Turquie | Le Ramadan sous le poids des instructions

Turquie | Le Ramadan sous le poids des instructions

Avec l’avènement du mois de Ramadan, les signes de la joie sont absents cette année sur les visages des Turcs qui sont contraints par le coronavirus à passer les premiers jours du mois sacré sous le couvre-feu, les mosquées n’ont pas ouvert leurs portes et leurs esplanades n’abritent non plus les tables de l’Iftar et les rituels du mois béni seront observés exceptionnellement au foyer conformément aux consignes en vue de contourner l’impact de la redoutable épidémie.

En effet, les autorités du pays parient sur la distanciation sociale comme principale mesure préventive de nature à endiguer la propagation de la pandémie, une décision incompatible avec la nature de Ramadan qui est un mois de recueillement où les fidèles observent par groupes des rituels spécifiques dans une atmosphère empreinte de spiritualité et accomplissent les prières pour se rapprocher de Dieu et célébrer ce mois béni dans de meilleures conditions.

Avant le Ramadan, le ministère turc de l’Intérieur avait mis en garde dans un communiqué contre toute complaisance qui pourrait conduire à violer les mesures préventives en vigueur dans le pays, et annulé l’organisation des repas de l’Iftar ainsi que les rassemblements des populations, tout en rappelant les conséquences de non respect de la mesure de distanciation sociale une fois dehors de la maison entre la rupture du jeûne et le “S’hour”.

Les consignes ont concerné même l’aspect décoratif à travers les panneaux lumineux appelés « Mahya” et suspendus dans les minarets des grandes mosquées en Turquie pour célébrer le mois béni, et cette année “le Mahya” sera placé sous le signe «Ramadan et la conscience de la responsabilité», une initiative visant à utiliser le discours religieux pour renforcer le sens de la responsabilités chez les citoyens et inciter ces derniers à respecter les mesures de l’isolement sanitaire.

Du fait de l’impact de l’épidémie, “Al-Masharati” n’a pas échappé aux répercussions de la pandémie, c’est pourquoi il est obligé de mettre en plus des vêtements traditionnels, un masque de protection et des gants et d’observer la mesure de distanciation sociale conformément aux instructions du ministère de l’Intérieur.

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Afin de se prémunir contre la maladie, le Ramadan sera observé cette année par les fidèles sans la prière des Tarawih dans les mosquées, comme l’a décidé lundi dernier par une “fatwa” la présidence turque des Affaires religieuses, après avoir souligné auparavant dans un communiqué qu’il n’est pas permis de reporter le mois sacré, en réponse à la controverse suscitée dans le pays concernant la crainte que le jeûne affaiblirait l’immunité et par conséquent augmenterait les risques d’infection par ce virus mortel.

L’autorité religieuse a tranché le débat en publiant un communiqué dans lequel elle a souligné que le Ramadan est l’un des cinq piliers de l’Islam, son observation intervient suivant une date définie par la révélation divine, et il est obligatoire pour tout croyant en bonne santé sauf dans certains cas permettant au fidèle de ne pas jeûner, et par conséquent il n’est pas possible de reporter ce rite conformément aux enseignements authentiques de l’Islam.

L’autorité turque s’est basée dans sa fatwa sur l’avis des experts dans le domaine de la santé, qui ont souligné que le jeûne pour les personnes en bonne santé ne constitue pas une raison directe d’augmenter les risques de la propagation de l’épidémie de coronavirus et n’affaiblit pas l’immunité, mais au contraire il contribue à son renforcement.

Néanmoins, si les portes des mosquées sont fermées cette année pour les fidèles, celles de la solidarité et de l’entraide en ces temps difficiles resteront grandes ouvertes, ce mois béni est célébré dans un contexte de crise sanitaire et économique aiguë, avec une croissance du chômage et de la pauvreté.

Face à ce constat, la présidence des Affaires religieuses a autorisé l’acquittement de la Zakat dans le délai prévu et décidé l’octroi des fonds collectés aux campagnes nationales de solidarité pour soutenir les citoyens dont les conditions de vie ont été aggravées par la crise.

Dans une initiative caritative noble, le Waqf turc fournira une aide pendant le Ramadan à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie avec un montant de 12 millions de livres (1,7 million de dollars), et des milliers de paniers de produits alimentaires et d’aides humanitaire seront distribués aux nécessiteux et aux orphelins dans 35 pays.

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De leur côté, des économistes turcs soulignent que le mois sacré de Ramadan, avec toutes les valeurs d’altruisme et de bienveillance, constitue, dans ce contexte de crise sanitaire, une occasion d’aider les démunis à surmonter cette épreuve.

Le Ramadan génère une grandeur spirituelle, motive le musulman à soutenir les démunis à travers l’octroi de dons et des œuvres caritatives, a indiqué Jaafar Karadash, enseignant des sciences de théologie à l’Université d’Uludag, notant que ce mois béni pour les musulmans ne signifie pas seulement de s’abstenir de manger et d’éviter d’accomplir certains actes, mais il rappelle ce dont les autres croyants sont privés.

M. Karadash a déclaré, dans une déclaration à la presse, que le mois de jeûne pourrait être plus important cette année en ce sens qu’il intervient dans un contexte de propagation du coronavirus, et peut alléger les impacts douloureux de l’épidémie grâce à l’esprit de spiritualité et cette atmosphère ramadanesque qui favorise la solidarité et la compassion.

Pour sa part, l’expert du Haut Conseil turc des affaires religieuses, Hussein Ari, a souligné dans une déclaration similaire, que l’esprit de partage pendant le Ramadan peut sauver de nombreuses familles qui souffrent des pressions économiques mondiales, notant que la coopération et l’octroi de dons atteignent un niveau élevé durant ce mois béni.

Le Ramadan sera exceptionnel cette année à tout point de vue, avec notamment les mesures restrictives pour les rassemblements lors des fêtes religieuses et les prières collectives, de même que le confinement annulera tous les rituels qui confèrent à ce mois béni une atmosphère de spiritualité et de recueillement avec les prières des Tarawih, la mémorisation du saint Coran, les invocations et les implorations de Dieu, et le renforcement des liens dans l’attente de la célébration de Aid Al-Fitr.

Avec MAP

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