Marocains bloqués à l’étranger | Le rapatriement démarre enfin !

Marocains bloqués à l’étranger | Le rapatriement démarre enfin !

Les quelque 32.000 Marocains bloqués dans plusieurs pays, suite à la fermeture des frontières en mars dernier, pour cause de pandémie Covid-19, commencent à voir une lueur d’espoir. Leur rapatriement s’organise progressivement.

Le 9 juin (2020), devant le Parlement, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a annoncé la bonne nouvelle. L’opération de rapatriement est bel et bien en cours.

Elle a commencé par le retour des Marocains bloqués à Sebta et Melilla. Ils sont  496 à avoir regagné le pays les 15 et 20 mai dernier.

Puis, ont suivi les 607 Marocains bloqués en Algérie. Leur rapatriement a eu lieu le 30 mai et le 4 juin.

Cette semaine, l’opération se poursuivait à partir de l’Espagne, avec, mercredi 10 juin, la récupération de 310 Marocains bloqués le pays de la Paella et de la Corrida. Suivis, le 12 juin, de 289 autres qui étaient à Madrid. Et le 15 juin, il y a eu d’abord le retour de 212 Marocains bloqués dans la péninsule ibérique, puis, le même jour, le retour de 108 autres, en provenance de Grande Canaries.

Au total, donc, 2.022 Marocains ont pu être ramenés chez eux, au Maroc.

Selon le ministre des Affaires étrangères, Après le rapatriement des Marocains bloqués en Espagne, viendra le tour de ceux coincés en Turquie, puis ceux que les fermetures de frontières ont surpris en France, ceux qui attendent dans les pays du Golfe ; et ceux  qui se trouvent en Afrique.

Tous attendent… Et l’on peut comprendre leur impatience.

Tout à coup «pris au piège» loin de chez eux, dans une conjoncture mondiale inédite, avec toutes les contraintes que l’on imagine et l’incertitude sur une éventuelle date de retour au pays, leur vif souhait, depuis plus de 3 mois, est de voir leur problème résolu le plus vite possible.

La seule consolation, pour ceux qui ont eu cette chance, c’est d’avoir trouvé un fort soutien auprès du réseau diplomatique et consulaire de leur pays, le Maroc ; et un élan de solidarité spontané des bénévoles associatifs de la diaspora marocaine, qui ont la maîtrise du terrain dans les pays d’accueil.

Cette collaboration réussie entre le réseau consulaire marocain et le tissu associatif de la diaspora a particulièrement été remarquée dans la circonscription d’Orly, en France.

En effet, plusieurs ambassades et consulats marocains ont pris en charge les frais d’hébergement des compatriotes bloqués à l’étranger. Ils sont plus de 6.570 Marocains à en avoir bénéficié. Il y a eu également une prise en charge des frais de soins de nombreux autres.

Mais dans la circonscription d’Orly, le Consulat Général, avec à sa tête Nada Bakkali Hassani et l’Association «ASLI. Des femmes, une tradition», que préside Mouna Bennani, ont donné à cet élan de solidarité une touche plus empathique que ne le dictait le strict devoir.

Mouna Bennani en livre les détails. 

En France

Voilà ce qui a été fait du côté d’Orly…

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Mouna Bennani Présidente de l’Association ASLI

Entretien avec Mouna Bennani, Présidente de l’Association «ASLI. Des femmes, Une tradition»

Les Marocains bloqués en France par la pandémie se sont retrouvés, du soir au matin, sans avions à Orly et se sont donc naturellement tournés vers le Consulat général du Maroc à Orly. Comment s’est organisée la gestion de cette situation ?

C’est par un appel lancé dimanche 15 mars 2020 qu’on a appris que, du fait des suppressions des vols, plusieurs compatriotes marocains  en partance pour le Maroc se sont retrouvés coincés à l’aéroport d’Orly.

Le consulat général du Maroc à Orly a immédiatement pris les choses en main.

Mme la Consule Nada Bakkali Hassani et son adjoint Mr Hassan Daloul ont paré au plus urgent. La première réaction de Mme la Consule a été d’informer que le consulat prendrait en charge les frais d’hébergement ; et elle a sollicité  les acteurs associatifs pour trouver un hôtel qui serait en capacité de les accueillir. Nous, l’association ASLI qui ne sommes pas loin, sommes aussitôt sortis pour faire le tour des hôtels autour de nous. Au final nous avons obtenu plusieurs chambres dans un hôtel aux Ulis (Commune du département de l’Essonne, région Île-de-France).

