Des «heures sup» en maternelle ?!

Amine et Zineb sont un jeune couple et d’heureux parents d’un enfant de 5 ans. Lui est comptable dans une entreprise et son épouse est secrétaire de direction. Ils dénoncent les pratiques déloyales du secteur éducatif de la petite enfance.

«Lorsque notre enfant a eu 3 ans, nous avons décidé, mon épouse et moi, de le placer dans une crèche. Nous nous étions longuement renseignés et beaucoup de parents nous avaient alors conseillé de le placer dans un nouvel établissement qui avait ouvert ses portes. Selon leur expérience, c’était une occasion rêvée puisqu’avec un petit nombre d’inscrits, notre enfant allait être choyé. Nous sommes allés inspecter l’état des lieux et nous avons trouvé que c’était convenable. Une petite maison proprette transformée en crèche. Il n’y avait pas d’investissement faramineux mais, dans l’ensemble, c’était assez correct.

La directrice responsable de l’établissement et ses assistantes nous avaient bien reçus et nous étions ravis et rassurés que des personnes aux abords si bienveillants s’occupent de notre fils. Les frais d’inscriptions et les mensualités étaient très élevés, mais nous étions prêts à nous priver pour le bien-être de notre petit Houssam. Le jour même, on nous a fait comprendre que, pour garantir une inscription définitive de notre enfant dans cette crèche, il était obligatoire de payer à l’avance des frais d’inscriptions (1.200 DH), les consommables (600 DH), l’assurance (600 DH), en plus du mois de la rentrée 800 (DH). Nous nous sommes empressés de le faire de peur d’être mis sur une liste d’attente.
Le jour «j», notre bébé n’avait pas du tout apprécié de se voir abandonné. Nous, affolés et en larmes, nous nous étions séparés de lui, nous consolant à l’idée de le laisser entre de si bonnes mains. Et puis, au bout de quelques semaines, tout était rentré dans l’ordre. Nous étions tranquilles de le savoir bien surveillé et poursuivant correctement les apprentissages qu’on lui prodiguait. La première année, tout s’était bien passé, mis à part quelques problèmes de santé. Les enfants mis ensemble se passent toutes sortes de virus. Heureusement, ils n’étaient pas très nombreux: une dizaine seulement. La deuxième année, nous n’avions eu aucun problème. Les effectifs de la classe avaient juste quelque peu augmenté. Les mensualités aussi, d’ailleurs… Mais la troisième année, les choses avaient vraiment changé. Une trentaine d’enfants s’entassaient dans la classe de notre enfant. Nous continuions malgré cela de faire confiance aux mots de la directrice de l’établissement, toujours présente à chaque fois que nous souhaitions un renseignement concernant notre fils. Nous apprenions aussi que l’établissement agrandissait sa structure pour accueillir des enfants du primaire et du collège. C’était pour nous une excellente nouvelle: nous n’allions pas devoir chercher une autre enseigne pour la poursuite des études de Houssam. Durant cette année, nous avions été convoqués à plusieurs reprises par les maîtresses de notre enfant. Elles tentaient de nous expliquer que notre Houssam avait des difficultés à suivre en classe. Or, il était devenu impossible de rencontrer la directrice pour des explications. Nous voulions dénoncer l’incompétence de ses institutrices et lui faire comprendre que les problèmes devaient certainement se trouver chez elles et pas chez notre enfant. Quelle fut grande notre surprise de trouver des mamans venant pour se plaindre, elles aussi, du manque d’attention des maîtresses envers leurs enfants. Elles racontaient que des maîtresses les avait convoquées parce qu’il fallait obligatoirement aider leurs enfants -âgés de 4 ans !- à la maison pour qu’ils améliorent leur niveau. En fait, ces maîtresses dont le salaire était dérisoire cherchaient à «recruter» des enfants pour des cours de soutien, le mercredi après midi et le samedi, chez elles, afin d’arrondir leurs fins de mois. Nous comprenions enfin la honteuse supercherie à l’origine des nombreuses plaintes…
Nous avions fini par rencontrer cette directrice devenue fantôme et l’avions avertie de ce qui se passait. Elle nous réconforta et promit de mener son enquête. On ne nous convoqua plus jamais et nous pensions que tout allait pour le mieux. Et voilà qu’en fin d’année, nous recevions un coup de massue sur la tête en allant prendre les bulletins de notre enfant. Il était écrit que le petit n’avait aucune base pour passer de classe et qu’il fallait par conséquent qu’il redouble. Comment un petit enfant qui passait toutes ses journées dans une école, avec une maîtresse le matin et une autre l’après-midi, pouvait-il ne pas pouvoir suivre correctement ce qui lui était enseigné? Comment oser prendre d’honnêtes parents pour des poires ou des vaches à lait? Nous, parents, si nous avons mis notre enfant dans un établissement privé et que nous en avons payé le prix fort, c’est justement pour qu’il lui soit prodigué le meilleur enseignement qui soit, dans le meilleur cadre. Il est impensable qu’à cet âge, on puisse se permettre de parler de cours de soutien pour gribouiller, apprendre l’alphabet et chanter des chansons. Que fait la direction de cet établissement avec tout l’argent qu’elle amasse, alors qu’une bonne partie doit revenir à l’enseignant? J’ai bien envie de saisir la justice pour qu’éclatent au grand jour ces pratiques du vol masqué. En attendant, je fulmine en pensant au manque de conscience de ces maîtresses, à tous les parents qui, comme nous, subissent ce chantage et, surtout, aux petits bouts de chou que de telles pratiques peuvent déstabiliser si tôt dans leur vie !».

Chami présente les contours de la nouvelle génération du système de dialogue social proposée par le CESE

Mariem Bennani

 

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