«Hadar» : Quelles menaces sur le Maroc ?

Unite hadar casablanca maroc

Samedi 25 octobre, suite à une réunion de hauts responsables, qui a eu lieu sur instructions royales, un nouveau dispositif de sécurité, baptisé «Hadar» (vigilance, en arabe), a été annoncé par le ministre de l’Intérieur, à Casablanca où s’est tenue la réunion.
Dès lundi 27 octobre, le dispositif se mettait en place dans cette même ville.
Des patrouilles, composées de soldats en treillis armés de mitraillettes et d’éléments de la gendarmerie, de la sûreté nationale et des Forces auxiliaires, tous en uniforme et arborant un brassard «Hadar», prenaient position au sein de l’aéroport Mohammed V de Casablanca, 1ère étape d’un plan national qui doit être appliqué à tous les sites névralgiques du pays.
C’est la 1ère fois qu’un tel dispositif est mis en place et, surtout, que l’on voit l’armée investie d’une telle mission.
Une armée qui était déjà sortie de ses casernes en août dernier, dans un déploiement encore plus inhabituel, aux quatre coins du pays, non pas avec des mitraillettes, mais avec des missiles de défense sol-air.
Motif avancé par les responsables pour expliquer de telles décisions ? Il s’agit de «lutter contre les différentes menaces qui guettent le Royaume».
La lutte est livrée aussi bien à l’intérieur du Royaume, par le biais de ce plan national et d’autres opérations sécuritaires plus discrètes, que par-delà les frontières, avec la participation du Maroc aux initiatives internationales de lutte contre le terrorisme (Daesh, Al Qaïda, Aqmi…) et les accords bilatéraux dont le dernier en date est celui passé avec les Emirats Arabes Unis, ce 28 octobre 2014.

Dossier.

Tous ceux qui se sont rendus à l’aéroport Mohammed V de Casablanca, depuis lundi 27 octobre au matin, ont été surpris d’y voir des soldats armés de mitraillettes et accompagnés d’éléments d’autres corps constitués (gendarmerie, police, forces auxiliaires) sillonner les grandes surfaces «départ» et «arrivée», un brassard rose estampillé «Hadar» les distinguant des autorités aéroportuaires habituelles.
«Hadar», c’est le nom de l’opération annoncée par le ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, samedi 25 octobre, à l’issue d’une réunion de hauts responsables qui a eu lieu sur instructions royales, à l’aéroport-même.
Réunion consacrée aux mesures de sécurité à déployer dans tous les sites sensibles du Royaume et dont le haut niveau des participants montre l’importance qui lui est accordée. Y étaient présents: le ministre de l’Intérieur, le ministre de l’Equipement, du Transport et de la Logistique, le Général de corps d’armée Inspecteur Général des Forces Armées Royales et commandant la zone sud, le Général de corps d’armée commandant la Gendarmerie Royale, le Directeur Général d’Etudes et de Documentation, le Directeur Général de la Sûreté nationale, le Directeur Général de la Surveillance du Territoire, le Président directeur général de Royal Air Maroc, le Directeur Général de l’ONDA, le Directeur Général de l’administration des Douanes et des impôts indirects, le Wali de la région du grand Casablanca et le gouverneur de la Province de Nouaceur.
C’est donc à la suite de cette réunion, qu’un communiqué du ministère de l’Intérieur indiquait que, conformément à une décision royale, il sera procédé à la mise en oeuvre d’un nouveau dispositif de sécurité, baptisé «Hadar», intégrant les Forces Armées Royales, la Gendarmerie Royale, la Police et les Forces Auxiliaires. Le communiqué précisait que «ce dispositif sera mis en place progressivement pour appuyer l’action des services de l’Etat dans la protection des citoyens et des visiteurs étrangers. Il couvrira les différents sites sensibles du Royaume». Et dès lundi, le dispositif était en place.