Mme la Consule générale Nada Bakkali Hassani et son adjoint Mr Hassan Daloul ont créé une cellule de veille joignable 24/24 ,7/7 pour répondre aux différentes questions…

Je peux en témoigner, ils étaient en première ligne pour assister au quotidien tous les ressortissants marocains. Ils se sont occupés de plus de 900 d’entre eux. Ils ont mis en place un ensemble de mesures et dispositifs pour faire face à ces circonstances exceptionnelles. D’abord, cette cellule de veille joignable par téléphone et par mail pour accompagner 24/24 et 7/7 les concitoyens marocains touristes bloqués dans la circonscription consulaire et répondre à leurs questions. Et puis le soutien et l’écoute des ressortissants, en prenant régulièrement contact avec les concitoyens logés chez des proches ou par leurs propres moyens… 114 touristes, les plus en difficulté, ont été logés et pris en charge. Les familles marocaines qui ont perdu un proche, ont été accompagnées pour faciliter l’inhumation dans les carrés musulmans, etc.

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Marocains bloqués en France, consulat d’Orly

C’est donc comme ça que votre Association « ASLI, des femmes, une tradition » a été amenée à coopérer avec le Consulat de Orly? Qu’est ce qui a été fait dans le cadre de cette coopération ?

En effet. Un appel a été lancé à toutes les associations qui pouvaient aider. Et dans cette situation, nous, à l’association ASLI, nous avons aussitôt rejoint cette cellule d’écoute et soutien.

Le Maroc coprésidera l’Africa Focus Group relevant de la Coalition Internationale contre Daesh

Ce que nous avons fait dans le cadre de cette coopération ? L’association «Asli, des femmes une tradition» s’est mise à la disposition du Consulat. Et de ce fait, elle s’est assurée régulièrement de la qualité du lieu d’hébergement. C’est comme ça qu’il y a eu 5 déménagements parce que les hôtels n’avaient pas, ou plus, de service de restauration. A chaque fois, je suis restée en contact permanent avec chaque gérant d’hôtel, afin de s’assurer de la bonne gestion du groupe. Que ce soit pour leurs besoins de nourriture halal, comme pour leurs obligations, notamment celles du respect des règles de confinement… Et commandé et fait livrer des repas quand il n’y avait  pas de service de restauration dans l’hôtel ou autres lieux d’hébergement. Nous avons mis en relation, par téléconsultation ou sur place, les personnes malades avec un médecin généraliste ou des médecins spécialistes (cardiologue, psychiatre, endocrinologue, etc). Ces médecins sont tous volontaires et font partie de notre réseau. Nous nous sommes rendus à la pharmacie tous les jours pour retirer les médicaments et les livrer aux personnes souffrantes. Nous avons aussi sollicité un laboratoire qui a offert à notre association des appareils de mesure du taux de glycémie pour plusieurs patients souffrant de diabète.

Toujours en coordination avec le consulat, nous avons recueilli toutes les informations administratives de nos concitoyens. Ces données ont permis d’identifier chacun et chacune de manière formelle. Cela a permis aussi au Consulat d’aider ceux qui avaient un visa court, de les aider dans leurs démarches à la préfecture pour sa prolongation.

Il nous est même arrivé d’intervenir, en tant que médiateur, pour apaiser les tensions entre certains hébergés.

Nous avons mis en place le groupe sur WhatsApp pour un suivi quotidien et pour échanger entre tout le monde les infos, les besoins, les conseils etc. De manière à être joignables tous les jours et 24/24.

A cette occasion, permettez-moi de rendre hommage à nos 7 soignants qui accompagnent nos concitoyens marocains bloqués à Orly.

Deux d’entre eux font partie justement des touristes marocains bloqués. Il s’agit du Dr Fatima Boutiram, cardiologue et du Dr Melhaoui Abdelatif, cardiologue à Oujda. Côté France, nous avons pu nous appuyer sur plusieurs médecins bénévoles, en télé médecine. Le Dr Mohammed-Amine Rafaï, généraliste dans le Nord, le Dr Taoufik Khraïs, psychiatre à Meaux en Seine-et-Marne, le Dr Houda Banani, diététicienne et nutritionniste, Mme  Asmaa Oudaf, psychologue et Coach en PNL, du cabinet thérapeutique à Cachan. Et enfin, en direct du Maroc, le Dr Zakaria Fares Benomar coach professionnel.

