Nouvelle-Zélande : Massacre de haine aux antipodes

Nouvelle-Zélande : Massacre de haine aux antipodes

La communauté musulmane a été frappée par un acte terroriste faisant 50 morts en Nouvelle-Zélande. Ce pays est sans doute le dernier où on s’attendait à ce type de crimes de masse.

Un pays de moins de 6 millions d’habitants, avec 60.000 immigrés. Dans un pays considéré comme paisible et qui n’a connu que 35 meurtres en 2017 (dont à peine une dizaine par arme à feu), cette attaque terroriste, préparée depuis plusieurs mois, a suscité la stupéfaction

L’auteur des attentats contre deux mosquées du centre-ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, qui a fait 50 morts, est un Australien de 28 ans, Brenton Tarrant. C’est un militant de l’ultra droite raciste et islamophobe. Il est à noter qu’il n’est pas néo-zélandais, mais australien, un  pays «white australia» qui a une politique migratoire particulièrement répressive. Tous les ans, le gouvernement définit des quotas d’accueil précis. En 2014, quelque 180.000 immigrés ont ainsi été intégrés. Mais Canberra a une tolérance «0» envers les demandeurs d’asile arrivés par bateau. Et c’est au nom de la lutte contre les gangs de passeurs que les bateaux tentant de gagner illégalement ses côtes sont systématiquement repoussés.

Le tueur a voulu démontrer que le problème du «grand remplacement» était mondial et sans frontière. Il explique son acte et ses motivations. L’élément déclencheur du passage à l’acte a été pour lui un voyage en Europe, notamment en France. Pour lui, il y a un risque, en raison de la poussée démographique de submersion du monde blanc par une immigration favorisant l’islamisation. L’ancien instructeur de fitness et militant d’extrême droite déclaré a écouté impassible le chef d’inculpation porté à son encontre. Il n’a pas demandé à bénéficier d’une libération sous caution et restera en prison jusqu’à sa prochaine comparution devant le tribunal, prévue le 5 avril.

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La Nouvelle-Zélande connaît l’une de ses journées «les plus sombres» après ces attentats «sans précédent», estime la Première ministre. Par ailleurs, Jacinda Ardern appelle à ne pas «partager ou propager ce message de haine» en diffusant les images filmées par un tireur. Evoquant le ou les responsables de ce massacre, la Première ministre a estimé qu’ils avaient choisi de cibler la Nouvelle-Zélande, car le pays représente «la diversité, la gentillesse, la compassion et un foyer pour ceux qui partagent nos valeurs. Vous nous avez choisis, mais nous vous rejetons et vous condamnons totalement».

«Nous sommes dévastés et très inquiets», raconte Simo Abbari, un restaurateur d’origine marocaine installé à Christchurch depuis vingt-six ans. Joint par Libération tard vendredi 15 mars, près de dix heures après les faits, il restait sans nouvelles de plusieurs amis qui se trouvaient dans l’une des mosquées visées. «Jamais je n’aurais imaginé qu’une telle attaque puisse se produire ici, dit ce natif de Casablanca. Nous avions le sentiment de vivre dans le pays le plus sûr du monde, pas seulement parce qu’il est lointain et isolé, mais parce que notre communauté se pensait sincèrement à l’abri de tels actes violents… On ne voulait pas prêter attention aux idées haineuses et stupides d’une poignée de fanatiques. Nous avons sans doute été trop naïfs », dit Simo Abberi, le restaurateur d’origine marocaine, ajoutant: «Nous devons rester unis, ne pas nous diviser. Mais en frappant ici, dans un endroit aussi isolé, ce terroriste envoie un message. D’un seul coup, quelque chose bascule: on sait désormais qu’aucun endroit n’est sûr».

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Cette même année, une polémique avait secoué l’université d’Auckland, où des affiches avaient été placardées par des groupes suprémacistes blancs, appelant à recruter avec des slogans comme «White Lives Matter» («la vie des Blancs compte») et «White Pride» («fierté blanche»). Plusieurs groupuscules extrémistes et anti-immigration existent aussi à Christchurch, dont le Resistance Party et le National Front qui a relayé sur son site internet la vidéo du massacre et le manifeste de son auteur présumé.

Pour le chercheur Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, on est face, plus qu’à une extrême droite style Marine Le Pen, à une ultra droite prête au conflit armé. On y trouve des suprémacistes blancs et des éco-fascistes. Il faut, pour eux, préserver les ethnies humaines en les séparant et en les laissant dans un écosystème propre. Le manifeste du terroriste est assez confus même s’il se revendique d’Anders Behring Breivik, le terroriste norvégien qui avait tué des dizaines de personnes en 2011 à Oslo et Utoya. Il parle du grand remplacement, une théorie française de Renaud Camus, mais qui n’appelle en rien à une réaction violente. Il y a aussi chez Tarrant des relents de nazisme.

Le point commun d’un manifeste embrouillé, c’est un racisme s’alimentant d’islamophobie. Pour le moment, cela s’est traduit par des actes isolés dans les pays où l’on s’y attendait le moins.

Mais il est certain qu’il y a, maintenant, une autre menace terroriste mondiale que celle du terrorisme islamique.

Patrice Zehr

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