Une vie simple…

Jamil, 32 ans, est ingénieur. Il vit et travaille dans la métropole économique. Le monde qu’il côtoie, plus précisément ses collègues, le trouvent suffisant, prétentieux et avare. Il les laisse médire et perdre leur temps en s’inventant des profils psychologiques qui n’ont rien à voir avec ce qu’il est réellement. Il raconte pourquoi il se comporte de la sorte.

«Je hais cette hypocrisie sociétale qui baigne en métropole. Je n’ai pas envie de ressembler aux autres, ni me soucie de leur plaire. Je sais combien une amitié factice et le culte des apparences peuvent être nuisibles… Je n’y trouve rien de tentant. En plus au boulot, j’estime que je n’ai pas à avoir de camaraderie.

C’est un lieu où les cancans et le bling bling sont hors-contexte; seuls le respect des uns et des autres et l’excellence du travail gratifient. Une fois dehors, je n’ai nulle envie de traîner pour m’afficher: je ne suis pas un «public relation» ou un commercial. Mes projets futurs nécessitent des économies que je n’ai pas envie de voir partir en fumée pour que ceux qui ne m’intéressent pas vraiment soient satisfaits. Je ne rêve que de mon week-end prochain en province, dans ma ville natale, avec mes parents. Les retrouver, c’est ça pour moi le bonheur. Ce sont eux les seules personnes de confiance avec lesquelles je me sens totalement bien. Je n’ai jamais ressenti cela comme étant une tare, bien au contraire… Je like et me dis, heureusement pour moi que mes parents sont là pour me conseiller, me suivre, me réconforter et ce, depuis ma tendre enfance. Grâce à eux, j’ai appris à aimer la discipline, l’instruction, les choses simples, le sens des valeurs, les lieux tranquilles et l’honnêteté. Ils m’ont souvent recommandé de ne jamais avoir de camaraderies trop familières avec qui que ce soit et surtout de n’être impressionné par quiconque, parce que tout cela n’apportait rien de bon. Il faut dire qu’ils avaient eu de mauvaises expériences avec mes frangins. Ils se sont tout simplement interdit le remake des vieux scénarios avec moi, le petit dernier. Pour avoir été trop préoccupés par leur travail et leurs ambitions, ils n’avaient pas pu lutter contre les influences négatives de l’extérieur et des amis sur mes frères et sœurs. A cause de cela, certains ont raté leur vie scolaire en ayant été tout le temps à la merci de leurs mauvais amis qui passaient leur temps à sortir et s’amuser. Ceux-là vivent encore sur le dos des parents sans jamais faire le moindre effort pour changer le cours de leur existence. Ils continuent de ne s’inquiéter que de choses superficielles et du qu’en-dira-t’on. Les autres, narcissiques, tout le temps en rivalité avec leurs amis, ont obligé mes parents à s’endetter pour les envoyer à l’étranger pour leurs études. Mais aussi pour les aider à se marier et à s’installer sans leur demander leur avis sur la question. Aujourd’hui, ils vivent eux aussi en métropole et viennent rarement rendre visite aux parents, sauf en cas de problème financier. Ce qu’ils prétendent avoir réussi n’est pas du tout enviable et ce, à bien des égards. Ce ne sont pas de «grosses pointures» dans leur branche, ni dans leur boulot et vivent au dessus de leurs moyens. L’aspect extérieur de leur vie brille de milles artifices mais, en interne, la menace de la catastrophe n’est guère loin. Ce ne sont pas pour moi des exemples à suivre, ni de bonnes références qui m’inspirent. Nous sommes très différents. Pourtant, nous avons les mêmes parents, sommes nés dans la même ville et avons fréquenté les mêmes écoles. Peut-être mon éducation a-t-elle été différente de la leur, parce que je suis né au moment où mon père avait décidé de prendre sa retraite anticipée. Il s’est dévoué pour tous mes apprentissages. Je n’ai pas eu grand mal à me rendre compte de l’authenticité des avertissements de mes parents. Durant toute ma scolarité, j’ai pu très tôt déceler qu’il n’y avait pas de meilleur ami et ou de meilleur camarade. Les enfants à l’école sont terriblement méchants, certains sont grossiers, d’autres vicieux. Il valait mieux ne pas trop les suivre dans leurs combines de jeux. Combien de fois n’ai-je pas été bousculé, tourné en bourrique gratuitement à cause de «la malchance» d’être très bon élève. La majorité des camarades de classe cachent une perfide jalousie et même de la haine envers ceux qui réussissent. Je peux parler de leurs parents aussi et même de certains profs peu doués. De nombreux enfants se faisaient passer pour de «meilleurs amis» le temps de récolter le maximum d’informations sur la famille de leur camarade. Ce n’était qu’une vile façon de s’introduire dans la vie privée des gens pour satisfaire la curiosité maladive de parents qui passent leur temps en manigances, médisance et fanfaronnades sur leur prétendue richesse et influence pour cacher le niveau scolaire désastreux de leur progéniture. Les choses changent avec les études supérieures, mais tout se retrouve dans le monde du travail et dans les relations quotidiennes.
Très tôt, j’ai compris qu’il y avait beaucoup de fausseté, de mensonge et de perversité chez grand nombre d’individus. Les artifices ont barré la route à l’éthique et aux valeurs morales. Je ne suis ni prétentieux, ni hautain, ni avare; je suis tout simplement quelqu’un qui protège sa conscience et qui veut rester libre. Je n’ai pas à formater ma personne et ma personnalité pour plaire aux gens; seul le regard et l’amour de mes parents comptent»…

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Mariem Bennani

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