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D’habitude, grande discrétion…

Aucune indication n’a été donnée sur la durée du maintien de ce dispositif, mais les motifs qui ont été mis en avant pour sa mise en place n’étant pas près de disparaître, elle pourrait être longue.
En réalité, le plan national pour «lutter contre les menaces guettant le Maroc» ne commence pas avec l’opération «Hadar». D’ailleurs, dans le communiqué du ministère de l’Intérieur, il est bien mentionné à propos de «Hadar» qu’il s’agit du «renforcement du plan national actuellement en vigueur pour lutter contre les différentes menaces qui guettent le Royaume».
Quel est ce «plan national actuellement en vigueur» ? Il consiste en de nombreuses dispositions prises, progressivement, par les autorités marocaines pour préserver la sécurité et la stabilité du pays et faire face à toutes les menaces qui ont pointé au fur et à mesure des grands désordres du monde (terrorisme d’Al Qaida, d’Aqmi, puis de Daesh), des troubles de la région (Sahel, Libye), ainsi que de la quasi-guerre que mène l’Algérie au Maroc et qui prend des proportions appelant à une vigilance de tous les instants.
Le plus gros du travail se fait dans la totale discrétion à laquelle sont habitués les services de sécurité et du renseignement. L’opinion publique n’en a un aperçu qu’à l’occasion de démantèlement de cellules terroristes ou d’arrestation d’activistes jihadistes ou recruteurs de jihadistes.
De temps à autre aussi, les autorités communiquent sur leurs activités et l’évaluation qu’elles en font. Ainsi, en juin dernier, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) rendait publiques des statistiques selon lesquelles dix-huit cellules terroristes recrutant et formant des jihadistes, ont été démantelées au Maroc entre 2011 et 2013.
Mais les grandes opérations telles que celles d’août dernier ou celle de «Hadar» -que le public est amené à constater- indiquent que de nouveaux motifs ont imposé de relever le niveau de vigilance.

Recours à l’armée

A la mi-août, l’été dernier, les principales villes du pays ont connu une alerte, suivie d’un déploiement de l’armée sans précédent.
Des batteries de missiles et systèmes de défense sol-air des Forces armées royales ont pris position dans plusieurs sites stratégiques et sensibles du Royaume, où des campements militaires ont été dressés. Voir ainsi l’armée sur la corniche de Casablanca, non loin de la mosquée Hassan II, par exemple, avait de quoi inquiéter.
L’explication est venue par la suite. Des groupuscules armés, en Libye, avaient mis la main sur une dizaine d’avions de guerre. Il fallait se préparer au pire. D’où ce recours spectaculaire à l’armée.
C’est aussi le recours à l’armée dans l’opération «Hadar» qui donne à penser que le relèvement du niveau de vigilance n’est pas banal.
Le ministre de l’Intérieur s’est voulu rassurant, lors d’une rencontre avec la presse, ce 29 octobre (voir pages suivantes) et, de manière générale, les responsables expliquent que toutes ces décisions procèdent de la volonté du Maroc d’anticiper et prévenir les menaces. Mais ces menaces sont si nombreuses…
Du terrorisme de Daesh qui compte quelque 2000 jihadistes marocains dans ses rangs, jurant tous d’en découdre avec leur pays au nom du Califat, à la guerre sans merci que mène le pouvoir algérien au Maroc et qui se traduit par d’incessantes tentatives de déstabilisation, la liste est longue. Il faut compter avec les cellules dormantes du jihadisme marocain réactivées, qui sont débusquées et neutralisées au fur et à mesure. Et avec, ce que connaissent tous les Etats aujourd’hui, les nationaux qui reviennent du Jihad et dont on ne sait quelles sont leurs intentions: se ranger définitivement, ou exécuter une mission punitive contre leur pays. Il y a le crime organisé qui s’est développé dans la région et qui, lui aussi, veut faire du Maroc un hub. Les trafics de drogues fortes, comme la cocaïne, commencent à inquiéter sérieusement les autorités qui n’en réalisent pas moins de bonnes opérations de démantèlement…

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Lutte en deçà et au-delà des frontières

Ce député, grand défenseur de la cause du Sahara, ajoute un dernier motif: «par les temps qui courent, même les Etats doivent de méfier des ‘amitiés indéfectibles’. Qui sait si votre ami d’hier ne se retournera pas contre vous demain ? Qui sait si, pour une raison ou une autre, votre stabilité ne le narguera pas au point qu’il veuille y ouvrir une brèche ?»…
Le Maroc semble prendre ses précautions à ce niveau.
En plus des mesures préventives et dispositifs qu’il met seul en place à l’intérieur de ses frontières, il veille à renforcer et/ou à diversifier les initiatives de défense commune, à l’international.
Il a adhéré à l’alliance mise sur pieds par les Etats Unis contre Daesh, arguant du fait qu’il est prêt à combattre le terrorisme partout où il le faut.
Il vient de décider de mettre ses compétences et ressources humaines en matière de lutte contre le terrorisme au service d’un allié du Golfe: les Emirats Arabes Unis.
«Hadar» fait partie d’un plan national et international que l’on découvre au gré des exigences de vigilance.

KB

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