Macron : Un quinquennat sur le fil

Macron : Un quinquennat sur le fil

L’avenir du quinquennat du président Macron dépend maintenant des réactions à la tardive parole présidentielle. Cette parole a été retardée jusqu’au dernier moment possible, pour prendre en compte le 4ème samedi des Gilets jaunes.

La situation a été relativement maîtrisée, surtout à Paris, avec un mieux par rapport au chaos du 1er décembre. Pas de chaos, mais de la casse, tout de même! C’est pour le pouvoir la première relative bonne nouvelle depuis un mois. Cela ne suffira cependant pas pour sauver un quinquennat abîmé. Le président va devoir changer de cap. Il est en train de le faire sans le dire.

Les mesures annoncées, le lundi 10 décembre, auront du mal à stopper le mouvement. Il peut s’effriter dans la rancœur.

Quelques mesures concrètes, un mea culpa personnel en demi-teinte et l’objectif d’un dialogue sur tous les problèmes dans le temps font que le  pari présidentiel est loin d’être gagné

Le jeune président jupitérien, réformant la France sans reculer, fait partie, 18 mois après seulement, du passé. Macron aussi a son ancien monde.

Comment cela est-il possible, s’interroge l’étranger à juste titre?

La révolte de base est une révolte fiscale. Son  prétexte est l’annonce de taxes sur l’essence, pour financer la transition énergétique. Mais en réalité, c’est la France des travailleurs pauvres et des classes moyennes qui s’est cabrée. Une France qui se juge déclassée par la faute du pouvoir politique et, pire, ignorée par celui-ci. C’est une révolte d’une dignité perdue.

Cette France est très éloignée d’un président surdiplômé,  élitiste urbain et vivant dans un pays du 2.0. En fait, le monde réel est tombé sur la tête du monde virtuel. Et ce monde, pour le président, est largement «une terra incognita». C’est pourquoi il n’a rien compris au départ, puis a tenté des diversions pour ne pas changer de ligne politique, avant d’être obligé de céder.

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Ce sont les manifestations et les violences qui ont mené le pouvoir à plier. L’image d’un quinquennat  quasi terminé, d’une France peu attractive et peu sûre, est terrible sur le plan international. Trump se moque du petit Français qui lui donnait des leçons et les populistes européens en font des gorges chaudes.

Cela dit, ce n’est pas la France en entier qui fait une révolution. C’est la France des Gilets jaunes rejoints par des antisystème radicaux.

Les gilets jaunes restent largement pacifiques. Ils sont très déterminés et certains sont radicalisés et font cause commune avec les casseurs.

Qui sont les casseurs? Les plus matinaux sont membres de l’extrême droite radicale qui veut  montrer ses muscles et s’en prend aux forces de l’ordre. Viennent ensuite, plus nombreux, les militants de l’extrême gauche  révolutionnaire qui attaquent les symboles d’une république qu’ils veulent changer: banques, distributeurs, monuments. On est là, à la droite de Le Pen et à la Gauche de Mélenchon qui tiennent, bien sûr, à profiter des événements.

Puis plus tard encore, la nuit tombante, les casseurs sont rejoints par des pillards, dont le but est de s’introduire dans des magasins pour se servir, notamment de la téléphonie et de vêtements de sport.

Un élément important est le rôle des médias. Ça doit faire réfléchir tous les journalistes responsables, notamment au Maroc. Il est certain que l’on reviendra sur ce rôle. Une chose est de relater les événements, une autre est de les entretenir pour faire de l’audience. Les chaînes d’infos en continue ont, pour alimenter leur antenne et faire de l’audimat, pris des risques avec la sécurité des gens. Relayer pendant des jours des propos faisant croire que le 8 décembre, les armes allaient parler et le sang couler est aussi anxiogène qu’irresponsable. Donner la parole à tout le monde, sans le moindre discernement et même tendre le micro à des excités connus par les rédactions largement critiquables…

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Mais les débats interminables entre Gilets jaunes et élus de la majorité ou opposants politiques ont été aussi tragiquement révélateurs. D’un côté, on veut tout et son contraire et on l’exprime avec difficulté, de l’autre, on débite des éléments de langages qui tombent complètement à plat.

Rôle des médias et des réseaux sociaux, la crise française mérite d’être étudiée de près par tous les gouvernements.

Il faut maintenant examiner la sortie de crise. Comment cette crise unique peut-elle se terminer?

Le coût sera financièrement très important. L’image du président est très abîmée sur les plans intérieur et international. Il faut maintenant rétablir le contact avec la population. Si le quinquennat Macron n’est pas fini, il a connu un tournant aussi capital qu’imprévisible.

Le président, dit-on, aurait voulu reculer plus tôt. Il en aurait été dissuadé par le Premier ministre. Cela laissera des traces.

Si les choses ne s’apaisent pas, il n’y aura pas  beaucoup de choix politiques.

Un changement de gouvernement avec un changement radical de politique.

Une dissolution  du parlement pour redonner la parole au peuple.

La France peut sortir de la crise, mais pas encore d’une instabilité politique qui va l’affaiblir économiquement et sur la scène internationale durablement. Jupiter, c’est terminé, ça, c’est sûr.

PZ

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