Energie : Le pétrole caché du Maroc

Energie : Le pétrole caché du Maroc

Une anecdote est courante, au Maroc. Il y est question du pétrole au sujet duquel l’on se demande pour quelles raisons, au Maghreb, il viendrait de Libye, se répandrait en Algérie, puis… Sauterait par-dessus le Maroc, pour aller en Mauritanie et poursuivre son chemin en Afrique ? Que lui aurait donc fait le Maroc ?

Aujourd’hui –et après quelques décennies d’exploration pétrolière au Maroc, avec ses petites joies et ses grosses déconvenues- une vérité s’impose. Elle est livrée par l’ONHYM (l’Office National des Hydrocarbure et des Mines).

Un expert des énergies fossiles disait: «Tant qu’on n’a pas trouvé de pétrole, on ne peut pas dire qu’il n’y en a pas. On peut juste dire qu’on n’a pas fini de chercher».

C’est à peu près ce que dit Amina Benkhadra, directrice générale de l’ONHYM. Mais elle ajoute une bonne nouvelle, pour ce qui concerne le Maroc. Mme Benkhadra –qui connaît le dossier mieux que quiconque- estime que le pétrole n’a pas «sauté par-dessus le Maroc». Et elle appuie ses dires avec des données et des chiffres.

Que nous apprend-elle ? Focus sur la réalité du Maroc en matière de pétrole.

Première attente. L’exploration pétrolière et gazière devra prendre de l’ampleur au Maroc. Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office National des Hydrocarbure et des Mines (ONHYM) a, en effet, grand espoir de découvrir de nouveaux gisements de pétrole et de gaz.

L’intervention de l’ex-ministre de l’Energie et actuelle DG de l’ONHYM, lors d’une rencontre organisée, mardi 13 novembre, par la Chambre de commerce britannique au Maroc à Casablanca, vient renforcer l’espoir de faire, un jour, du Maroc un pays producteur de pétrole.

Certes, en l’état actuel des découvertes, le Royaume ne le sera pas de si tôt. Et pourtant, «il faut s’attendre à des découvertes importantes». Le Maroc a d’ailleurs tout le potentiel qu’il faut pour figurer sur la carte des pays producteurs de gaz, estime la directrice générale. Mais, dit-elle, le potentiel pétrolier marocain est encore très sous-exploité.

«Les bassins sédimentaires marocains restent largement sous-explorés et ce, malgré les investissements réalisés ces dernières années et en dépit du fait que ces bassins présentent des systèmes pétroliers potentiellement favorables à l’accumulation de gisements d’hydrocarbures», a-t-elle souligné. Aujourd’hui, dit-elle, les grandes compagnies restent concentrées dans les pays à fort potentiel. Mais «le tour du Maroc viendra», selon elle.

Quels investissements réalisés ?

Pendant la période 2000-2018, les investissements réalisés par l’Office et ses partenaires se sont élevés à 27,5 milliards de DH, dont 96% couvertes par les partenaires, déclare Amina Benkhadra.

La DG de l’ONHYM a rappelé que le Maroc ne figurait pas sur la liste des pays prioritaires en matière d’exploration pétrolière. «A fin 2017, le nombre global des puits forés est de quelque 340, dont 43 en offshore, soit une densité moyenne de 0,05 puits par 100 km2, contre 10 puits par 100 km2 à l’échelle internationale», souligne Amina Benkhadra, lors de cette rencontre dédiée au thème «Activité d’exploration: quel est le réel potentiel du Maroc?». Le Maroc, dit-elle, «fait partie des zones où l’investissement suffisant n’a pas encore été fait avec assez de forages, pour démontrer le potentiel pétrolier et gazier dont dispose le Maroc».  

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Selon la DG de l’ONHYM, plus de 800 prospects ont été identifiés en onshore et offshore et méritent d’être testés. «Des découvertes de pétrole et de gaz ont été faites et de nombreux indices de pétrole et de gaz ont été trouvés dans les puits. Ces découvertes ont montré que les systèmes pétroliers identifiés dans plusieurs bassins sédimentaires marocains sont viables et fonctionnels», relève Amina Benkhadra.

L’activité de la prospection des hydrocarbures, indique-t-elle, a connu ces dernières années un regain d’intérêt, notamment en offshore. Cela s’est traduit par un afflux important de sociétés pétrolières internationales qui ont opéré sur une superficie de centaines de milliers de kilomètres carrés. «Le domaine de la recherche des hydrocarbures connaît une nouvelle dynamique par l’utilisation de nouvelles techniques de prospection, notamment les acquisitions sismiques 3D et les forages horizontaux et multidirectionnels, ainsi que les études d’évaluation des bassins tels que la zone atlantique offshore Tanger-Tarfaya et les zones onshore Gharb et Essaouira », précise Benkhadra, faisant savoir que le Maroc détient un stock de schistes bitumineux (50 milliards de barils).

