Prisons du Maroc : Les révélations de Tamek

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Le Délégué général de l’Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion, Mohamed Saleh Tamek, a été on ne peut plus clair en étalant son rapport sur la situation des prisons au Maroc. 60% des produits interdits entrent dans les prisons à travers le personnel des pénitenciers.

Les pénitenciers du Maroc abritent 70.099 prisonniers, un chiffre sans cesse grandissant. En septembre 2009, ce nombre était de 67.445 détenus. Un constat alarmant dont a fait part Mohamed Saleh Tamek, lors de la présentation du budget de son département. Cette hausse du chiffre des prisonniers entraîne un encombrement qui rend difficile la gestion de ces espaces et des services, alors que la capacité d’hébergement ne dépasse guère 48.000 lits, d’où un déficit flagrant de 22.000 lits.

Améliorer les conditions des détenus

Dans le rapport de l’Administration pénitentiaire, lors du débat sur le budget de ce département, Mohamed Saleh Tamek a rappelé que la stratégie de son département vise à consolider les acquis et à améliorer la situation des prisonniers dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles et des Directives royales, ainsi que des textes législatifs en relation avec la gestion du secteur pénitenciaire.

Carence des infrastructures

L’encombrement des différents pénitenciers du Royaume impacte la gestion des conditions de captivité des détenus et leurs déploiement, ainsi que les services, à savoir l’alimentation, les prestations sanitaires, la formation et les visites des proches. Cette situation est tributaire de la progression du nombre des prisonniers. Les bâtiments pénitenciaires souffrent de la mauvaise qualité des infrastructures, ce qui porte préjudice aux conditions d’incarcération et aux services et programmes de réforme.

Revoir la capacité d’hébergement

Pour venir à bout de cette situation, a souligné Mohamed SalehTamek, l’Administration pénitentiaire se propose, dans la limite des moyens qui lui sont octroyés, de revoir à la hausse la capacité d’hébergement des institutions pénitentiaires, dans le but de proposer un lit pour chaque détenu à l’horizon 2020, sur la base d’une superficie de 3 m2 par personne.

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Retaper les vieux bâtiments pénitenciaires

Dans cette perspective, il est prévu d’accélérer le rythme de la construction de 15 nouvelles institutions pénitentiaires à Fès, Tanger, Agadir, Goulimine, Guercif, Taourirt, Tata, Zagora, Midelt, Smara et Tan Tan. L’Administration pénitentiaire se propose dans la foulée de retaper les bâtiments pénitentiaires vieillissants, voire de les remplacer par d’autres flambant neufs et de surcroît plus modernes, en particulier ceux de Nador, de Berkane, d’Assila, de Laâyoune, d’Oujda, d’El Jadida, de Fès et d’autres. Il s’agit aussi de multiplier les opérations d’entretien des divers espaces pénitentiaires et de nommer un responsable direct pour superviser et garantir la bonne marche des opérations de chaque institution pénitentiaire ciblée par le renouveau.

Imposer des dépistages

Dans le souci de déployer le maximum d’efforts concrets pour améliorer la qualité des services sanitaires réservés aux détenus, l’Administration pénitentiaire a dévoilé son intention de généraliser les cliniques et cabinets dentaires à l’ensemble des institutions pénitentiaires à l’horizon 2018 et de les doter du matériel sanitaire approprié, entre autres les ambulances et d’embaucher plus de cadres sanitaires et para-sanitaires. Une nouveauté: l’Administration pénitentiaire envisage de doter l’ensemble des institutions pénitentiaires de psychologues et des psychiatres et de faire subir aux nouveaux détenus un dépistage de la tuberculose, du Sida et de l’hépatite pour éviter tout risque de contamination des prisonniers.
Il est prévu aussi de garder un œil vigilant sur le volet hygiène responsable de nombre de maladies et ce, en mettant à portée les produits requis, les lits et les draps nécessaires et en assurant leur renouvellement permanent.

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L’alimentation en tête

Le rapport de l’Administration pénitentiaire n’a pas omis de se pencher sur le volet de l’alimentation des détenus. Il avoue que la qualité du menu proposé actuellement est loin de répondre aux besoins des détenus, malgré les efforts déployés pour parer à cette situation. Les chiffres sont éloquents et parlent d’eux-mêmes. Le menu au quotidien ne dépasse pas 11 DH pour chaque détenu. Le rapport impute ce déficit au budget qui n’accompagne pas la hausse grandissante du nombre des détenus. Pour dépasser cette situation, la Délégation générale de l’Administration pénitentiaire et de la Réinsertion se propose de charger progressivement le secteur privé de la gestion alimentaire des détenus.

Le droit de réclamer

Enfin, il est prévu de revoir au mieux la relation personnel-détenus caractérisée le plus souvent par la tension. Pour ce faire, il a été reconnu aux détenus leur droit de réclamer. A cet effet, un Bureau central a vu le jour, a annoncé M.S. Tamek, pour recevoir et traiter les réclamations qu’il reçoit. Ces réclamations s’élèvent, entre le 1er mars 2014 et le 30 septembre 2014 à 2.677, dont 298 ont trait aux mauvais traitements de la part du personnel.

Le personnel pointé du doigt

Pour ce qui est du bilan du contrôle des détenus et de leur surveillance, Mohamed Saleh Tamek a reconnu qu’il a été enregistré dans les prisons, jusqu’au mois d’octobre dernier, 5.053 cas de téléphones portables et 1.360 prises de drogues. Un aveu de taille ! Tamek a aussi reconnu devant les élus de la Nation que le personnel des pénitenciers est derrière l’introduction dans les prisons de 60% des produits interdits.

Mohammed Nafaa

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