Le football marocain renaît-il de ses cendres?

Equipe nationale maroc 2015

Depuis près de trois quarts de siècle, le Maroc a toujours été dans la cour des grands du football aux niveaux continental et arabe. Preuve en est qu’il a été le premier pays africain à aligner un joueur en phase finale de Coupe du Monde en 1954 (Abderrahmane Belmahjoub avec l’équipe de France), le premier pays africain à atteindre les barrages euro-africains en éliminatoires de la Coupe du Monde (1961), le premier pays africain à avoir franchi le premier tour d’une Coupe du Monde (1986), le premier pays africain à avoir concouru à l’organisation d’une Coupe du Monde (1994)… Grâce à son équipe de football, le Maroc a également été le pays à avoir été classé 3 fois meilleure nation africaine par la Fédération internationale de football association (FIFA) en 1997, 1998 et 1999. Les Lions de l’Atlas ont su se faire un nom sur la scène internationale depuis toujours. A titre d’exemple, Larbi Benbarek, surnommé la Perle noire, fut l’un des rares représentants du tiers-monde à avoir été sélectionné en équipe de France dans les années 40. C’est l’auteur de la plus longue carrière en équipe de France, de 1938 à 1954. Néanmoins, Larbi Benbarek est resté toute sa vie de nationalité marocaine.
Il faut dire que, depuis l’indépendance du Maroc en 1956, le football est devenu le sport le plus populaire dans le Royaume. D’ailleurs, il est pratiqué un peu partout (rues, plages, villages…).

Cependant, les Lions de l’Atlas ont fait profil bas depuis la finale perdue lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) face à la Tunisie.
Sur le plan international, le Maroc a disparu de la circulation depuis la Coupe du Monde de 1998 en France et, de ce fait, n’a pas participé aux quatre dernières Coupe du Monde. De la 13ème place en 1998, il occupe actuellement le 89ème rang dans le classement de la FIFA. Mais après un long passage dans le vide, le football marocain est en train de vivre un véritable tournant. En effet, Il y a quelques mois seulement, les Marocains étaient sous le choc suite au refus de la Confédération africaine de football (CAF) de reporter la CAN tout en privant les Lions de l’Atlas de participer à l’édition 2015. Pis encore, la CAF avait décidé d’écarter le Maroc des deux prochaines Coupes d’Afrique (2017 et 2019) tout en lui infligeant une très lourde amende. Les Marocains ont donc eu peur que les sanctions de l’instance africaine plongent le football marocain dans le coma.
Peu après la sanction prononcée contre la Fédération royale marocaine de football (FRMF), le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, a qualifié la décision de la CAF d’injuste et d’arbitraire. La FRMF s’était pour sa part dit «grandement étonnée» des sanctions, s’engageant à «prendre toutes les dispositions et mesures nécessaires pour faire prévaloir les droits et intérêts du football marocain». Elle a donc contacté le cabinet Jeantet (basé en France) qui a conseillé de saisir le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Ensuite, le cabinet Jeantet s’est associé à un avocat du barreau de Dakar, Seydou Diagne, spécialiste en droit du sport et aussi au cabinet Libra de Lausanne. Des réunions ont eu lieu à Rabat et à Paris (dès le mois de février). En parcourant le dossier, les avocats ont remarqué des irrégularités de forme et des appréciations très discutables sur le fond, puis ont préparé une argumentation sur l’ensemble des points.
Heureusement, le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a su rectifier le tir. Le TAS a retenu l’absence de proportion entre la gravité des sanctions infligées et les comportements reprochés au Maroc. Résultat, le tribunal a annulé, en grande partie, les sanctions de la CAF, ce jeudi 2 avril 2015. Les Lions de l’Atlas pourront finalement disputer les éliminatoires des CAN 2017 et 2019. Le TAS a également annulé les lourdes sanctions financières infligées à la FRMF. La CAF avait condamné la FRMF à verser près de 9 millions d’euros (un million de dollars d’amende (882.000 euros) et huit millions d’euros au titre des réparations et préjudices. Par ailleurs, l’amende réglementaire infligée à la Fédération marocaine a été réduite à 50.000 dollars seulement. «Les sanctions infligées par la CAF à la Fédération royale marocaine de football ont été annulées, à l’exception de l’amende qui est toutefois réduite à 50.000 dollars», a précisé le TAS.

Les joueurs du Raja sèchent les cours

La CAF se plie malgré elle!

Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) a donc annulé la quasi-totalité des sanctions qui ont été infligées au Maroc par la Confédération africaine de football le jeudi 2 avril 2015. Suite à cette décision, le Comité exécutif de la CAF s’est réuni et a officiellement réagi. Réuni ce dimanche 5 avril à son siège au Caire, le Comité exécutif de l’instance a indiqué avoir «pris acte de la décision rendue». La CAF a estimé que si le TAS est «arrivé aux mêmes conclusions que le Comité Exécutif de la CAF», il «a décidé d’annuler partiellement les sanctions prises», en l’occurrence l’autorisation pour le Maroc de disputer les éliminatoires des CAN 2017 et 2019, mais aussi une réduction considérable de l’amende. «Le TAS considère la non-participation du Maroc à la CAN 2015 comme une sanction. Or, la sélection nationale A du Maroc était qualifiée pour cette CAN parce que le Maroc était pays hôte de la compétition. Une qualification perdue donc automatiquement du moment où le pays renonce à organiser le tournoi», lit-on dans le communiqué de la CAF. L’instance africaine a également rappelé que le TAS a estimé que, sur le fond, «la Fédération Royale Marocaine de Football ne pouvait se prévaloir d’un cas de force majeure dans la mesure où l’épidémie d’Ebola ne rendait pas impossible l’organisation de la CAN au Maroc» et que la «FRMF est responsable de la violation de l’article 7 alinéa 1 a) des statuts de la CAF». Le Comité exécutif a tout de même décidé d’appliquer le jugement du TAS et «se conformera à cet engagement, malgré les contradictions observées dans la décision rendue», a dit son communiqué. La CAF a donc subi une grande défaite judiciaire!

