Moi, institutrice, congédiée pourquoi ?

Sakina, 48 ans, maîtresse d’école, est mariée et a 2 enfants. Elle a été licenciée, après avoir été brutalisée par la maman d’une de ses élèves. Double peine ?!                                  

«J’ai toujours adoré mon métier. Des enfants en bas âge à instruire, c’est un réel enchantement. Malheureusement, aujourd’hui, on m’a acculé au repos forcé. Je dirais plus exactement que j’ai été victime d’un licenciement abusif. Si actuellement je souffre terriblement, c’est parce que je ne comprends pas que l’on ait pu se débarrasser de moi de la sorte pour soi-disant ne plus nuire à la réputation de l’établissement. Alors que c’est moi la martyre dans l’histoire.

Dernièrement, comme d’habitude en cette période de l’année à l’école, nous entamons les premiers petits examens de contrôle. Les exercices que je donne à mes petits élèves ne sont guère difficiles. Habituellement, ce n’est que l’occasion de me permettre d’évaluer la compréhension des leçons qui ont été expliquées en classe et l’aptitude à l’écriture de chacun. D’ailleurs, sans pour autant me jeter des fleurs, quasiment tous mes enfants me procurent une grande satisfaction. Evidemment, quelques rares exceptions en début d’année échappent à la règle. Il s’agit très souvent de nouveaux venus dans l’établissement. Pour les mettre à niveau ou trouver l’explication du retard, je cherche à rencontrer leurs parents afin de dialoguer. De toute façon, généralement, je suggère du soutien à la maison. Ce n’est pas sorcier qu’un membre de la famille surveille des petits travaux d’écriture ou de la lecture. Une heure par jour, c’est largement suffisant. Les petits, à cet âge, ne doivent en aucun cas être surchargés en exercices, ni molestés. J’insiste pour que cela se fasse avec plaisir; c’est à l’adulte de savoir comment s’y prendre. Parfois, certains parents, justement ceux dont les enfants ont des problèmes, prétendent être trop occupés ou ne pas avoir de la patience. Ils me supplient d’accorder un peu de mon temps libre à leurs rejetons et leur dispenser des cours particuliers. Je refuse catégoriquement, cela n’est pas concevable. Ce ne sont pas des équations mathématiques à expliquer ou à résoudre tout de même. Je ne les abandonne pas à leur triste sort pour autant. Je leur donne quelques conseils qui, en fin de compte, portent leurs fruits peu de temps après. Je constate de très nettes améliorations pour le bonheur de tous. Cela s’est tout le temps passé de la sorte et sans problèmes, jusqu’à la semaine dernière.

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Après la correction de mes petits tests, j’ai été interpellée à la sortie des classes par la maman d’une petite. Cette jeune dame, qui ne paraissait pas au mieux de sa forme, me demandait de lui donner des explications quant au zéro que j’avais mis à sa fille. A ma tentative d’éclaircissement, je la vis débloquer complétement. Visiblement, elle n’avait pas compris que la note correspondait à un seul exercice. Elle se mit à crier de toutes ses forces qu’il n’était pas pédagogique de donner un zéro à un petit enfant. Que cela risquait de perturber sa scolarité à vie. En plus, elle-même était professeur universitaire et elle n’avait jamais apposé une telle note à l’un de ses élèves. Je tentais de la calmer en lui disant pour la seconde fois que cette note n’était pas pour l’ensemble du test. Cela révélait seulement que son enfant n’avait pas compris une leçon. Sur ce, elle devint livide et s’en prit ouvertement à ma façon d’enseigner. Elle disait que si sa fille n’assimilait rien en classe, c’est parce que j’étais incompétente. Et qu’une institutrice digne de ce nom ne peut pas se permettre de dire de pareilles sottises.

C’en était trop, elle avait dépassé les bornes. Cette maman m’avait vraiment sortie de mes gonds avec ses manières hautaines et ses insultes. Je ne pus m’empêcher de lui rétorquer qu’effectivement, je suis incompétente face au manque de vivacité d’esprit d’un enfant. Que je ne pourrais jamais prétendre être capable de m’occuper de lenteur inexpliquée ou de problèmes d’ordre psychologique. Qui plus est, les exercices de ce contrôle ne sont que les énièmes répétitions de ce qui avait déjà été enseigné l’année précédente.

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Cette fois, elle riposta non pas par des mots, mais carrément par des coups. Le scandale fut inévitable, puisque cela se passait en pleine sortie des classes. Il avait fallu l’intervention de nombreuses personnes pour neutraliser cette folle furieuse. Ce jour-là, pour la première fois de ma vie, je rentrais chez moi en pleurant. Je remarquais aussi avec amertume que je n’avais eu que le soutien des miens. Et ce n’était pas tout: d’autres surprises consternantes m’attentaient les jours suivants. Dès le lendemain, l’accès dans ma classe m’était interdit. Le directeur y avait d’emblée casé une remplaçante, sans se soucier de ma version des faits. Une fois dans son bureau, il me demandait de prendre quelques jours de congé. Selon lui, il était indispensable que tout le monde oublie l’impardonnable incident de la veille. Cet homme, je le connaissais depuis des années. Avec d’autres collègues, nous avions contribué au démarrage de son projet éducatif. Je lui accordais toute mon estime et surtout une confiance aveugle. Je fis comme il me l’ordonnait, mais ce fut une grave erreur de ma part. Parce que deux semaines plus tard, je recevais deux lettres, une de licenciement pour abandon de poste avec faute grave et une de l’inspection du travail pour les mêmes motifs. Dix-sept années de coopération loyale n’eurent aucune valeur, face à la clientèle».

Mariem Bennani

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