Marché de travail | La parité, un vœu pieux ?

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Le Maroc a entamé depuis des années une dynamique pour la promotion de l’égalité de genre. Seulement, les défis persistent encore, particulièrement, ceux liés à la faiblesse de l’accès des femmes aux opportunités économiques. 

La femme marocaine pourrait-elle aspirer à la parité dans la sphère économique et financière ? D’aucuns estiment que ce vœu est pieux. Raison ? Le taux d’activité des femmes demeure faible. «En 2020, la participation des femmes au marché du travail reste faible avec un taux d’activité de 19,9% contre 70,4% pour les hommes. Plus de huit femmes sur dix sont en dehors du marché du travail. Le taux d’emploi des femmes est presque le quart de celui des hommes (16,7% contre 62,9%)», a révélé le Haut-commissariat au plan (HCP) dans sa dernière note d’information publiée à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Une réalité que conforte l’étude relative aux «Coûts économiques des inégalités de genre dans le marché du travail au Maroc», réalisée dernièrement par la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF) relevant du ministère de l’Economie, des finances et de la réforme de l’administration, en partenariat avec le Centre d’excellence de la budgétisation au genre (CE-BSG) et ONU Femmes. Selon ce document, le Maroc au même titre que les pays de la région MENA, enregistre un taux de participation des femmes au marché du travail des plus faibles dans le monde.

Ce taux se situe notamment à un niveau inférieur  non seulement par rapport aux pays occidentaux mais aussi par rapport au groupe des pays à revenu faible ou intermédiaire (le taux d’activité s’établit en moyenne entre 40% en Asie et 55% en Amérique latine et Afrique subsaharienne). Cette situation donne lieu à «des pertes en points de croissance sous l’effet de la sous-utilisation de l’ensemble des potentialités humaines dont dispose le Maroc. L’estimation des gains potentiels qui pourraient être générés moyennant la réduction des écarts de genre, en termes d’accès à l’activité, considérés comme des réserves de croissance économique jusque-là non encore utilisés, s’avère alors d’une grande utilité et, particulièrement, dans ce contexte marqué par une crise sanitaire sans précédent», rapporte la même étude qui insiste sur l’amélioration du niveau d’activité féminine.

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Cet indicateur stagne voire régresse sur les deux dernières décennies. «Ces tendances sont non seulement liées aux facteurs sociaux impactant négativement l’emploi des femmes mais, également, au rythme relativement lent de la transformation structurelle de l’économie et le manque d’expansion de certains secteurs qui se sont avérés essentiels à l’expansion de l’emploi féminin à l’instar d’autres pays comme le secteur manufacturier et les services», lit-on dans ce rapport mettant en exergue les difficultés des femmes à accéder aux opportunités économiques.

Les femmes, levier de performance

D’ailleurs, en dépit de ces écarts de genre, le taux d’activité entrepreneuriale des femmes impacte directement et positivement la croissance économique 5 fois plus que le taux d’activité entrepreneuriale des hommes. Dans ce sillage, il convient de souligner qu’en 2019, la proportion des entreprises dirigées par des femmes a atteint 12,8%. La femme dirigeante est plus présente dans le secteur des services (17,3%), suivi du commerce (13,8%), de l’industrie (12,6%) et de la construction (2,6%). «Même si les femmes dirigeantes apparaissent moins dans les grandes entreprises (8%), elles sont plus présentes dans les très petites entreprises (13,4%) et au sein des petites et moyennes entreprises (10,2%). Par ailleurs, 18% des entreprises individuelles et 11% des SA et des SARL sont gérées par des femmes», indique le HCP dans sa dernière note.

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En plus, selon la profession, 8,6% des femmes actives occupées travaillent en tant que responsables hiérarchiques, cadres supérieurs et membres des professions libérales (contre 3,8% pour les hommes), ce qui correspond à un taux de féminisation de 38%. Les cadres moyens représentent 6,3% des femmes actives occupées (contre 2,4% pour les hommes), avec un taux de féminisation de 41,6%. En somme, pour gagner en efficacité, les entreprises ont intérêt à intégrer la diversité des genres, en particulier parmi les cadres et dans les postes de direction. D’ailleurs, en matière de gouvernance des établissements et entreprises publics, la question du genre est en évolution. En atteste le nombre de femmes occupant le mandat d’administrateur lequel est passé de 4 en 2015 à 20 femmes actuellement, alors que 42% de comités d’audit sont présidés par des femmes.

Nadia Benyouref

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