Vives réactions des Marocains

Après la décision du TAS, un sentiment de soulagement a gagné le camp des Marocains. «Cette décision permettra au Maroc de retrouver sa place au sein de l’instance continentale, dont le rayonnement s’est fait avec la contribution du Maroc et de prétendre à l’organisation de compétitions de niveau mondial», s’est réjoui Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football. Lekjaa n’a pas manqué de souligner les efforts de «toutes les composantes du football marocain qui ont tout mis en œuvre pour défendre la position du Maroc et présenter les arguments nécessaires pour avoir gain de cause», a-t-il rappelé. Même son de cloche du côté du sélectionneur marocain, Badou Zaki: «Je suis heureux, comme tous les Marocains, que justice ait été rendue. Le droit était de notre côté. Le football marocain reste le même, mais pour ce qui est des ambitions, au lieu d’attendre jusqu’au Mondial 2018, on va se concentrer sur la CAN 2017. L’équipe nationale est parfaitement prête. Elle va se battre pour se qualifier». Pour sa part, Mehdi Benatia (défenseur central des Lions de l’Atlas) s’est dit «très heureux d’apprendre que la sanction contre le Maroc a été levée pour les prochaines Coupes d’Afrique… One, Two, Three… Four, le Maroc est plus fort». Le milieu de terrain, Houssine Kharja, a quant à lui déclaré: «On ne méritait pas une telle sanction (de la CAF). Ce n’est que justice (rendue par le TAS). On ne punit pas une nation, car elle a voulu protéger ses habitants d’une épidémie. La CAN 2015 vient de passer sous le nez du Maroc. Je pense qu’on avait des chances de pouvoir peut-être la remporter. Maintenant, on va viser 2017. Je pense à notre public qui n’a pas eu beaucoup de joie et j’espère qu’on va lui apporter un trophée continental».
Il faut dire que cette décision marque un tournant dans l’histoire du football marocain. Les Marocains avaient l’impression qu’on voulait sacrifier toute une génération de joueurs. Néanmoins, la CAF a finalement subi une grosse défaite judiciaire. Maintenant, il est grand temps pour les Marocains de retrouver la gloire des années 80.

La performance du Maroc au Mondial est une source de fierté pour les Marocains et tous les Africains (Motsepe)

Anas Hassy

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Faouzi Lekjaa, président de la Fédération royale (FRMF)
«La décision du TAS redonne au football marocain sa place naturelle, celle d’une grande nation africaine. Il ne s’agissait pas de savoir qui a gagné ou perdu. On va travailler côte à côte avec la Confédération africaine pour reprendre une relation normale. Cette décision ne fera que renforcer les relations entre la FRMF et la CAF. Il faut désormais travailler avec nos amis de la CAF pour faire évoluer ensemble le football africain. Ladite décision permettra au Maroc de retrouver sa place au sein de l’instance continentale, dont le rayonnement s’est fait avec la contribution du Maroc et de prétendre à l’organisation de compétitions de niveau mondial. Toutes les composantes du football marocain ont tout mis en œuvre pour défendre la position du Maroc et présenter les arguments nécessaires pour avoir gain de cause».

Badou Zaki, sélectionneur des Lions de l’Atlas
Je suis heureux, comme tous les Marocains que justice ait été rendue. Le droit était de notre côté. Le football marocain reste le même, mais pour ce qui est des ambitions, au lieu d’attendre jusqu’au Mondial 2018, on va se concentrer sur la CAN 2017. L’équipe nationale est parfaitement prête, elle va se battre pour se qualifier. Je tiens à féliciter les membres de la FRMF et à leur tête Faouzi Lekjaa d’avoir réussi à défendre la cause du Maroc».

Mustapha Hadji, sélectionneur-adjoint des Lions de l’Atlas
«La décision du Tribunal Arbitral du Sport est un grand soulagement. C’est une excellente nouvelle! Pour tout le football marocain, c’est un grand soulagement, notamment pour cette génération, de Mehdi Benatia (l’international du Bayern Munich), jusqu’aux plus jeunes. Cette génération est extraordinaire, très talentueuse. On a retrouvé le statut qui est le nôtre. On va le retrouver aussi par le travail, l’enchaînement des résultats. Ça aurait été dommage de passer à côté de ces Coupes d’Afrique. Le Maroc est un pilier du football africain et je crois que les choses sont rentrées dans l’ordre. Maintenant, c’est à nous de travailler, d’aller de l’avant».

Noureddine El Bouchhati, directeur de la Commission des sélections nationales à la FRMF
«Le dossier marocain a été bien défendu par la FRMF auprès de l’instance juridictionnelle. Concernant le programme de la sélection nationale A en prévision de la prochaine CAN, plusieurs sélections souhaitent jouer en amical face aux Lions de l’Atlas».

 

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