Fin de carrière pour Chabat : La revanche des El Fassi !

Fin de carrière pour Chabat : La revanche des El Fassi !

Après ses déclarations et l’avalanche qu’il a déclenchée, principalement la crise diplomatique avec le voisin mauritanien, le patron de l’Istiqlal, Hamid Chabat avait quasiment signé sa fin de carrière… Voici ce qu’a décidé le Conseil National, lors de sa session extraordinaire du samedi 31 décembre 2016.

Hamid Chabat s’est tiré, à cause de ses propos jugés fallacieux, une balle de gros calibre dans le pied. Surtout que de grosses pointures du parti du charismatique et figure de proue, feu Allal El Fassi, ont réagi contre un chef qu’ils n’ont pas tous mis en selle. On retrouve sur la liste des détracteurs des ténors, tels que Abbas El Fassi, M’hammed Boucetta, Taoufiq Hjira, Yasmina Baddou et d’autres.

On savait déjà les Istiqlaliens divisés, depuis l’élection de Hamid Chabat à la tête du parti. Il avait pris un malin plaisir à écarter tous ceux qui, de près ou de loin, avaient une quelconque filiation avec la grande famille El Fassi. Le dernier étant son challenger à la dernière élection du Secrétaire général, Abdelwahed El Fassi qu’il a battu à plate couture lors du Congrès national du Parti, en septembre 2012.

Les dernières déclarations de Chabat ont été, de l’avis général, la goutte qui a fait déborder le vase, engendrant un cinglant communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération qui l’a mis à nu, lui qui ne met pas de gants et parle sans discernement. Il ne représente que lui-même, a précisé le communiqué. Et viennent les détracteurs de celui par qui la crise diplomatique avec le voisin mauritanien est arrivée, laquelle ne convenait nullement au Maroc qui est en pleine bataille pour retrouver sa place légitime au sein de l’Union Africaine…

Situation de blocage

En outre, cette nouvelle donne est intervenue en pleine situation de blocage des concertations que menait le chef du PJD et chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, pour mettre sur pied le nouveau gouvernement qui tarde à venir; sans oublier la position du patron du RNI, Aziz Akhannouch, qui refuse catégoriquement de cohabiter avec l’Istiqlal dans le futur gouvernement.

Remous politiques : Qu’en pensent les Marocains ?

C’est donc dans cette ambiance électrique que le PI a appelé le Conseil National (parlement du parti) à tenir une session extraordinaire, histoire de voir un peu plus clair et prendre les décisions qui s’imposent.

Les larmes de Chabat

Les slogans scandés par l’assistance, tels que «Chabat rtah, rtah, sa nouassilou al-kifah» (Chabat, sois tranquille, nous poursuivrons le combat) et d’autres, n’ont pas sauvé la tête de Chabat. Celui-ci, tentant de caresser les militants dans le sens du poil, a rappelé que le Parti de l’Istiqlal a été la cible d’attaques non fondées, mais n’a pas pour autant baissé les bras en défendant les valeurs et les principes hérités  des prédécesseurs. Evoquant la nécessaire dignité, Chabat a versé des larmes pour ajouter une touche d’émotion et a lancé: «La route de la dignité n’est pas parsemée de roses, mais nous ne reviendrons pas en arrière pour regarder les incidents de parcours».

Et pour remettre le Parti de l’Istiqlal sur les rails, Chabat, encore une fois les larmes aux yeux, s’est adressé à l’assistance: «J’assure aujourd’hui que nous continuerons d’évoluer sur les traces de nos prédécesseurs». Son intervention entrecoupée de slogans «Ya Chabat rtah, rtah»…, il a lancé: «Le Parti de l’Istiqlal est toujours resté attaché aux valeurs et principes du pays par conviction héritée de père en fils par les Istiqlaliens». Convaincu que ses propos concernant l’intégrité territoriale du voisin mauritanien a provoqué la colère du Roi, comme celle de tous les Marocains, Chabat a précisé: «Nous estimons hautement l’action de grande importance menée par SM Le Roi Mohammed VI pour soutenir le parcours économique et politique du pays et nous demeurons honorés par l’exemple marocain que le Souverain étale devant le monde».

Les grandes décisions

Chabat, nous a confié un Istiqlalien, n’a pas versé des larmes pour la forme et il y a de quoi. En effet, le Conseil National, lors de sa session extraordinaire du samedi 31 décembre 2016, a presque tiré un trait sur le dénommé Chabat. Il a annoncé des décisions qui mettent ce dernier, dorénavant, hors circuit, en attendant la tenue du Congrès National du Parti de l’Istiqlal. Il aussi validé à son corps défendant le retrait de Hamid Chabat du pouvoir de décision. Et c’est un comité composé de trois membres du Bureau exécutif qui va maintenant gérer le Parti. Il s’agit de Abdellah Bekkali, Noureddine Modyane et Abdelkader Kihel. Une autre décision du «parlement» du Parti, tout aussi importante, est que celui-ci a donné pouvoir à trois membres du Comité exécutif, pour représenter le PI aux concertations avec le chef de gouvernement pour former le nouveau gouvernement: Bouamar Taghouane (ex ministre du Transport), Hamid Ould Rachid (député) et Mohamed Soussi.

Mohamed Zineddine, politologue et enseignant universitaire

Une pensée pour Benkirane

Hamid Chabat a quand même eu une belle pensée pour Abdelilah Benkirane, le remerciant, a-t-il dit, d’avoir résisté aux pressions et au «Tahakkoum». Il lui a donc renvoyé l’ascenseur, lui assurant aussi le soutien de l’Istiqlal à la prochaine majorité gouvernementale par le biais de son groupe parlementaire et partout où se trouverait le PI (majorité ou opposition). Le Conseil National a insisté sur le fait que le parti demeure prêt à faire partie du gouvernement et a rappelé son attachement à son contrat avec l’Institution monarchique.

Fin de carrière pour Chabat

Ainsi, le Conseil National du Parti de l’Istiqlal met fin au parcours et à la carrière du Secrétaire général du Parti, en attendant la tenue du prochain Congrès national prévu en mars prochain.

Ce n’était plus le Hamid Chabat triomphant qui faisait des entrées tapageuses, mais un homme abattu, avec des yeux cernés. Il essayait difficilement de lancer, comme à son habitude, sa fameuse «Mabrouk Al Aïd». Il voit sa carrière voler en éclats, une revanche des «El Fassi» qu’il a, un jour, détrônés pour prendre  leur place.

Mohammed Nafaa

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