Ils ont volé le stage de mon fils!

Karima, 48 ans, infirmière, mariée, a un enfant. Cette femme nous relate une histoire déconcertante sur une entreprise qui fait de curieuses offres de stage…

«Depuis que mon fils a eu son diplôme, il n’a cessé de solliciter de nombreuses personnes de notre entourage et d’envoyer des demandes pour ne serait-ce qu’un stage. Il n’a pour ainsi dire reçu que de belles promesses. Toutes, pratiquement, sont restées lettres mortes. Jusqu’à ce que l’improbable se produise, lorsqu’il a postulé pour une énième offre d’emploi parue dans une annonce sur un journal. Le profil requis collait parfaitement à la spécialité de mon fils. Quelques jours plus tard, il recevait un email l’informant de se rendre sur les lieux, afin d’y passer un entretien. Nous habitons en province, il fallait donc, encore et comme d’habitude, qu’on paye le trajet pour qu’il s’y rende.

Au point où nous en étions, ce n’était sûrement pas cela qui allait nous achever. Nous étions déjà à l’agonie depuis des années, avec tous ces millions obtenus par le biais de nombreux crédits, afin qu’il puisse poursuivre ses études. Néanmoins, nous étions contents pour lui, nous ne l’avions pas vu aussi enthousiaste depuis fort longtemps.

Une fois de retour, nous l’avons questionné sur le déroulement de sa journée. Tout en nous relatant les détails de ce qui lui avait été dit, nous comprenions que cette offre n’était que du pipeau. Il n’était incontestablement pas question d’embauche. Mais nous avions évité de lui en faire part, acquérir de l’expérience était tout aussi important qu’être bardé de diplômes.  

Donc, en gros, la personne qui avait briefé notre fils ce jour-là lui proposait un stage non rémunéré pour une durée de 2 mois, avec une promesse d’embauche. Ce qui nous avait alarmés, c’est qu’on lui demandait de faire valoir ses aptitudes pour traiter une commande de A à Z. Et avec cela, il n’était pas certain qu’il soit maintenu, des centaines de postulants tentaient eux aussi leur chance. Malgré cela, nous nous sommes sentis dans l’obligation de le rassurer et de l’encourager.

Violence : Un fléau

Nous n’avions pas eu tort du reste: une semaine plus tard, il fut convoqué par la même personne pour un dernier entretien. Je ne saurais jamais décrire ce bonheur sur notre unique enfant. C’est pourquoi mon mari et moi, las de son chômage, nous ne pouvions nous permettre de ne pas lui prêter la main. Je dus me séparer de mes alliances, du semainier de ma grand-mère et de sa broche en or auxquelles je tenais énormément, pour lui permettre de se loger dans la capitale économique. Il était impossible de faire autrement, nous n’avions personne de proche dans cette ville. Dans le centre, la location d’habitations meublées est un luxe que seules des personnes fortunées peuvent se permettre. Sans parler des frais pour sa nourriture et ses déplacements. Mais face à l’urgence, avions-nous eu un autre choix? C’est sous ces onéreuses contraintes que notre fils avait pu accéder au monde du travail.

Nous avons été très fiers de lui, il faut le reconnaître. Il avait donné le meilleur de lui-même en travaillant comme un forcené. Les résultats de son travail ont été couronnés de succès. Mais quelque chose nous était restée en travers de la gorge, à moi et à son père et ce n’est pas nos dépenses pour rien. Nous avons compris et ce, dès le départ qu’il s’agissait d’un stage et non d’une embauche. Ce qui nous a fait mal, c’est d’avoir su, par le plus grand des hasards, le montant qui avait été facturé par cette entreprise pour ce travail précisément. Pourtant, ces gens n’avaient pas eu la moindre gêne. Ils avaient pris des millions et pas versé le moindre centime à mon fils, pas même un petit quelque chose pour l’encourager. Ils avaient été durant deux mois d’une exigence extrême. De véritables tyrans, le faisant travailler même les week-ends, pour livrer leurs clients dans les délais. Pis encore, le cinquante-neuvième jour, ils avaient eu le culot de lui envoyer une missive l’avertissant que la durée de son stage était arrivée à terme et qu’il fallait qu’il dégage le secteur. Nous n’avions pas pu toucher un seul mot de ce que nous avions appris à quiconque et encore moins à notre fils. Il ne manquait plus que son équilibre psychique soit déstabilisé à cause de pareils voyous. Nous l’avons félicité royalement tout en dissimulant notre profonde répugnance envers les dirigeants de cette institution.

«Seins» et saufs

Heureusement, ce passage obligé avait permis à mon fils d’établir de bons contacts. Ces derniers l’avaient mis en relation avec d’autres professionnels de ce même secteur. Il fut embauché plus vite que nous l’aurions espéré. Avec un très bon salaire, il a pu se loger et se prendre totalement en charge. Soulagés, nous étions passés à autre chose, oubliant complétement cette sale histoire de stage non rémunéré. Il en fut ainsi jusqu’à ce qu’on apprenne, par la même source d’information, la vérité qui a éclaté au grand jour sur ces gens qui se sucraient sur le dos de petits stagiaires. Il s’agissait d’une honteuse machination pour couvrir l’incompétence d’un des plus gros salaires de la boîte. Le directeur administratif, qui larguait les offres de stage seulement pour exécuter des commandes, était son meilleur ami et complice. Le pot aux roses avait été découvert par un stagiaire qui n’avait pas la langue dans sa poche».

Mariem Bennani

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