Perspectives : Demain, la régionalisation au Sahara

laayoune marche verte

La commémoration du 39ème anniversaire de la Marche Verte était une occasion pour Sa Majesté le Roi de dresser un bilan franc et réaliste sur les provinces du sud. Ces régions du Royaume, qui ne peuvent exister que sous souveraineté marocaine et qui doivent à jamais faire partie du Maroc entier…

Les provinces du sud ont certes connu une évolution. Mais cela n’a pas été sans que certaines défaillances aient sérieusement entravé leur marche. A cela s’ajoute un bon nombre de défis internes et externes, auxquels ces régions demeurent confrontées.
Le Souverain a ainsi dressé une véritable feuille de route hors de laquelle le Sahara marocain ne saurait exister. Ces régions ont connu, depuis leur récupération, de nombreuses réalisations dans les domaines les plus variés; d’où ce Discours du 6 novembre avait un caractère fondateur qui trace, pour les années à venir, les orientations et contours de la politique du Maroc concernant la question du Sahara.
Empreint d’audace et de clarté, le discours de Sa Majesté a passé quatre messages essentiels, dont celui portant sur l’unification et l’unité du Maroc. Une unification qui reflète une même identité malgré les diversités. Un processus qui n’est possible qu’à travers la mise en œuvre de la régionalisation avancée.

Un concept unificateur

Ainsi, le Souverain a annoncé la mise ne œuvre de la régionalisation dès 2015: «Cependant, les chantiers que nous allons engager, avec l’aide de Dieu, l’année prochaine, devraient être déterminants pour l’avenir de la région, car il s’agit de la mise en œuvre de la régionalisation avancée et du modèle de développement de nos Provinces du Sud».
Il est d’emblée clair que, par cette démarche, SM le Roi consolide la nouvelle gouvernance qui va présider à la recomposition territoriale et à l’effectivité de la mise en œuvre de la régionalisation élargie, en janvier 2015, par cette accélération de l’agenda politico-territorial. Le Souverain a ainsi mis fin à une situation de blocage, celle d’un régime dérogatoire concernant les provinces du sud qui a figé la dynamique du développement économique et humain du Sahara marocain et celle de l’application du droit commun qui homogénéise juridiquement et administrativement l’ensemble des régions du Maroc. Un mode de gestion au Sahara dont le Souverain a aussi déploré «des dysfonctionnements qui en ont fait au fil des ans un terrain propice à l’économie de rente et des privilèges indus», pour annoncer un changement radical dans ce mode de gouvernance et appeler à l’ouverture d’un dialogue national franc et d’un débat responsable et sérieux sur les différentes idées et conceptions envisageables, en vue d’élaborer des réponses claires à toutes les questions et préoccupations des populations de la région et ce, dans le cadre de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du pays. Le Souverain a aussi rappelé que la régionalisation voulue ne se réduit pas à des textes juridiques et au transfert, du centre vers les régions, des ressources matérielles et humaines, mais doit plutôt être fondée sur le patriotisme sincère impliquant un attachement sans faille à l’intégrité territoriale du Maroc.

La fin des illusions

Pour mettre fin au discours stérile qui exploite mal la diversité, Sa Majesté a précisé que la mise en place de la régionalisation n’induit aucunement un quelconque sectarisme tribal et sa diversité ne saurait être un facteur de division et de sécession, laquelle est tout simplement interdite par la Constitution; mais elle est de nature à conforter le brassage, la solidarité et la complémentarité entre les différentes régions.
«La régionalisation à laquelle nous aspirons ne se réduit pas à des textes juridiques et au transfert, du centre vers les régions, des ressources matérielles et humaines. Nous voulons plutôt qu’elle soit fondée sur le patriotisme sincère impliquant un attachement sans faille à l’intégrité territoriale de notre pays. Nous voulons des zones et des régions solidaires, complémentaires, qui s’entraident et se soutiennent mutuellement. Les Marocains, c’est un brassage civilisationnel authentique entre toutes les composantes constitutives de l’identité marocaine. Pour Nous, ils sont tous égaux, sans distinction entre le  »Jebli » et le Rifain, entre le Sahraoui et le Soussi, etc. Par conséquent, les recherches académiques sur les composantes de notre identité sont utiles pour la consolidation de notre unité nationale. Quant au débat fondé sur le sectarisme et tendant à semer la discorde, il est puéril et sans consistance. Celui qui prétend ne pas appartenir à ce creuset est dans le tort et quiconque tenterait de démontrer le contraire risquerait de s’y perdre… La régionalisation que Nous appelons de Nos vœux a donc vocation à valoriser cette richesse et cette diversité humaine et naturelle. Elle est de nature à conforter ce brassage, cette solidarité et cette complémentarité entre les enfants de la Patrie unie et entre toutes ces régions», a souligné SM le Roi.
Cette vision claire du Souverain s’est notamment illustrée à travers l’appel à une révision radicale du mode de gouvernance dans les provinces du sud dont les indices de développement ont dépassé la moyenne nationale et ce, grâce aux sacrifices matériels des citoyens marocains et des martyrs de la nation pour l’indépendance et l’intégrité territoriale du Royaume.
A cet égard, SM le Roi Mohammed VI a appelé à l’ouverture d’un dialogue national franc et d’un débat responsable et sérieux sur les différentes idées et conceptions envisageables, en vue d’élaborer des réponses claires à toutes les questions et préoccupations des populations de la région du Sahara et ce, dans le cadre de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du pays, soulignant la nécessité de faire participer les partis politiques, la société civile et les médias pour faire réussir ce débat national et «mettre en œuvre le modèle de développement des provinces sud du Royaume».

