Zakaria Abouddahab, Professeur des relations internationales

«Le Maroc dispose d’instruments qui lui permettent de supporter les chocs externes»

Le 24 février 2022 aux aurores, la Russie lançait une offensive militaire contre l’Ukraine. Jusqu’où ira ce conflit qui entame sa deuxième semaine et quelles seraient les conséquences sur la stabilité internationale?

Il est difficile de prédire jusqu’où ira le conflit russo-ukrainien ni ses conséquences sur les relations et la stabilité internationales. Comme je l’ai déjà dit, personne ne sait quand une guerre s’arrête. Ce qui est sûr, c’est que le Président russe n’abandonnera pas si facilement. Il ne faut pas oublier que Vladimir Poutine n’a jamais caché son attachement à l’Ukraine qu’il considère comme un territoire d’appartenance russe. Le fait que Kiev ait voulu rejoindre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le Président russe fera tout pour empêcher que cela se produise, dans la mesure où il refuse catégoriquement l’élargissement de l’OTAN à l’Europe de l’Est. Espérons que les négociations entre Russes et Européens aboutissent à faite taire les armes.

L’économie mondiale pourrait-elle résister à ce nouveau choc?

La guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux poids lourds du secteur agricole et énergétique, intervient à un moment délicat pour l’économie mondiale, qui commençait à peine à se relever après avoir été, pendant deux ans, à la merci de la pandémie et de ses multiples répercussions. Les conséquences de la guerre entre Moscou et Kiev ont commencé dès les premiers instants de l’attaque russe contre le territoire ukrainien. Et ce, tant pour les économies de la Russie et de l’Ukraine que pour la croissance mondiale de manière générale. Sans oublier les répercussions de cette situation sur les marchés boursiers qui restent instables.

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Quid de l’économie marocaine?

Dire que la crise russo-ukrainienne n’aura aucun impact sur l’économie nationale est irréaliste, sachant que Rabat est un partenaire commercial à la fois de Moscou et de Kiev. Heureusement, le Maroc dispose d’instruments qui lui permettent de supporter les chocs externes, notamment à travers la compensation. Toutefois, le gouvernement doit prendre d’autres mesures d’accompagnement. Il y a urgence d’agir pour préserver la paix sociale au Maroc, surtout que notre pays traverse une période de sécheresse aiguë.

Sur quels leviers le gouvernement peut-il agir pour alléger l’impact de la crise russo-ukrainienne sur l’économie nationale?

Il est temps d’alléger la pression fiscale. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur l’ensemble des produits de consommation est facturée à 20%, donc assez élevée. La TVA fait peser une pression énorme sur le consommateur marocain, ce qui ne lui permet pas d’avoir des marges de manœuvre pour faire face aux imprévus liés notamment à l’augmentation des prix des produits alimentaires. Actuellement, le pouvoir d’achat des citoyens est fortement impacté. Il est urgent d’agir et vite pour préserver la paix sociale. L’Exécutif doit rapidement accélérer la mise en œuvre du chantier lancé par SM le Roi Mohammed VI, en octobre 2021, lorsque le Souverain a appelé à la création d’un dispositif national intégré afin de mettre en place une réserve stratégique qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle ou alimentaire. Il est également important de poursuivre la stratégie énergétique nationale pour permettre au Maroc de garantir le plus gros de ses besoins en énergie. Je rappelle que le Maroc importe du pétrole raffiné, après la fermeture de La Samir.

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Propos recueillis par Mohcine Lourhzal 

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