Maroc-UE : «La tomate» marocaine écrasée…

Tomate Marocaine

Coup dur porté aux intérêts des producteurs marocains des fruits et légumes. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut qualifier l’adoption finale, par la Commission de l’agriculture au sein du Parlement européen, d’un acte délégué prévoyant la modification du régime des prix d’accès des fruits et légumes marocains aux marchés de l’UE…

C’est une adoption qui a suscité la vive réaction du gouvernement marocain à travers l’appel de son chef, Abdelilah Benkirane, lancé à l’UE pour trouver, dans les meilleurs délais, des solutions concrètes en mesure de préserver les acquis contractuels du Royaume et de maintenir le flux traditionnel des exportations marocaines des fruits et légumes sur le marché européen, conformément aux dispositions de l’Accord agricole.

L’impact négatif de ces nouvelles dispositions, notamment la modification des mécanismes du prix d’entrée, particulièrement sur les exportations agricoles marocaines (surtout de tomates) vers le marché européen, a profondément préoccupé le gouvernement, ce qui a amené Benkirane à en faire part au chef de la délégation de l’UE à Rabat, Rupert Joy.

La contradiction

L’adoption de ce nouveau mécanisme, décidée «unilatéralement» par l’UE, est en contradiction avec les engagements de l’Union au sein de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Car elle ignore totalement les dispositions pertinentes de l’Accord d’Association liant le Maroc à l’UE. En effet, l’article 20 de l’Accord d’Association impose même à la partie qui souhaite procéder à une modification de sa règlementation en matière de politique agricole d’en informer, à l’avance, le Comité d’Association.
Il est ainsi regrettable de constater qu’un tel changement de régime constitue un recul majeur, voire une remise en cause des dispositions de l’Accord agricole qui vient à peine d’entrer en vigueur.

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Ce n’est autre chose qu’une «mesure abusive» à l’égard des agriculteurs qui essayent de contribuer à la réussite du Plan Maroc-Vert en tant que stratégie nationale destinée à jeter les bases d’une agriculture moderne avec une production répondant aux normes de qualité supérieure, déplorent de leur côté les professionnels marocains. Ils ont même appelé le gouvernement à «prendre les mesures nécessaires pour défendre les producteurs marocains contre les répercussions dangereuses de cette décision européenne» et à «déployer davantage d’efforts dans la recherche de nouveaux marchés, afin de limiter la dépendance au marché européen».

… Et côté UE

Se voulant rassurant, Rupert Joy soulignera à cet effet que la Commission européenne fera en sorte que toute préoccupation exprimée par le Maroc au sujet de la modification du système de dédouanement des marchandises et le calcul des droits de douanes soient pris en compte. Selon lui, la CE serait même résolument engagée dans ses relations commerciales avec le Maroc. Il a rappelé à ce propos: «Une discussion détaillée a déjà eu lieu au mois de février dans le cadre du Sous-comité agricole établi au titre de l’Accord d’Association entre l’UE et le Maroc». Les services de la Commission ont même proposé de continuer ces discussions en particulier pour mieux comprendre l’analyse faite par les autorités marocaines de l’impact de cette décision.

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Bientôt la reprise

En effet, le ministre marocain de l’Agriculture et de la Pêche maritime et le Commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural se sont mis d’accord pour le lancement, le 23 avril prochain, des discussions entre le Maroc et l’UE autour des conditions d’accès des fruits et légumes sur le marché européen.
Les deux responsables ont ainsi convenu de la tenue de la première rencontre à l’occasion de la visite au Maroc du directeur général de l’Agriculture et du Développement rurale de l’Union européenne, soulignant la nécessité de se mettre dans l’immédiat autour de la table de discussions afin de débattre de solutions à même de rétablir l’équilibre dans les échanges entre le Maroc et l’UE tel que négocié dans l’accord agricole les liant. Le ministre marocain a insisté sur les conséquences des réformes opérées par l’UE qui «placent la coopération agricole entre les deux partenaires dans un contexte peu favorable», voire «très» peu favorable en l’absence, jusqu’à l’heure, d’une lueur de solution. Ce qui, normalement, oblige le Maroc à se plier à cette nouvelle disposition. A suivre…

Hamid Dades

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