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Hamid Dades
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Régionalisation avancée : Un nouvel élan pour le développement

Laayoune sahara

La régionalisation avancée qui sera mise en œuvre dès 2015 apportera une contribution déterminante au développement économique et social de l’ensemble du pays.

L’idée remonte au discours historique du 9 mars 2011. Discours par lequel Sa Majesté le Roi avait mis fin à des débuts de déraillements survenus dans le cadre du «printemps arabe». En effet, ce 9 mars 2011, le Souverain avait souligné que la régionalisation allait permettre, dans un contexte précis et un territoire dédié, de mobiliser les différents acteurs locaux; permettre aussi leur participation à l’élaboration et à la mise en œuvre des grands projets structurants et le renforcement de l’attractivité de leurs régions. Elle favoriserait également un environnement démocratique, largement participatif, propice à la bonne gouvernance, à la responsabilisation et à la reddition des comptes tant des services et des fonctionnaires de l’Etat que des organismes et des responsables élus à tous les niveaux. Ainsi, «la régionalisation dispose des atouts nécessaires pour atteindre sa pleine efficience. Nous avons décidé d’inscrire ce processus dans le cadre d’une réforme constitutionnelle globale vouée à la modernisation et la mise à niveau des structures de l’Etat», a souligné le Souverain dans ce discours.
Le projet est donc suffisamment mûr, pour une application qui saura mettre fin aux disparités entre les régions et les doter d’une personnalité appropriée, comme souligné par Sa Majesté qui précisait encore: «Notre objectif ultime reste de consolider les fondements d’une régionalisation marocaine à travers tout le Royaume, avec, en tête, les provinces du Sahara marocain, une régionalisation fondée sur une bonne gouvernance propre à garantir une nouvelle répartition équitable, non seulement des attributions, mais aussi des moyens, entre le centre et les régions. En effet, Nous ne voulons pas de régionalisation à deux vitesses: des régions privilégiées dotées de ressources amplement suffisantes pour leur essor et des régions démunies, sans atouts pour réaliser leur propre développement».
Les régions sont désormais des entités fonctionnelles et institutionnelles, essentiellement vouées à l’œuvre du développement intégré. Du fait même de l’unité et de la continuité historique plus que millénaire du Royaume et du fait du haut degré de brassage et d’intégration de ses populations, la délimitation s’opérera sur la base de critères objectifs, notamment la fonctionnalité économique, les pôles de développement intégrés et les relations et interactions dynamiques, actuelles et prévisibles, entre les populations concernées.
C’est ainsi que dans le discours du 6 novembre dernier, Sa Majesté a lancé le projet en annonçant la mise en œuvre de la régionalisation avancée dès 2015. Et de préciser: «C’est dans ce cadre que s’inscrit Notre décision de mettre en œuvre la régionalisation avancée et le modèle de développement de nos Provinces du Sud. Nous entendons ainsi opérer une rupture avec le mode de gouvernance précédant et permettre aux fils de la région de participer à la gestion de leurs affaires locales, dans un cadre de transparence, de responsabilité et d’égalité des chances».

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H.D

Un modèle spécifique



Le modèle de développement des Provinces du Sud est un modèle responsable qui, à travers la régionalisation avancée, assurera la proximité des centres de décision au niveau local à travers la déconcentration.
Pour Nizar Baraka, président du CESE, «le modèle permettra aux élus des régions du sud du Royaume d’assurer la mise en place de vrais programmes de développement régionaux qui répondront aux attentes et aux aspirations des populations. Il sera question de mettre en place des filets sociaux de sécurité. Ces filets seront en fait basés sur le ciblage des populations les plus démunies et qui vont avoir un soutien qui soit conditionné. C’est-à-dire, on accorde un appui via la présence des enfants à l’école. Et c’est là une chose qui pourra être développée dans plusieurs autres domaines. Ces filets sociaux de sécurité pourront, de manière progressive, prendre le relai de la politique d’assistanat d’aujourd’hui qui est très importante, mais qui n’a pas donné les résultats escomptés en matière d’intégration de ces populations dans le cadre de la dynamique économique et sociale au niveau de ces régions».
L’on voit à travers ce schéma que la régionalisation avancée constitue l’élément clé et le moteur de cette dynamique et, par conséquent, dès lors qu’on s’inscrit dans cette logique, ce sont les représentants de ces régions qui vont eux-mêmes élaborer leurs plans de développement à partir de leur connaissance des réalités, pour répondre aux besoins et attentes des populations et sur la base aussi de ce qui peut être établi en concertation avec l’Etat et donc avec le gouvernement dans une logique contractualisée. Le modèle ainsi conçu doit nécessairement être porté par les différents acteurs (locaux). Il est ainsi question de sortir d’une logique où seule l’administration porte le développement dans les régions, situation qui créait un cadre propice à la «rente» fortement condamnée par le Souverain dans son discours du 6 novembre. En revanche, il sera procédé de sorte que l’Etat, bien sûr, mais également le secteur privé, les coopératives et les associations puissent véritablement assurer l’investissement et porter le développement au niveau de ces régions.

 

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