiale, présenter ses réalisations et mettre en avant son potentiel économique pour l’investissement et la croissance, ce qui pourrait se révéler bénéfique bien après la fin de l’événement.

L’organisation de l’assemblée annuelle au Maroc donnera au FMI une nouvelle occasion de renforcer sa collaboration avec le Moyen-Orient et l’Afrique; pour ces régions, elle permettra de se mettre en valeur. La dernière assemblée organisée en Afrique remonte à 1973; c’était à Nairobi, au Kenya.

4- Selon le FMI, la région du Maghreb reste la moins intégrée au monde. Cette situation est exacerbée par l’instabilité en Libye actuellement. Quelles conséquences la volatilité de cette situation pourrait-elle avoir pour la région? Le FMI a-t-il des recommandations à formuler ?

C’est vrai, le Maghreb est l’une des régions les moins interconnectées au monde sur le plan économique, et son potentiel d’intégration nous semble immense: les retombées seraient considérables. D’après notre analyse, le renforcement de l’intégration pourrait contribuer à long terme à relever la croissance d’un point de pourcentage en moyenne dans chacun des pays du Maghreb. En stimulant l’investissement, le commerce extérieur et la croissance, cette intégration créerait des emplois qui font cruellement défaut dans une région où un jeune sur quatre est au chômage.

La sécurité constitue un sujet de préoccupation et met en danger la croissance économique ; nous espérons que les démarches diplomatiques en cours contribueront à une résolution pacifique et rapide du conflit libyen. Une réduction des problèmes de sécurité et de l’incertitude géopolitique de manière plus générale renforcerait la confiance dans la région du Maghreb, contribuerait à attirer l’investissement direct étranger et soutiendrait l’activité économique, à l’heure où les pays s’efforcent de relever leur principal défi économique: créer des emplois pour une population en plein essor. Le FMI travaille très étroitement avec tous les pays du Maghreb, en leur apportant des conseils sur la mise en œuvre de mesures qui renforceront leur résilience économique tout en ouvrant la voie à une croissance plus élevée et plus inclusive.

Avec MAP

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