Leur suivi médical, dès les premiers instants de confinement, a été d’une précieuse aide pour apaiser et rassurer les patients ayant des pathologies chroniques et qui s’étaient retrouvés à cours de médicaments.

Nadège, de la Pharmacie du cœur des Ulis, nous remet quotidiennement les médicaments qui sont aussitôt portés à leurs destinataires, là où ils sont confinés.

Je souligne  aussi qu’à ce jour, aucun compatriote marocain n’a été touché par le virus Covid-19. C’est dire combien les mesures de protection sanitaire ont été  respectées.

Malgré les mesures de confinement et les risques de cette pandémie, nous sommes tous là pour aider et assister tous les Marocains et Marocaines bloqués en France. Leur accueil et installation se sont passés dans de très bonnes conditions.

Les autorités françaises ont-elles été coopératives ?

Oui. Vous savez, le 18 mars, tous les hôtels de l’ile de France avaient fermé et le seul hôtel ouvert où nos compatriotes étaient rassemblés, lui aussi nous a informés de sa fermeture imminente.

J’ai aussitôt appelé Mr le Maire de Bures-sur-Yvette, Mr Jean François Vigier, pour nous aider. C’est ainsi que les Marocains d’Orly ont été relogés dans un hôtel plus confortable, réquisitionné avec l’aide du maire Jean-François Vigier et du Préfet de l’Essonne, M. Albertini. Un grand merci pour leur réactivité.

Il y a eu des événements importants, comme le Ramadan, la fête  (Aïd El Fitr)… Comment ça s’est passé pour ces Marocains bloqués loin des leurs ?

A l’occasion du mois du ramadan, il fallait que nos concitoyens bloqués en France depuis le 15 mars soient installés dans un nouvel hôtel qui permette le service du Ftour. Là aussi, Mme la Consule Nada Bakkali Hassani a tout fait pour coordonner l’hébergement accompagné d’un menu Ramadanesque.

Nous, ASLI, nous avons trouvé, malgré la situation inédite, un traiteur marocain pour assurer une distribution de nos repas traditionnels, pendant le Ramadan .

Nous avons également organisé une soirée pour commémorer la nuit du destin. Au Maroc, cette fête est perçue, depuis des siècles, comme celle de l’enfance, de la famille et des traditions ; et aussi un jour de partage et de charité. Au cours de cette nuit, nous avons mis à l’honneur une future maman et la seule petite fille, Nidale. Le consulat a offert des cadeaux à tous (tapis de prière et petites gourmandises, pour chacun). Il fallait voir leur joie… 2 fois par semaine, nous organisons des ateliers thérapeutiques pour une santé  holistique et pour leur bien-être, ainsi que des séances de coatching en PNL (Programmation Neuro-Linguistique).

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Cadeaux du Consulat d’Orly aux Marocains bloqués en France, dans la nuit du destin (Ramadan)

« ASLI » a-t-elle été rejointe par d’autres volontaires dans ces actions de solidarité ?

La visite d’une délégation américaine à Dakhla reflète l’appui sans faille au processus d’ouverture d’un consulat US

Oui. L’association Mémoire France Maroc (l’AMFM), présidée par Nouria Zendafou Rezeg, nous a dès le début soutenus. Elle a même délaissé ses préparations de modules de formation, où elle est experte, pour se mettre derrière sa machine, achetée fin mars pour l’occasion et fabriquer, avec les moyens du bord, autant de masques que possible.

Ainsi nos compatriotes et nous-mêmes, avons bénéficié d’un masque en tissu fait avec  amour et solidarité. Elle, qui n’a jamais utilisé une machine à coudre, donne de son temps bénévolement pour fournir les personnes qui le souhaitent .

Je peux dire un mot sur cette Association ? Son objectif est de transmettre le souvenir des soldats marocains et des troupes coloniales qui ont participé aux grands conflits mondiaux pour soutenir la France et ses alliés de guerre, de faire connaître leurs parcours, leur bravoure, leurs citations par les armées françaises, pour qu’ils ne soient pas oubliés. Et elle s’intéresse tout particulièrement aux jeunes générations franco-marocaines, qu’elle veut aider à préserver les liens qui ont toujours existé entre la France, leur pays de naissance et le Maroc, pays de leurs ancêtres et parfois de naissance de leurs parents. Pour l’AMFM, cette «action de transmission» auprès des jeunes générations vise aussi à les aider à fixer leurs repères et à définir leur propre identité.

