Elus de Casablanca : enfin secoués !

Casablanca maroc

Deux semaines après le discours royal à l’occasion de l’ouverture de l’actuelle session parlementaire, les Casablancais approchés par Le Reporter ont sonné la charge contre la gestion des élus, dont le «clientélisme» et les «dérives» ont sacrifié les priorités de la ville et des citoyens.

«Enfin, ces élus vont peut-être se secouer. Après le discours royal, ils vont se mettre au travail. Mais qu’est-ce qu’ils faisaient jusqu’à maintenant? Je ne comprends pas comment on peut s’écarter à ce point des priorités des citoyens qui les ont choisis. Après la colère du Roi, je parie qu’il va y avoir plusieurs enquêtes administratives tonnantes sur la gestion défectueuse des affaires locales par les instances élues», lancent des voix casablancaises. Elles ajoutent: «Casablanca a besoin de nouvelles compétences en matière de gouvernance pour améliorer le vécu quotidien des Casablancais. Le discours royal est d’ailleurs un message on ne peut plus clair aux élus de Casablanca qui sont responsables des grands dysfonctionnements au niveau de la gestion locale dans la ville».

Dérapage d’élus

Anarchie urbanistique, dérogations à toutes les normes, corruption, ordures qui submergent la ville, constructions anarchiques se faisant au vu et au su des autorités locales, malversations commises par certains élus et conseillers, complaisance totale envers la prolifération des marchands ambulants qui s’installent sur la voie publique de la capitale économique… Bref, que des dérapages dans la métropole, lesquels doivent plus que jamais interpeller les magistrats de la Cour des comptes, suite aux dernières critiques formulées par le Souverain. La situation est déplorable et, par conséquent, n’est pas à la hauteur de l’ambition de faire de cette ville un grand pôle financier, dénoncent des associatifs de la ville. Et ces mêmes voix de poursuivre: «Il n’y a jamais eu de débat sur les problèmes réels de Casablanca, pas plus que sur les dossiers en suspens d’ailleurs. Quand le conseil de la ville se réunit, c’est pour ne rien faire. Et pour cause, les querelles stériles entre les élus de l’opposition et ceux de la majorité qui ont pesé lourdement sur les travaux du Conseil».

A la recherche de nouvelles pistes…

Après le discours royal lors de l’ouverture de la session parlementaire d’automne, qui a donc vivement critiqué la gestion des affaires locales à Casablanca, la réaction du Conseil de la ville ne s’est pas fait attendre. Les réunions se multiplient pour passer à la vitesse supérieure afin de mettre en exécution les orientations contenues dans le discours royal. Mohamed Sajid met les bouchées doubles pour tenter de trouver de nouvelles pistes pouvant régler les dysfonctionnements à Casablanca. Une première réunion d’urgence a déjà été organisée par le Bureau du Conseil de la ville, samedi 12 octobre, en présence de tous les membres du Conseil. Selon une source ayant pris part à cette réunion, le Bureau a examiné les critiques formulées par le Souverain. Il a décidé de prendre des mesures urgentes visant à nettoyer Casablanca et de mettre en œuvre les grands projets relatifs au développement des infrastructures.
Le lundi 22 octobre, le Bureau du Conseil a tenu une autre réunion en présence du maire, Mohamed Sajid. Les délibérations sur le sort d’un certain nombre d’installations et services communaux sportifs et récréatifs, en vue d’annuler les contrats avec leurs exploitants, expirés depuis des années, restent parmi les points les plus urgents pour le Conseil. «L’une des dispositions ayant été prises est surtout d’accélérer les efforts déployés pour dégager davantage de ressources pour la réalisation des grands projets d’infrastructure», selon Aziz Moumen, membre du Parti de l’Istiqlal au Conseil de la ville de Casablanca, avant d’ajouter: «Si on arrive à régler la situation des biens patrimoniaux du Conseil de la ville de Casablanca, nous pourrons dégager encore plus de recettes. On devrait atteindre un chiffre qui dépasse quelque 600 milliards de centimes par an».
Contrairement à leur habitude, les élus se sont accordés sur le fait que la responsabilité doit être partagée entre tous. Stériles qu’ils sont, les différends entre les principaux partis politiques qui composent le Conseil devraient donc s’estomper pour garantir un climat favorable aux travaux du Conseil de la ville, nous confie Aziz Moumen. «En ce moment, on doit surtout se pencher sur le contenu du discours royal et sur l’ensemble des problèmes dont souffre la ville. Aussi avons-nous décidé, en tant qu’élus de l’opposition dans le Conseil, d’oublier nos différends avec les autres composantes pour aller de l’avant». Pour cet élu, «la négligence des sociétés chargées de la collecte des déchets dans certains points noirs de la métropole serait à l’origine du blocage qui a marqué les travaux du Conseil de la ville durant plus de deux ans». Dans le cadre des dispositions à prendre sans tarder, un état d’urgence devrait être déclaré, concernant le secteur de l’assainissement solide de la ville. Ainsi, sachant que les contrats liant Casablanca à trois entreprises privées chargées de l’assainissement solide expirent en mars prochain, les élus ont décidé de convoquer des réunions avec les responsables de ces sociétés pour discuter des nouveaux dossiers d’appels d’offres.

