Nous sommes des filles et nous sommes fières d’aider nos parents !

Lamiae, 32 ans, est salariée et célibataire. Il en coûte à cette jeune femme et ses deux sœurs de sortir d’un schéma traditionnel où le masculin s’imposait. Voici ce qu’elle raconte.

«Avant de pouvoir compter sur nous, ses filles, pour prendre en charge toute la famille, mon père était employé en tant que cordonnier dans une petite entreprise familiale. Malheureusement, la boîte en question n’avait pas pu résister à la concurrence sur le marché d’articles d’origine chinoise. Il s’était retrouvé au chômage sans le moindre filet de sauvetage. En plus de n’avoir jamais été déclaré, il n’avait même pas reçu de prime d’indemnité pour 17 ans de bons et loyaux services.

Son calvaire n’était pas terminé et ce, même quand il avait enfin trouvé une place d’aide dans une cordonnerie. Cette fois ci, son patron avait été sommé par voie de justice de restituer les clés de son magasin au nouveau propriétaire de l’immeuble. Il s’agissait d’une vétuste construction qui devait être complétement rasée pour un complexe tout neuf.  Décidé à ne pas s’avouer vaincu, il avait installé une petite table et un tabouret au coin de notre quartier pour rafistoler toutes les pompes usées du voisinage. Mais ce qu’il en tirait, était beaucoup trop décourageant. Il avait fini par se terrer dans notre maison pour s’occuper de toutes les nombreuses réparations restées en plan depuis une éternité.

Ma mère avait dû courageusement faire tourner la gamelle toute seule, avec son job de vendeuse dans une petite boulangerie. Heureusement que mes parents avaient eu l’opportunité, grâce au programme de lutte contre l’habitat insalubre, d’acheter une parcelle de terrain. Ils l’avaient construite petit à petit, pour ne pas nous priver d’école. Même si rien n’était facile tous les jours, nous avons quand même grandi dans une ambiance chaleureuse et joviale. En plus, nous ne nous sentions pas plus défavorisés que d’autres puisque tout le voisinage était logé à la même enseigne. Cependant, très tôt avec mes sœurs nous ne rêvions que du jour où nous pourrions décharger notre mère de son lourd fardeau. Et c’est une promesse que nous avons tenue.

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Elle n’a pas relevé du miracle, au contraire nous avons dû nous battre comme des diablesses pour y parvenir. Que cela plaise ou non aux langues fourchues, c’est la pure vérité. Mes deux sœurs diplômées dans le secteur de la restauration avaient pleuré de joie quand elles avaient reçu leur contrat d’embauche dans un des pays du Golfe. Avec leur caractère bien trempé et une volonté en béton, elles en avaient quand même vu des vertes et des pas mûres avant de pouvoir se fixer dans du solide. Elles n’ont jamais été en rab de générosité pour autant. Avec les mandats qu’elles envoyaient régulièrement, toute notre maison avait été retapée de fond en comble, mobilier y compris.

Pour nous remercier et ne pas nous léser mon père nous avait permis de devenir chacune propriétaire d’un étage chez lui. Nous avions procédé à leurs constructions avec nos propres sous. Avec mes sœurs, nous sommes restées égales à nous-mêmes et adorons nous retrouver quand elles viennent en vacances. Nous continuons de garder la tête froide. D’ailleurs, nous projetons de nous associer pour monter une petite affaire. Et j’espère que nous n’en finirons pas de rendre dingues de jalousie les gens qui ne savent rien de tous nos efforts. Inlassablement, ils ne cessent de médire à notre sujet. Ils nous inventent des vies et toutes sortes d’histoires incongrues. 

En ce qui me concerne, je doute qu’ils sachent que dans mon boulot, on se sert de moi comme d’un joker. Et que ce monde sans pitié ne témoigne jamais à personne de la reconnaissance. C’est vrai qu’à ce jour, je n’ai jamais obtenu la moindre indemnité pour un nombre incalculable d’heures sup. Pourtant, je continue, en plus de mon boulot, de faire du remplacement. On m’appelle parce que je suis la seule à être en capacité de faire tourner et réparer beaucoup de machines industrielles. Je le dois à ma discipline et à ma soif d’apprentissage, qui m’ont permis des stages de formation. Je suis parfaitement consciente que l’on m’exploite à fond mais je refuse de manifester la moindre opposition. Et dire que ceux qui bavent sur nous, nous imaginent toujours batifolant dans de la soie rouge.

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Pour le moment, mon boulot je ne l’échangerai pour rien au monde. Grâce à lui, je paye les traites de mon crédit qui n’est pas près d’être soldé. Aussi, je me suis portée garante des frais de scolarité de mes jeunes frères et de toutes leurs petites fantaisies. Là aussi, les mauvaises langues et les jaloux y ont trouvé du pain béni pour salir notre réputation. Ils jurent à qui veut les entendre qu’ils sont des enfants naturels de l’une d’entre nous. Et que nos parents, ne sont ni plus ni moins que des maquereaux qui devraient avoir honte d’oser se la couler douce ainsi. Ces tarés se fichent complètement des témoins qui avaient porté secours à ma mère en l’accompagnant dans leur voiture pour qu’elle puisse mettre au monde par césarienne les jumeaux. 

Mes petits frères sont arrivés très tard mais ils ont apporté avec eux beaucoup de bonheur à la maison. A certaines personnes dont le cerveau devrait être réactualisé, on devrait décerner la palme d’or de la jalousie et de la médisance. Ne serait-ce que pour qu’ils se rendent compte de comment les gens sensés bien ancrés dans le présent jugent leurs viles bassesses. Nous ne sommes pas des hommes qui aident leurs parents. Nous sommes des fremmes et nous continuerons de faire comme bon nous semble!

Il y a des jours où cela devient tellement lourd et insupportable qu’on a envie de répondre en sortant l’artillerie lourde pour faire exploser les tombes où sont enterrés les vrais secrets de certains. Mais, notre sagesse, nourrie à saturation d’optimisme et de désir de voir s’accomplir nos ambitions, nous rappelle toujours à l’ordre».

Mariem Bennani

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