«La communauté internationale n’a plus le droit de soutenir les séparatistes»

«La communauté internationale n’a plus le droit de soutenir les séparatistes»

Pour le gouvernement Catalan, c’est soit l’indépendance, soit la déstabilisation de l’Espagne. Les leaders du séparatisme dans cette région, qui a pour capitale la ville de Barcelone, menacent de se séparer unilatéralement du pouvoir central de Madrid. Face à cette situation, certains craignent un retour de la tension au sein de la société espagnole, rappelant les ravages de la guerre civile qui a secoué le pays de 1936 à 1939. Le professeur en relations internationales, Mohamed Tajeddine Houssaini, livre au «Reporter» son analyse de la situation en Espagne et les risques que cette crise pourrait avoir sur l’avenir du pays et la cohésion du peuple espagnol. 

Rien ne va plus entre le pouvoir central et le gouvernement catalan. Ce dernier s’accroche à l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne. Quelle lecture faites-vous de la situation chez le voisin ibérique?

L’indépendance de la Catalogne aura de graves répercussions sur l’avenir de l’Espagne et pourrait même porter atteinte à la cohésion de la société espagnole. Dans le passé, le Royaume d’Espagne a été ébranlé par la guerre civile. Le pouvoir central à Madrid ne voudra jamais que le pays revive un tel cauchemar. Pour cela, il est nécessaire de s’assoir autour de la table des négociations pour trouver une issue à la crise politique espagnole. 

Vous évoquez la guerre civile dont l’ombre planerait sur l’Espagne. Quelle relation avec l’indépendance de la Catalogne?

La volonté de la Catalogne d’avoir son indépendance vis-à-vis du pouvoir central en Espagne fait craindre le pire. La crise politique en Espagne menace de mettre en place des clivages au sein de la société. D’un côté, il y a ceux qui soutiennent les objectifs séparatistes du gouvernement catalan. D’un autre, on retrouve une majorité de citoyens qui appellent le gouvernement de Mariano Rajoy à prendre des mesures sévères à l’encontre des leaders du séparatisme dans la région catalane. Globalement, l’opinion publique espagnole estime que l’image de l’Espagne et son avenir sont mis à mal, à cause de cette volonté d’indépendance exprimée par les responsables du gouvernement catalan.

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En cas d’enlisement de la crise en Espagne, une intervention ferme de l’Union européenne est-elle possible?

Cette hypothèse est très peu probable. Il ne faut pas oublier que l’Union européenne (UE) fait face à une crise structurelle. Ce constat a été prouvé lors de la décision de la Grande-Bretagne de ne plus faire partie de l’Union européenne, dans le cadre du «Brexit». L’UE n’a rien pu faire pour empêcher une telle décision.

La crise en Catalogne renforce-t-elle la position du Maroc, dans le cadre du dossier de son intégrité territoriale, comme l’estiment de nombreux politologues?

La crise politique entre Madrid et la Catalogne tombe à point nommé pour le Maroc. Au moment où la communauté internationale craint que l’indépendance de la Catalogne donne lieu à une déstabilisation de l’Espagne, le Maroc se retrouve constamment contrarié quand il défend son intégrité territoriale. En s’exprimant contre l’indépendance de la Catalogne, la communauté internationale n’a plus le droit de soutenir les séparatistes, où qu’ils soient, notamment ceux qui veulent remettre en question la marocanité du Sahara.

Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a menacé de déclencher l’article 155 de la Constitution, si les responsables catalans ne font pas machine arrière en renonçant à l’indépendance de la région. Que dit la Constitution espagnole à ce sujet?

Si le président séparatiste de la Catalogne souhaitait déclarer l’indépendance et défier le pouvoir central en Espagne, Mariano Rajoy, en sa qualité de chef du gouvernement espagnol, est en droit de prendre les mesures qu’il jugera adéquates, pour faire régner l’ordre en Catalogne et dans le reste du territoire espagnol. L’article 155 de la Constitution donne la possibilité à Rajoy d’évincer les dirigeants séparatistes catalans et de reprendre le contrôle de l’administration de la région. C’est pour vous dire que l’Espagne dispose des lois qui lui permettent de préserver sa stabilité, dans le cadre d’une nation soudée et stable.

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La Cour constitutionnelle espagnole s’est déjà prononcée, en mars dernier, contre le référendum sur l’indépendance de la Catalogne. En défiant la décision de la plus haute juridiction espagnole, le gouvernement catalan est-il hors la loi, ce qui lui ôte toute légitimité? 

De toute façon, le gouvernement local Catalan estime qu’il n’est pas obligé de se plier aux décisions des différentes institutions espagnoles. Ce que les séparatistes en Catalogne ignorent, c’est qu’ils mettent en péril l’avenir de leur région. La Catalogne est une région touristique qui contribue à l’emploi dans cette région. Déjà, les investisseurs espagnols et étrangers ont commencé à fuir la Catalogne. Plusieurs banques ont également déserté la région, ce qui laisse prédire des mois ou des années difficiles pour la Catalogne. La division n’a jamais été une solution. L’Espagne commence à peine à se relever de la crise économique qui l’a terrassée, comme d’autres pays, au lendemain de la crise mondiale de 2008. Les responsables catalans doivent faire preuve de sagesse politique et de bon sens. 

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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