Mon veuvage précoce et ma belle-famille, deux malheurs à la fois !

Zineb, à 27 ans, est déjà veuve et mère de 3 enfants. Cette jeune femme raconte ce qu’elle a enduré avec sa belle-famille à son veuvage. Voici son récit.

«A 25 ans, j’avais dû me résigner à m’occuper seule de ma petite famille. Je m’étais retrouvée face à ma triste réalité, une fois que tous ceux qui s’étaient associés à ma douleur, s’étaient dispersés. Je peux vous dire que voir mon monde s’écrouler brutalement, fut pire à supporter que l’affliction du deuil. Jamais, ne serait-ce que le millième d’une seconde, je n’avais soupçonné l’éventualité d’une telle fatalité. Totalement dépendante de mon mari, rien ne me semblait plus préoccupant que d’élever correctement mes petits et de m’acquitter de mes tâches domestiques quotidiennes. Des exigences extérieures à notre domicile, je n’en savais rien. Elles étaient du ressort de mon défunt époux qui en maitrisait toutes les facettes. Elles furent mes tous premiers obstacles à affronter, avec l’opposition flagrante de ma belle-famille.

Je n’ai pas été de celles qui ont fait des études, je n’avais même pas été capable d’obtenir un certificat d’études. Je l’ai tellement regretté, surtout lorsqu’il avait fallu régulariser ma situation auprès de l’Administration. Il en fallait des documents à fournir et ne pas se tromper. Heureusement pour moi, je n’avais pas complètement perdu la tête et que j’avais obéis à la sommation instinctive de m’occuper immédiatement de la paperasse de mon époux. Et dire qu’encore sous le choc de la nouvelle, dévastée de douleur et de larmes, je m’étais ruée dessus comme si ma survie en dépendait. J’avais raflé le moindre bout de papier pour le monter au débarras de notre terrasse. Ensuite, j’avais mêlé le paquet au linge sale des enfants, en prenant minutieusement soin de sceller la porte au verrou et au cadenas. A cette incompréhensible et incontrôlable crise d’hystérie, je dois beaucoup.

Pour commencer, il y avait eu mes beaux-parents qui sans détenir aucune preuve avaient manifesté leur droit immédiat d’accéder à leur 1/6 d’héritage sur la maison et sur le reste, si infime soit-il. J’avais conclu avec eux un accord en leur fournissant ce que ma mère m’avait généreusement prêté. Plus tard, ils m’avaient intenté un procès pour récupérer le reste sans aucune compassion, ni pour moi ni pour leurs petits-enfants. Aussi pour percevoir la petite indemnité de veuve et ma pension, j’avais cru bon solliciter l’assistance de mon beau père, l’écrivain bénévole de son quartier. Cet homme qui se montrait tellement bon avec les autres m’avait clairement signifié qu’il ne lèverait pas le petit doigt sans en dégager un bon bénéfice.  

Pour vous, mes enfants…

Malgré le solde de mes dettes envers eux, ces gens avaient continué d’être animés par une absurde et démentielle rancune à mon égard. Quand même, je n’avais pas tué leur fils, le père de mes trois enfants! Rien à faire! Ils s’étaient déjà complètement désolidarisés de nous, de peur de toucher à leur poche. Mais, ils avaient poursuivi la persécution en m’épiant et me cherchant des noises sans relâche. Tous, père, mère, frère, sœur, tantes, oncles, cousins, cousines, médisaient à tout va qu’il était évident que mon jeune âge pouvait me conduire à salir la mémoire de leur fils défunt. Ce bataillon jurait que je n’étais qu’une catin qui ne méritait pas sa maison, fruit de son labeur.

Le pire, c’est quand ils avaient eu l’impensable toupet d’alerter la police en m’accusant plusieurs fois de prostitution, de proxénétisme, et de débauche. Ils m’avaient infligé de terribles «chouhas», qui avaient révolté mon voisinage pourtant assez hostile à ma condition. Ils ne savaient pas que mon frère vivait chez moi et que je louais légalement des chambres pour étudiants. Même que j’avais effectué des travaux autorisés pour des entrées distinctes et séparées. N’était-il pas indécent de s’en prendre à une veuve avec trois enfants qui ne s’en sortait pas avec une pension de misère? Faut croire que pour eux, je méritais bien pire et que je ne payais rien pour attendre le coup fatal de leur part.  

Après l’épisode de l’héritage et de toutes les attaques qui s’en étaient suivies, je poursuivais envers et contre tous un objectif. Un autre mariage pour perdre, mes enfants ma pension et ma quiétude? Pensez-vous ? Jamais! Mes besoins imminents se trouvaient ailleurs. Certainement plus dans la recherche d’un autre moyen de subsistance qui me permettrait l’acquisition de mon propre bien. Je redoutais qu’un jour mes ennemis puissent arriver à monter mes propres enfants contre moi pour qu’ils me réclament eux aussi leur part d’héritage de cette petite maison située dans un lotissement pour pauvres. Et puis sinon quelle aide, quelle protection solliciter, dans quelle autre voie sécurisée s’engager?

Inadmissible !

Pour commencer, j’avais poussé la porte d’une styliste modéliste qui apprenait son métier et la couture. Le contact avec son monde m’avait permis de me débarrasser peu à peu du complexe du veuvage, d’avoir accès à de nombreuses idées, aux expériences couronnées de succès, à celles qui ne mènent à rien. Evidemment, pour avoir pris cette liberté, l’infatigable source de mes malheurs continuait de déverser sur mon compte de multiples immondices. Sincèrement sans ma détermination à sauver ma peau, j’aurai pu sombrer dans une grave dépression. Le soir en cachette de mes enfants, je pleurais l’absence de mon époux, mais je lui en voulais terriblement de ne pas m’avoir protégée. Personne ne m’ôtera jamais de la tête qu’il devait savoir que ses parents étaient plus que capables d’infamies et qu’ils portaient des masques.

Finalement, grâce aux conseils judicieux de certaines femmes, spirituellement très éveillées, j’avais réussi à monter un tout petit atelier de retouches et finitions aménagé dans ma terrasse. Ce qui me permet désormais de travailler tout en surveillant mes trois bambins comme la prunelle de mes yeux. Mon associée, une veuve elle aussi, mais avec de grands enfants, s’occupe de rapporter diverses commandes. Ça marchait bien, jusqu’à la crise sanitaire et le confinement. Je n’ai peut-être plus eu de locataires, et presque pas de donneurs d’ordres, mais je remercierai quand même le coronavirus pour la trêve avec les âmes noires qu’il a imposée».

Mariem Bennani

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