Mon petit miracle sur les réseaux sociaux

Nacera, 27 ans, cadre administratif, est mariée, sans enfants.  L’intrusion dans la vie privée via les réseaux sociaux a eu une portée bénéfique pour cette jeune femme, dont voici le récit. 

«Les plus beaux jours de ma vie, je les vis actuellement et cela grâce aux photos de mon mariage qui ont circulé sur le net. J’avais pourtant espéré qu’il n’en fut rien. Je l’avais même interdit à tous mes proches. Mais manifestement, d’autres personnes s’en sont chargées. Maintenant, au vu de ce qui en a découlé, vraiment, je ne peux que les féliciter. Grâce à ces gens et à leur navigation sur le web, j’ai pu accéder à un incroyable bonheur qui me semblait irrémédiablement inaccessible. Enfin, je ne serai plus jamais une descendante de je ne sais qui, étiquetée «enfant adoptive» par tous. Désormais, je sais d’où je viens et je ne suis plus seule. Il y a aussi que ce qui se raconte sur «l’appel du sang » est vrai, j’en ai aujourd’hui la preuve formelle.

Mon histoire ? J’ai été une enfant adoptée à ma naissance, mais je ne l’ai su qu’à mes 14 ans. C’est une de mes fausses «cousines», avec qui je ne m’entendais jamais, qui, sous l’emprise d’un accès de jalousie et de colère, m’avait balancé cette vérité. Sur le coup, nos parents, complètement pétrifiés par cet aveu, avaient tenté de sauver le décor. Malheureusement pour tous, ma fausse tante, en assenant une correction des plus magistrales à sa fille, avait aggravé la situation. Cette petite peste en pleurs s’égosillait à répéter en boucle les détails d’une discussion passée entre son père et sa mère à mon sujet. Il faut bien dire que ceux qui étaient le plus à plaindre devant cette scène n’étaient que mes pauvres parents adoptifs. Ils étaient au plus mal et furent bien évidemment contraints et forcés de me dévoiler le secret.

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Cela ne fut pas facile pour moi d’accepter cette vérité. Du côté émotionnel, le choc était énorme; il fut très difficile de m’en remettre.  Dès lors, mon insouciance et ma naïve gaieté d’antan étaient perdues. Et puis, je me souviens que continuellement, sans relâche, j’abordais le sujet. Il me fallait à tout prix tenter de leur soutirer l’information capitale, à savoir l’identité de mes vrais parents. Ils répondaient tout le temps qu’ils n’en savaient rien. Me résigner à les croire était impossible, du moins à cette époque.

Je n’ai jamais eu de problème avec mes parents qui ne m’ont jamais privée de leur tendresse et de leur affection. Pourtant, je pleurais souvent, espérant du fond du cœur que ma vérité n’était qu’un mensonge. Ce n’est qu’avec le temps que je recouvrais la sérénité. Le deuil des regrettables souvenirs du passé avait été lent. D’autres préoccupations, surtout celles de mes études, puis de ma carrière, avaient pris le dessus. Sans oublier, plus tard, ma rencontre avec mon futur époux.

Mes adorables parents qui sont ma fierté m’ont offert un très beau mariage.  Evidemment, les mauvaises langues dans la famille avaient eu de quoi alimenter leurs minables petits meetings. Elles se délectaient à exposer dans les détails mon fabuleux destin d’enfant adoptive. Mais un peu comme pour les punir, le ciel me fit don d’un somptueux cadeau de mariage. J’allais connaître ma vraie famille et mieux encore ma vraie sœur, ma jumelle!

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Le partage massif  de vidéos et de photos de la fête de mon mariage par des invités avec leurs contacts, via internet, a permis à ma sœur de me retrouver. Contrairement à moi, elle savait qu’elle avait une sœur jumelle. C’est notre ressemblance identique qui l’a alertée. Elle se mit immédiatement à entamer des recherches pour pouvoir me contacter et arriver jusqu’à moi.  

Que d’émotions dans nos retrouvailles! J’étais comblée et je le fus encore plus lorsque je rencontrais mes grands-parents et tous les membres de ma vraie famille. Je sus aussi que mes vrais parents, sans livret de famille, vivant alors dans l’extrême précarité, avaient pris la décision volontaire de placer une de leur jumelle en adoption. Après m’avoir remise à mon père et ma mère adoptifs, ils rebroussèrent chemin. Ils furent victimes d’un accident de la route de l’autocar qui les ramenait à leur village. Mes grands-parents n’avaient alors pas les moyens pour tenter des recherches plus approfondies. Ma sœur jumelle était restée avec eux au bled jusqu’à ce qu’un cousin vivant dans la capitale l’épouse. Elle n’avait jamais consenti à enfanter pour poursuivre ses études. Elle me confia qu’elle avait toujours su que je n’étais pas morte. Aujourd’hui, nous sommes réunies à notre grand bonheur !».

Mariem Bennani

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