Driss Kassouri, politologue et enseignant-chercheur

Driss Kassouri, politologue et enseignant-chercheur

«Le retour de l’activité du Parlement a été dicté par un événement de taille»

Suite à l’injonction du Souverain lors du dernier Conseil des ministres au Palais royal de Marrakech, les parlementaires se sont enfin levés de bonne heure, lundi 16 janvier 2017, pour élire leur nouveau président, après trois mois de chômage. C’est le doyen des parlementaires, Abdelwahed Radi, qui a lui-même supervisé la séance plénière consacrée à cette élection qui a finalement donné un vainqueur: Habib El Malki de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP).

Dans cet entretien, le politologue et enseignant chercheur, Driss Kassouri, nous livre son point de vue sur l’élection d’El Malki à la tête de la Chambre des représentants et les répercussions que cette élection pourrait avoir sur le prochain gouvernement qui tarde à voir le jour.

Les parlementaires ont élu leur président, en la personne de Habib El Malki. Fallait-il attendre tout ce temps avant de choisir un président de la Chambre des représentants, sachant qu’il existe une séparation des pouvoirs entre l’Exécutif et le Parlement?

La présidence de la Chambre des représentants doit être confiée à un parti mieux représenté dans l’Hémicycle. L’USFP ne dispose que de 20 sièges à la Chambre des représentants, ce qui ne donne pas assez de poids, ni de crédibilité à Habib El Malki en tant que représentant du parti de la rose, pour siéger au perchoir et mener à bien les missions que lui confère le règlement intérieur de l’institution parlementaire.

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Qu’est ce qui a changé du 7 octobre 2016 au 16 janvier 2017, pour que le parlement se remette enfin au travail?

Le retour de l’activité au siège du Parlement a été dicté par un événement de taille. Le Maroc revient à l’Union Africaine (UA). Ceci oblige les deux Chambres du Parlement à se réunir pour voter les textes se rapportant au retour du Royaume à l’UA. Le temps presse. Il ne faut pas oublier que le prochain Sommet de l’Union Africaine est prévu fin janvier à Addis-Abeba, en Ethiopie. C’est surtout cette contrainte de temps et suite à l’injonction du Souverain lors du Conseil des ministres, qui s’est tenu dernièrement à Marrakech, que nous avons pu revoir nos parlementaires réunis après plus de 3 mois d’absence.

Selon vous, l’élection d’un nouveau président de la Chambre des représentants va-t-elle accélérer le  processus des négociations pour la formation du gouvernement?

Tout dépendra des bases sur lesquelles ces négociations vont reprendre, si jamais elles reprennent. Si Abdelilah Benkirane accepte d’intégrer l’USFP dans sa prochaine coalition gouvernementale, je crois que le processus des négociations avancera sans trop d’embûches, à condition d’avoir un gouvernement solide, composé des autres formations politiques sérieuses. Il est temps pour le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane et ses partenaires politiques d’oublier leurs conflits et mettre de côté leurs différends, pour former une coalition gouvernementale capable de relever les défis qui se poseront devant le Royaume dans les années à venir.

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Et si les négociations pour la formation du gouvernement échouaient une énième fois. La piste d’un gouvernement d’union nationale est-elle plausible, selon-vous?

La piste que vous évoquez n’est pas à exclure au cas où les négociations pour la formation du gouvernement arrivent à un point de non-retour définitif. Néanmoins, un gouvernement minoritaire n’est pas viable au Maroc, du fait qu’il peut faire l’objet d’une motion de censure au Parlement et tomber aussi rapidement qu’il a été formé.

Il est dit que Abdelilah Benkirane a eu des gages de la part de l’USFP et du Parti de l’Istiqlal de lui accorder leur soutien «critique» de l’intérieur du Parlement, sans qu’ils soient membres de la coalition gouvernementale. Qu’en pensez-vous?

Compter sur le soutien dit «critique» d’un parti quelconque est une illusion. En politique, il n’y a aucun gage qui tienne. La politique, c’est l’art du possible. Au Maroc, comme dans d’autres pays du monde, il existe une majorité et une opposition qui se livrent des duels constants, dans le cadre de la démocratie telle que mondialement reconnue. Si Abdelilah Benkirane compte uniquement sur cette histoire de soutien critique de la part de certains partis, il fera face à de nombreuses difficultés difficiles à surmonter.

Propos recueillis par: Mohcine Lourhzal

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