Intelligence artificielle et droits de l’homme

L’intelligence artificielle (IA), qui occupe une place grandissante dans la vie des peuples du monde, est désormais utilisée dans de nombreux domaines et présente de nombreux avantages économiques et sécuritaires.

Toutefois, ses applications ont des implications éthiques et juridiques. Son utilisation peut menacer les droits de l’homme, particulièrement en matière de respect de la vie privée, le droit à l’égalité et des libertés individuelles, en l’absence de toute transparence, responsabilité ou garanties quant à sa conception, son fonctionnement. 

En effet, les technologies de l’IA  peuvent être bénéfiques, en aidant les sociétés à surmonter certains des grands défis, mais elles peuvent avoir des effets négatifs si elles ne tiennent pas suffisamment compte de la manière dont elles affectent les droits de l’homme. Surtout lorsque les gens utilisent des applications ou des plateformes de réseaux sociaux, où de grandes quantités de données à caractère personnel sont collectées, souvent à leur insu, pouvant servir à établir leur profil et à se renseigner sur leurs comportements. Sachant que le respect de la vie privée, qui compte parmi les droits de l’homme les plus fondamentaux, est indispensable pour vivre dans la dignité et la sécurité.

Parmi les autres droits menacés figure le droit à la liberté d’expression. Facebook et YouTube ont adopté des mécanismes de filtrage pour détecter les contenus extrémistes violents. Mais le problème qui se pose est qu’aucune information n’est disponible sur les critères juridiques et moraux pour déterminer la non-légalité du contenu des vidéos d’une façon claire. Ce qui pourrait entraîner une restriction de la liberté d’expression et priver les gens de possibilités de s’exprimer librement.

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S’ajoute aussi l’outil de la reconnaissance faciale. Cet outil puissant qui peut aider les forces de l’ordre à retrouver des personnes soupçonnées d’extrémisme violent et de terrorisme, risque en effet d’être aussi utilisé comme moyen à des fins de surveillance de masse, ou pour identifier des manifestants… Ce qui permet aux autorités publiques de surveiller en permanence les gens et de restreindre leur droit à la vie privée, la liberté de réunion, la liberté de circulation et la liberté de la presse, comme on a vécu ce genre de situation pendant la pandémie du coronavirus covid-19. 

Il est à rappeler que lors de ses travaux sur la technologie et les droits de l’homme, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), Michelle Bachelet, a appelé, le 15 septembre 2021, la communauté internationale à imposer un moratoire sur certains systèmes d’intelligence artificielle, comme la reconnaissance faciale, qui représentent un risque grave d’atteinte aux droits de l’homme. 

D’autant plus que la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur le racisme, Tendayi Achiume , a déclaré que les nouvelles technologies numériques s’appuyant sur les mégadonnées et l’intelligence artificielle renforcent les inégalités raciales, la discrimination et l’intolérance,  lors de la présentation de son rapport sur les nouvelles technologies numériques et la discrimination raciale devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

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Dans le monde entier, l’intelligence artificielle (IA) est très prometteuse pour améliorer la prestation des services sociaux, les transactions financières numériques et pour assurer la sécurité, mais seulement si l’éthique et les droits de l’homme sont placés au cœur de sa conception. 

Pour ces raisons, les Etats devraient imposer des limites sur les technologies numériques qui présentent potentiellement un grand risque sur la vie privée des personnes, afin de trouver le juste équilibre entre les progrès technologiques et la protection des droits de l’homme. D’où la nécessité de soumettre l’IA à des règles strictes et d’être utilisées conformément au droit international des droits de l’homme. 

De plus, les Etats sont appelés à fixer des limites précises pour le respect de la vie privée, les libertés et protéger les individus contre la surveillance illégale, d’une part et d’autre part, aider les citoyens à acquérir les compétences nécessaires pour faire un bon usage des technologies liées à l’IA et pour comprendre leur influence sur leur vie quotidienne.

Par Khalid Cherkaoui Semmouni

Universitaire et expert en droits de l’homme

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