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Naîma Cherii

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L’avis de Naji Maadoum, chercheur spécialisé en gestion locale

Naji maadoum chercheur gestion locale maroc

«La procédure juridique pose un problème réel»

Le discours royal a clairement évoqué le dysfonctionnement de la ville de Casablanca en matière de gouvernance. Selon vous, pourquoi a-t-on échoué dans la gestion des affaires de cette ville?

Le problème de la gouvernance à Casablanca est très complexe. Il est à la fois lié à ce qui est juridique et à ce qui est procédures de gestion. Quand le Maire veut prendre une décision –aussi simple soit-elle-, il est obligé de suivre une procédure juridique longue et très complexe, avant de voir sa décision mise à exécution. Le modèle de gestion dont bénéficie la ville de Casablanca n’est pas simple. C’est en fait l’une des raisons qui fait que la ville du Grand Casablanca pâtit aujourd’hui d’une gestion défectueuse de la part des élus. Aussi plusieurs intervenants participent-ils à cette gestion, à savoir notamment le Conseil communal, la wilaya, les Conseils d’Arrondissement, la Région, le Conseil préfectoral et les services extérieurs du département de l’Intérieur. Chacune de ces instances prend des décisions indépendamment des autres instances. Et c’est le wali du Grand Casablanca qui joue le rôle de coordinateur entre toutes ces instances. Dans bien des cas, le wali ne parvient pas à imposer sa décision à ces instances élues de la ville. Qu’est-ce que cela signifie? Cela veut dire tout simplement que cette contrainte juridique pose un problème réel, notamment pour le Conseil de la ville de Casablanca. Ce qui exige la mise en place d’un nouveau mode de gestion et d’un cadre juridique approprié pour cette ville.

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Les élus membre du Conseil de la ville sont les premiers à être pointés du doigt dans cette situation déplorable qui prévaut à Casablanca…

La responsabilité de l’échec de la gestion à Casablanca incombe à l’ensemble des intervenants. Toutes les instances élues de la ville sont responsables de la situation qui prévaut à Casablanca. Tout le monde doit assumer sa responsabilité: les élus, les autorités locales, le maire, les présidents d’Arrondissements, le président de la Région, le wali, les gouverneurs… Touts ces acteurs doivent considérer que le discours royal les concerne directement. Personne n’a le droit de rejeter la responsabilité sur l’autre. L’heure est plutôt à l’action.

Quelles sont, selon vous, les dispositions à prendre pour répondre au contenu du discours Royal ?

La première chose à faire, c’est surtout de lancer des mesures concrètes à même de régler les problématiques que subit la ville, à savoir ceux que connaissent les secteurs de l’assainissement et de la collecte des déchets. Ce sont les deux secteurs ayant été critiqués par le discours royal. La deuxième action à entreprendre concerne notamment la gouvernance au sein du Conseil de la ville. Car il n’est plus permis de continuer de gérer le Conseil municipal de la manière dont il est actuellement gouverné. C’est une question qu’il faut absolument revoir. On ne peut plus admettre que de grands projets soient soumis à des pressions ou à un «chantage politique». Faut-il le rappeler, pendant plus de deux ans, au lieu de débattre des problèmes réels de la ville, les élus n’ont fait que bloquer de grands dossiers. Et c’est ce qui a fait que les choses en sont arrivées à la situation déplorable que vivent aujourd’hui les Casablancais. On ne doit plus autoriser une telle situation. Seul le travail sur le terrain doit compter. Certes, il y a des projets qui ont été réalisés dans la ville et le Roi en a d’ailleurs parlé dans son discours. Il n’empêche que d’autres projets n’ont pas encore été concrétisés, car il y a des élus qui font tout pour que les choses n’avancent pas et ce, pour des raisons politiques ou d’intérêt personnel. Dans le même sens, je propose aussi la réduction du nombre des élus de la ville. Car, dois-je le souligner, en plus des 147 élus que compte le Conseil de la ville, il y a aussi les élus et les conseillers que comptent les Arrondissements (16), soit un total de 1.000 élus. Or, ce nombre (au Conseil de la ville) ne doit pas dépasser 40 conseillers, lesquels seront appelés à prendre des décisions importantes pour améliorer le quotidien des citoyens. Et ce sont ces 40 élus qui devront rendre des comptes. Les partis politiques doivent assumer leur responsabilité. Il ne doit plus y avoir à Casablanca une place pour les analphabètes. Il est inconcevable que Casablanca, pôle financier et capitale économique, continue d’être gouvernée par des élus analphabètes qui ne savent rien des modes de gestion et de gouvernance.

Interview réalisée par Naîma Cherii

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Un commentaire

  1. c’est vrais que ( le systeme )a fait des Degas partout ou il sévi
    pour la gestion d’une belle ville comme Casablanca il faut des experts jeunes pour aller intelligemment dans une seule direction et cette gestion va avoir des retombées financières considérables si on procédé avec méthode et les revenus des élus et personnels municipaux serons conséquents

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