Cependant, elle estime que l’exploration pétrolière et gazière reste encore à intensifier. Et de remarquer, dans ce cadre, que la prospection pétrolière est «un processus très long, hautement capitalistique et très risqué». «Des opérations d’appréciation sont nécessaires pour évaluer les réserves en place, avant d’entamer l’étape de développement. Les différentes phases peuvent durer plusieurs années, selon la nature et le type de gisement, avant d’entrer dans la période de production et en réalisant des investissements continus au niveau requis», explique-t-elle.

Stratégie globale du Maroc et accords signés

Présentant la stratégie globale de l’exploration pétrolière et gazière au Maroc, elle a indiqué que  le royaume offre des avantages fiscaux et un cadre réglementaire attractif, pour attirer le maximum d’investisseurs internationaux. Ces avantages, dit-elle, comportent des incitations très attractives pour l’acte d’exploration pétrolière, à savoir l’exonération de droits de douane, de TVA et de l’IS en cas d’exploitation (10 années consécutives à compter de la date de mise en production régulière de toute concession d’exploitation). La directrice générale a indiqué, entre autres, que l’Etat détient une participation ne dépassant pas 25% dans le permis de recherche et la concession d’exploitation. Cette mesure, fait-elle observer, est à même de rendre le royaume plus attrayant pour les investissements, dans un domine fortement capitalistique et risqué.

En juillet dernier, Shell et Repsol ont paraphé un accord avec l’ONHYM, pour la prospection sur la zone onshore de Tanfit. Il y a aussi la britannique Sound Energy, une autre société de prospection. Son directeur général au Maroc, Mohammed Seghiri, a évalué à plus de 100 millions de dollars le montant total d’investissements effectués en matière de prospection dans les zones de Tendrara (Oriental) et de Sidi Mokhtar, à proximité d’Essaouira. En août dernier, rappelons-le, Sound Energy a signé un accord d’une durée de 8 ans, concernant les zones de Tendrara et Matarka qui couvrent une superficie globale de 14.500 kilomètres carrés dans l’Oriental. Une région géologiquement difficile à explorer, en raison des reliefs de l’Atlas.

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Par ailleurs, évoquant la politique énergétique du Maroc, Amina Benkhadra indique que la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national a atteint 34% à fin 2017. Elle rappelle que le royaume s’est fixé comme but de faire passer la contribution de ces énergies à 42% du mix énergétique national en 2020 et à 52% en 2030. Cette stratégie a pour objectifs, notamment, d’assurer l’approvisionnement, l’accès à une énergie à faible coût, la gestion de la demande et la préservation de la demande. Les orientations stratégiques de cette politique, selon la DG de l’ONHYM, demeure notamment un mix énergétique et la mobilisation des ressources.

Naîma Cherii

Les mots clés de Benkhadra

– Dans le bassin du Gharb Onshore, des découvertes modestes mais économiquement rentables.

– Découverte encourageante de gaz et de condensat dans la région de Tendrara, dans le Trias.

– 5 sur 8 puits forés en offshore Atlantique, entre 2013 et 2018, ont montré des indices d’huiles et de gaz à condensat et 2 ont mis en évidence des découvertes de gaz non commercial, prouvant ainsi l’existence de systèmes pétroliers viables dans cette zone, lesquels méritent d’être confirmés par une activité de forages d’exploration intense.

La côte atlantique encore sous explorée

Energie : Le pétrole caché du Maroc

D’une longueur de 3.700 km, la côte atlantique marocaine (de Tanger à Lagouira) fait partie de la marge continentale passive la plus ancienne du globe terrestre, qui correspond à un segment de marge passive entre un domaine continental à l’Est et un domaine océanique à l’Ouest. La présence d’indices de pétrole et/ou de gaz et des intervalles de roches mères d’excellente qualité ont été rencontrées presque partout, le long de la marge atlantique marocaine qui est encore sous-explorée par forage. A fin septembre 2016, 41 puits ont été forés visant de nombreux objectifs (profonds à ultra profonds). Du pétrole léger et lourd a été découvert dans la structure de Cap Juby (Tarfaya offshore) et de nombreux indices de pétrole et/ou de gaz ont été enregistrés dans la plupart des autres puits, selon l’ONHYM. Les forages récents réalisés au large de Boujdour, Tarfaya et Sidi Ifni ont permis de mettre en évidence du gaz, de l’huile lourde et des indices d’huile, indique l’Office.

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