Je veux fêter ce nouvel an

2012 a été terrible aux quatre coins de la planète, avec crise économique, guerres meurtrières, manifestations sanglantes… En cette fin d’année, certains jeunes, pas encore majeurs, ont décidé de faire la fête, loin du cocon familial… Comme Adam. Son histoire.

Ils ne sont pas encore majeurs, mais ils se sentent «grands» et ont soif d’indépendance. Ils veulent se retrouver entre eux. Est-ce leur manière à eux de dire qu’ils sont angoissés et qu’ils ont peur de l’avenir? Adam 18 ans, est étudiant en première année dans une grande école publique très sélective.

Il voudrait passer les fêtes de fin d’année avec ces amis dans un club. Ses parents ne sont pas d’accord. Que va-t-il faire?

«J’ai 18 ans et cette année je voudrais fêter le nouvel an avec mes copains, ailleurs qu’à la maison. Mon souhait semble être aux yeux de mes parents une dérive inconséquente à l’éducation qu’ils m’ont donnée jusqu’ici. Pourtant, moi, je n’y vois aucun mal. Ce nouvel an que j’ai toujours fêté en famille à la maison, je voudrais en connaître la féerie dans le monde extérieur et avec d’autres personnes. Il y a déjà bien longtemps que j’en rêve. Les programmes que je vois circuler à travers les publicités que je rencontre sur la toile ou dans les journaux sont aussi séduisants les uns que les autres. Quand j’entends mes amis parler des avantages et inconvénients de telle ou telle destination déjà essayée, qu’est-ce que je me sens ringard à côté d’eux! Ce sentiment, je le dois à mon père, qui ne nous a jamais donné cette chance. Quand j’étais petit, ce n’était pas un problème, le nouvel an voulait tout simplement dire congé et changement de la date sur nos cahiers. D’ailleurs, je trouvais que tout le monde en faisait un tabac pour rien. Je trouvais cela déconcertant et illogique. Pour nous, écoliers, l’année commençait en septembre et finissait l’été en juin. Et pour le monde des grands, l’année commençait quatre mois après la nôtre et se terminait 12 mois plus tard à la même date. Dans ma tête, c’était la confusion totale. Pour ma mère, toute fête était une occasion de nous faire plaisir. Elle nous concoctait un dîner spécial. Ce somptueux repas était chargé en friandises et petits plats. Rien que pour ça, mes frères et moi adorions cet événement. Il n’y avait pas de musique, ni de danse, à cause de mon père. Ces lubies sont absolument interdites et contraires à son idéologie. En revanche, il n’a jamais été contre le dîner. Je trouvais ça bizarre et incompréhensible. Plus tard, grâce à l’école, je compris ce qui me troublait. J’ai tout le temps évité de véritables discussions avec les parents et surtout avec mon père. Avec lui, les explications se déployaient toujours en un discours moralisateur et interminable qui, pour ma petite tête, était plein de contradictions. Chaque question avait pour réponse un récit de 3 ou 4 heures. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouvais ses longues explications non convaincantes. Peut-être était-ce dû au fait que d’autres façons de voir les choses m’étaient offertes par le biais de mes camarades de classe? Eux revenaient des congés de fin d’année enorgueillis et fanfaronnaient. Ils fêtaient cet événement avec leurs parents dans un restaurant ou dans un hôtel ailleurs que dans notre ville. Je trouvais ça fabuleux, au point que je me suis mis en tête que mon père était un sacré avare sans scrupules qui se cachait derrière ses prétendues convictions pour ne pas nous sortir ce jour-là. C’est pour cette raison que je me suis résolu à patienter, attendant de grandir pour réaliser ce dont il nous privait. Finalement, elle est arrivée l’année où moi aussi j’ai l’opportunité de valider mes propres convictions et aspirations. Pour moi, les anciennes habitudes familiales doivent être définitivement enterrées. Je ne suis plus un enfant, ni un adolescent. Je suis un individu à part entière, j’ai même une carte d’identité nationale. Financièrement, je suis toujours dépendant de mes parents et je le serai encore pour un bon bout de temps. Mais n’ai-je pas le droit d’avoir un bonus pour toutes ces années où j’ai été docile, conciliant et studieux. Les souhaits de mes parents en ce qui concerne mes résultats scolaires, je les ai réalisés. J’ai passé mon bac l’an dernier avec succès et j’ai réussi mon concours d’entrée dans une grande école vraiment pas facile d’accès. J’ai toujours suivi les conseils de mes parents en ce qui concernait mes études.

Aujourd’hui, il s’agit de décider de mes vacances. Il est hors de question, cette année, de passer un nouvel an pépère à la maison, comme un bébé ou un vieux. Je veux danser, chanter, m’amuser. C’est une fête qui n’est ni traditionnelle, ni religieuse, ni nationale. Elle est célébrée par le monde entier. Je ne vois pas où est le mal si je la fête avec mes amis. Je les côtoie bien toute l’année et nous avons vécu des périodes de stress intenses. Vraisemblablement, je suis le seul à penser comme ça, parce que depuis que j’ai parlé de mes intentions aux parents, c’est la crise à la maison. Pour mon père, c’est un non sans appel. Ma mère, qui généralement est plutôt souple et qui ferme les yeux pour quelques-uns de mes caprices, dit qu’elle ne peut pas contrecarrer la décision paternelle. Elle prétend aussi que c’est un soir où beaucoup d’accidents de la circulation surviennent. Je sens peser sur moi toute l’injustice du monde. Les jours approchent et dès que j’entreprends une démarche pour en reparler, tout le monde prétexte quelque chose d’urgent à régler et disparaît. Je ne suis pas un rebelle, ni un voyou et la bénédiction de mes parents compte beaucoup à mes yeux. J’ai été éduqué ainsi, mais j’ai la ferme intention de voir mon projet aboutir. J’ai donc secrètement réuni la somme que je dois verser à mes amis pour ma quote-part. J’ai tout aussi secrètement contribué à tous les préparatifs, réservations, petits achats… Et, comme un collégien en internat, je compte «faire le mur» la nuit du 31 décembre et téléphoner à ma mère quand je serai loin, juste pour qu’ils ne paniquent pas… Ce sera ma première vraie désobéissance à mes parents. Mais c’est de leur faute. Il faut bien qu’ils comprennent que j’ai grandi. Avec l’obstination de mon père, ça devait arriver un jour ou l’autre; ça arrive aujourd’hui… A moi donc la fête du jour de l’an entre amis! Je ne veux même pas penser à la colère du jour d’après».

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