Moi, simple coiffeur, voilà comment j’ai réussi dans la vie…

Mustapha, 57 ans, gérant de salon de coiffure, est marié et père de trois enfants. Cet homme donne le secret de sa réussite, lui qui n’était qu’un simple employé dans la coiffure.

«Etre taxé d’office de dealer ou de voleur, quand on réussit en partant de rien, est stupide. Parce que ce qui est vrai pour certains, ne l’est pas forcément pour d’autres. Les parcours atypiques de réussite existent. D’ailleurs, je peux m’avancer et dire que j’en suis la preuve vivante. Si je devais donner un seul conseil pour y parvenir, ce serait de saisir sa chance lorsqu’elle se pointe et de la traiter avec respect. L’adage qui dit que «celui qui ne tente rien, n’a rien», il faut vraiment y croire, ce n’est pas du pipeau.

Mon épouse et moi, n’avions rien, lorsque nous avions envisagé de nous unir légalement. Nous avions, tous les deux, un job avec des appointements à la semaine et puis, c’est tout. Nous ne pouvions même pas espérer une quelconque aide de la part de nos parents! Ces derniers vivaient au bled et comptaient plutôt sur nous pour améliorer le sort de leur quotidien. Par la grâce du Ciel, nous n’avons jamais failli à nos engagements de ce côté-là. Mais ce n’était certainement pas nos deux salaires qui auraient pu nous permettre de devenir propriétaires. Ni de garantir à nos enfants une existence insouciante, du moins jusqu’à ce qu’ils s’investissent dans le domaine d’activité de leur choix. 

Nous avions eu énormément de chance, parce que de nombreuses opportunités étaient venues à nous. J’avoue très honnêtement que, si mon épouse ne m’avait pas forcé à prendre des risques, je ne m’y serais jamais attelé. Cette aventure avait démarré grâce à un ami agent immobilier, un «semsar». Celui-là même qui nous avait déniché notre premier logement, une chambrette. Il nous avait alors proposé ce qu’il considérait comme étant une opportunité inratable. Quelqu’un cédait, pour trois fois rien, un petit lopin de terre à la périphérie de notre ville. Nous avions saisi l’offre, mais ce n’est qu’en jonglant avec des prêts de partout et des crédits que nous avions pu l’acquérir. Nous n’avions aucun projet en tête. Par contre, nous y avions vu une excellente manière d’être forcés d’économiser. Ce fut la meilleure manière d’élargir notre champ d’action; vu que nous avions revendu ce terrain à un prix complètement inespéré, pour démarrer au mieux notre activité parallèle.

Plus fortunés, nous avions acheté et construit plusieurs terrains, les uns après les autres. Un même scénario, une aubaine quoi, se reproduisait à chaque fois. Dès que notre chantier était en finition, une offre d’achat se déclarait. Même si nous projetions d’habiter ce logement, le bénéfice à en tirer nous l’interdisait. Bref, nous avions continué sur cette lancée, jusqu’au jour où ce n’était plus possible. Nous avons cessé notre activité à cause de la saturation de ce filon déniché par d’autres nombreuses personnes. Nous en sommes restés là avec, toutefois, une très belle maison bien située et trois petits terrains nus que nous refusons de vendre ou de construire pour le moment. En plus, nous n’avons jamais envisagé de cesser de travailler pour notre compte dans la coiffure, puisque c’est notre métier.

Cette réussite sur le plan social, qui semble si facile, ne s’est pas faite sans déboires. Nous en avions vraiment bavé avec les maîtres d’œuvres et tous les corps de métiers que nous sollicitions. Nous nous sommes forgés des nerfs d’acier, avec le temps et l’expérience. Evidemment, nous n’avons pas non plus échappé à la médisance puisque, c’est vrai, notre condition du départ ne nous prédisposait pas à cette ascension matérielle. Les jaloux avaient fait circuler sur nous de fausses accusations. Ils inventaient des histoires de deal de drogue, de vente de marchandises de contrebande, de vol, etc. Nous avons laissé aboyer, parce que notre conscience était tranquille. Et puis, nous ne sommes pas aussi riches que tout ce petit monde le prétend.

Quoi qu’il en soit, c’en est fini de cette manne providentielle d’abondance. Nous ne pourrons plus jamais espérer gagner autant en si peu de temps. La recette mensuelle de nos deux salons de coiffure, qui est désormais notre seule et unique source de revenu, reste trop insuffisante pour le permettre. Il y a aussi que toutes nos économies, nous les avons distribuées à nos enfants, pour les aider à démarrer leurs activités. Mon aîné a cru bon investir dans la location de voitures, le cadet dans le prêt à porter et le tout dernier dans la restauration rapide. Ils n’en sont qu’au tout début, d’ailleurs, ils continuent de vivre chez nous.

C’est cette bénédiction du destin, que nous avons accueillie avec gratitude et convertie en labeur, qui nous a permis de nous enrichir et pas autre chose».

Mariem Bennani

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