Sergio Piazzi : «Pays de la Méditerranée, unissez-vous!»

Sergio piazzi sg apm

Entretien avec Sergio Piazzi, secrétaire général de l’APM (Assemblée Parlementaire de la Méditerranée), autour de la Méditerranée, du Maghreb et de toutes les problématiques qui y sont liées…

Pourquoi cette réunion au Maroc?

C’est une réunion de l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée très importante pour nous. A l’origine, elle était prévue à la veille de la réunion des 5+ 5. Cette dernière renvoyée, nous avons décidé de tenir ce rendez-vous très important pour les parlementaires de la Méditerranée, ouvert d’ailleurs à tous nos partenaires: les Nations Unies, la Commission Européenne, les associations arabes, les parlementaires de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) et les parlementaires de l’Union Parlementaire Arabe.

Quel objectif et quel débat?

Discuter de quelques questions de sécurité en Méditerranée.

Quelle sécurité?

Vous savez, il n’y aura pas de sécurité dans la Méditerranée occidentale s’il n’y a pas de sécurité en Méditerranée orientale.

Qui a suggéré cette réunion à Rabat?

Nous disons merci à notre président, Mohamed Cheikh Biadillah, qui a eu l’idée de fusionner la discussion, de l’ouvrir à la Méditerranée orientale et de voir ensemble quels sont aujourd’hui les grands défis à la stabilité et à la sécurité.

Les sujets abordés?

Nous avons parlé de terrorisme et des questions liées à la migration clandestine, mais aussi de l’élément économique.

Quels sont les obstacles à cette sécurité et à la stabilité?

S’il n’y a pas de bien-être et de dignité, on continuera d’alimenter le terrorisme.

Et les valeurs démocratiques?

Exactement. Si vous arrivez à envoyer vos enfants à l’école, à les nourrir et à leur donner un futur, on coupe alors les racines du terrorisme et de la violence, comme celles de l’extrémisme. Ce sont là les éléments sur lesquelles nous travaillons. Alors, d’un côté, la sécurité et la stabilité et, de l’autre, l’intégration économique Nord-Sud et Sud-Sud et la création de l’emploi, ainsi que de drainer les investissements dans nos régions et combattre l’extrémisme.

Est-ce que vous avez une approche globale bien définie pour lutter contre ces fléaux qui menacent le monde?

Nous sommes partenaires des Nations Unies, du Conseil de sécurité. Nous avons reçu un mandat pour assister à l’application des éléments de la résolution contre le terrorisme et, en particulier, le terrorisme des combattants étrangers, au niveau parlementaire. Donc, nous avons des programmes bien définis pour les parlementaires de toute la région. Nous l’avons fait pour des sous-régions comme le Maghreb. Maintenant, on commence à faire les Balkans et la région MENA avec l’ensemble des Européens, pour partager aussi l’expérience.

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Qui a la charge de préparer ces programmes?

Il s’agit de programmes préparés par les Nations Unies pour l’Unité qui s’occupe du terrorisme. Et, avec le soutien de la Commission européenne, nous mettons ensemble l’élément parlementaire et la confiance des gens qui se connaissent. Tous les pays, Israël, Palestine, Turquie, Chypre, travaillent ensemble parce que le défi est commun à tous.

Vous n’avez pas beaucoup parlé de l’élément financier de votre programme et de votre action, alors qu’il est primordial, surtout en cette période de crise économique…

C’est clair aujourd’hui, si on voit la situation en Syrie. Il y a les terroristes de Daech qui exportent le pétrole. Celui-ci voyage dans des camions-citernes. Les biens volés à Palmyre, les statues romaines, voyagent aussi par camion. Tout un patrimoine culturel! Donc, c’est à ce niveau qu’il faut travailler: au niveau des réseaux financiers. Nous avons aussi les terroristes qui ont perpétré l’attaque de Paris et qui n’avaient pas besoin d’énormes financements. Ils ont contracté un micro-crédit à la banque, exactement comme s’ils voulaient acheter une voiture. Donc, vous avez les grands et les micro-financements. En Italie, par exemple, le réseau de Daech se finance à travers les campagnes de charité au sein des communautés et dans la région de Milan. Donc, il faut aussi couper les routes de financement du terrorisme, du tout petit individu au grand mécanisme qui véhicule des millions de dollars.

Quel partenariat avec le Maroc?

Le Maroc est un partenaire historique. Les premiers présidents de l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée étaient marocains. Donc, le Royaume est -je dirais- le père fondateur de notre Assemblée. Aussi avons-nous un partenaire au niveau parlementaire. Le Maroc assume la présidence de notre actuelle Assemblée, avec des parlementaires des deux Chambres qui travaillent avec nous dans les différentes commissions et qui couvrent les messages et les expériences du Maroc.

L’expérience des imams, quelle appréciation en faites-vous?

L’expérience marocaine dans ce domaine est unique. Il y a quelques mois, le pays a fait une présentation au Conseil de sécurité des Nations Unies sur le système du Maroc et la relation entre l’Etat et les écoles des imams qui donnent une formation à prendre en considération. C’est dire…

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Est-elle aujourd’hui exportable?

Elle l’est, de toute évidence. Il faut la véhiculer, la communiquer.

Comment expliquez-vous le fait que les terroristes, pas très nombreux, arrivent à tenir et à déstabiliser la communauté internationale?

Vous avez des extrémistes extrêmement violents. Donc, ils arrivent à déstabiliser la communauté internationale avec des procédés d’intimidation. Ils décapitent et des exécutions sommaires sont programmées dans les réseaux médiatisés à haut niveau.

Comment arrivent-ils à conquérir et à contrôler des territoires très vastes en Irak, en Syrie et ailleurs.

Il est très facile de prendre possession de communautés qui sont neutres vis-à-vis d’un gouvernement pacifique. Donc, ils arrivent à contrôler des territoires énormes, soit parce que l’adversaire est faible, soit parce que l’action du terroriste n’est pas le fait d’une armée traditionnelle contre une autre tout aussi traditionnelle. Ainsi, on touche et on prend la poudre d’escampette. Et puis, vous ne savez jamais où aura lieu la prochaine attaque ou opération terroriste. C’est cela la différence.

Quelle riposte au vandalisme dont fait l’objet le patrimoine mondial et universel?

Nous avons discuté de ce problème à Rabat, il y a quelques jours, en présence d’experts, de parlementaires, de diplomates et aussi de militaires.

Qu’ont-ils dit?

Avec des situations telles que nous les voyons, en Syrie par exemple, si on peut vraiment protéger un monument, il y a seulement les moyens militaires. Mais c’est clair que l’Etat ne va pas s’aventurer à risquer la vie de ses soldats pour protéger une colonne ou une statue quand, en même temps, il y a des milliers de réfugiés de l’autre côté. Donc, vous avez la réalité des choses, les instruments juridiques et ce qui se passe sur le terrain. C’est là qu’il faut intervenir, c’est-à-dire à la source, pour essayer de protéger des monuments comme ceux de la ville de Palmyre.

«Soyons tous Méditerranéens». Quel est l’objectif de cette campagne que l’APM a lancée?

C’est un appel à travailler ensemble pour éviter les tragédies amères. Il faut rappeler que beaucoup de choses nous réunissent, nous tous Méditerranéens. Elles nous imposent, au niveau moral, d’être unis, pour relever les défis et donner la dignité à ceux qui en ont besoin.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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