Aujourd’hui, où en êtes-vous en attendant le rapatriement qui approche?

Cela fait près de 3 mois que nos touristes marocains-es bloqués sont installés à l’hôtel. Ils s’adaptent tant bien que mal aux mesures de confinement. Lectures, activités physiques improvisées, discussions, grandes résolutions, formation par nos ateliers… Chacun échappe comme il peut au climat anxiogène.

En même temps, peu à peu, une solidarité inédite se met en place. Nous nous appuyons sur une solide collaboration avec des bénévoles parmi les résidents, pour qu’ils prennent le relais sur place et nous transmettent les informations et besoins éventuels des uns et des autres, au quotidien. Ils facilitent aussi la communication en expliquant les consignes et en traduisant les menus et autres infos en langue arabe à celles et ceux qui ne maîtrisent pas la langue française.

Chacun et chacune y va de sa compétence et de ce qu’il lui est possible de faire, pour faciliter le quotidien de tous, en attendant qu’ils puissent réaliser leur vœu qui est de retourner dans leur foyer au Maroc et de retrouver leurs proches, parents, frères et sœurs.

En ce qui nous concerne, à ASLI, nous les remercions infiniment pour leur patience et leur compréhension de cette situation que la crise sanitaire nous a imposée à tous.

Nous exprimons notre profonde considération à notre Roi, Sa Majesté Mohammed VI, pour sa Haute Bienveillance à l’égard des ressortissants marocains-es bloqués en France.

Mille mercis à Son Excellence l’Ambassadeur et à Mme La Consule du Royaume du Maroc à Orly Nada Bekkali-Hassani, ainsi qu’à Mr Hassane Daloul, pour leur réactivité, leur présence minute par minute et leur prise en charge de tout ce séjour forcé.

Vous, personnellement, quels enseignements tirez-vous de tout cela?

Très modestement, j’en tire une expérience enrichissante et une fierté. Dans cette situation inédite provoquée par la crise sanitaire, la coordination et la solidarité se sont imposées à nous tous. Cette pandémie que personne n’attendait, ni n’imaginait, nous a soudés et je suis fière d’avoir pu contribuer, à mon humble niveau, à soutenir et aider mes compatriotes marocains, à l’occasion de ce qui en 2020 aura marqué l’Histoire. Et puis, c’est dans ce genre de situation qu’on se découvre. En ce qui me concerne, avec le stress et les défis de cette pandémie, j’ai trouvé en moi une énergie que je n’avais jamais soupçonnée. Il fallait juste se mobiliser contre ce virus invisible, imprévisible, qui causait tant de dégâts.

La responsabilité que j’avais était de maintenir le moral de ceux qui sont devenus une seule famille, en essayant de toutes mes forces de les aider à ce qu’ils se sentent le mieux possible.

C’est une situation exceptionnelle et nous devons être à la hauteur du moment présent en nous armant de courage et de patiente. Nous sommes tous guidés par notre éducation, les valeurs auxquelles on croit et l’empreinte de nos origines. C’est le crédo de notre Association «ASLI». Je crois sincèrement que je l’ai été tout au long de cette expérience inédite.

Je ne voudrais pas terminer sans souligner la précieuse contribution de notre bénévole, Monsieur Ben Chaffi, qui depuis le début est toujours présent. Merci à lui.

Merci aux agents, cadres, responsables administratifs et employés consulaires impliqués et dévoués, sans lesquels personne n’aurait pu être pris en charge aussi vite… Enfin, merci au personnel accueillant de l’hôtel, qui était présent au quotidien, avec une patience et un dévouement hors pair!

Que sait-on de ASLI ?

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L’Association «ASLI. Des Femmes, une Tradition» se fixe comme objectifs de:

*Valoriser le savoir-faire des femmes et des hommes.

*Favoriser le vivre-ensemble écoresponsable

*Transmettre le savoir-faire ancestral

*Contribuer au développement durable, social et solidaire

*Encourager le développement de l’entrepreneuriat féminin, spécialement l’artisanat. Pour cela, ASLI France, collabore avec un réseau d’associations basées en France et au Maroc, qui ont chacune des compétences spécifiques:  le juridique, l’entrepreneuriat, le digital, l’insertion socio-professionnelle, le culturel, le médical, l’enseignement supérieur.

LR

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