Coulisses, particularités et clés de réussite sont bien évidemment les secrets que chacun aimerait découvrir concernant MasterChef Maroc. Fouad Loukili, DG de MedProd et producteur de l’émission, dévoile au Reporter tous les ingrédients de cette belle aventure. Entretien.
Entretien
Master Chef Maroc a été un réel succès quant à l’audience: 5,5 millions de téléspectateurs, soit 60% de part d’audience. A quoi imputez-vous ce succès?
MasterChef Maroc a effectivement été un grand succès en termes d’audience notamment, ce qui à mon sens résulte de 4 éléments complémentaires et essentiels qui ont contribué à cette réussite.
Il y a d’abord un casting réellement représentatif de ces passionnés de cuisine, amateurs anonymes qui se sont retrouvés dans cette grande aventure: le plus grand concours de cuisiniers amateurs au monde. Nous n’avions pas droit à l’erreur. Et on a assisté à un phénomène extraordinaire où chaque Marocaine et chaque Marocain s’identifiaient à un candidat. Cet attachement a permis à l’émission de gagner des parts d’audience régulières de Prime en Prime. L’émission était également relayée sur les réseaux sociaux, avec une application dédiée qui permettait aux internautes de suivre leurs candidats préférés, de redécouvrir les recettes coup de cœur du jury, voter, jouer, gagner…
Le second ingrédient de cette réussite est dû à 4 épices 100% marocaines qui ont donné à cette 1ère édition de MasterChef Maroc les saveurs qu’on lui connaît: Chef Moha, Chef Khadija, Chef Meryem et Chef Ramzi. 4 grands chefs que l’émission a permis de découvrir ou de redécouvrir dans un rôle de jurés, mais surtout de coaches qui ont su accompagner nos candidats jusqu’au bout de leur mission, avec juste ce qu’il faut comme dose de poigne.
Le troisième élément de cette réussite relève des règles de la production TV d’aujourd’hui: des moyens de production mis au service d’une émission de qualité. Nous avons eu onze tournages en extérieur du plateau: neuf villes au Maroc, dans des conditions d’extrême dépaysement et de rencontres inoubliables, avec des prises de vue aériennes par hélico ou drones et deux tournages à l’étranger, Istanbul et Libreville, avec toute la partie logistique, repérage, fret, etc. Le résultat s’est fait ressentir sur la qualité de l’émission.
Le dernier point important concerne les équipes de tournage et de post production que je félicite pour la qualité de leur travail. Et leur implication pour cette belle réussite que nous partageons avec nos partenaires de ShineFrance qui ont partagé leurs expériences avec nos équipes de MedProd.
Au bout d’une première édition, on a pu connaître la gagnante et savoir aussi ce qu’elle deviendra grâce à cette édition. Cependant, la question reste posée quant au devenir des autres participants. Est-ce que la production ou les sponsors les prendront, tous ou quelques-uns, en charge pour un nouveau plan de carrière?
MasterChef Maroc a adapté les valeurs de la marque MasterChef à nos propres valeurs. Dans le casting, nous avions des femmes au foyer, des employés de société, des commerçants, des étudiants, etc. et notre promesse immédiate n’était pas la professionnalisation des candidats. Mais au fil du programme, de réels talents se sont révélés et avec eux une envie de se lancer dans un projet professionnel. Nous accompagnerons effectivement tous les candidats, sans exception, qui le souhaitent. Pour les finalistes, nous nous y attelons dans les jours qui viennent. De grandes surprises les attendent.
Le Maroc était relativement présent lors de cette édition à travers des escales dans certaines villes du Royaume. MasterChef Maroc ne pense-t-il pas élargir ce champ de connaissance du Maroc lors de sa prochaine édition?
Si, bien évidemment. Cela fait partie du concept même de l’émission et de nos engagements de producteurs. Nous irons à la rencontre d’autres terroirs et cultures culinaires du Royaume. Du dépaysement et du divertissement encore inattendus…
A propos de seconde édition, peut-on dire qu’elle a déjà été lancée? Et qu’apportera-t-elle de nouveau pour éviter de tomber dans le conformisme et la routine dont ont été victimes d’autres émissions qui avaient pourtant très bien réussi lors de leur première diffusion?
Si l’on revient à la définition d’un concept TV déclinable, de surcroît une marque internationale telle que MasterChef, nous sommes bien évidemment obligés d’éviter la «routine» et le «conformisme». Le téléspectateur marocain a acquis une maturité et une intelligence en termes de consommation de programmes. Il attend des émissions qui le concernent, qui le touchent et qui lui parlent. Ceci n’est pas une mince affaire. Mais c’est notre métier. Et nous le faisons dans les règles de l’art. Avec l’écoute des critiques et les corrections à porter quand c’est nécessaire. Il ne faut surtout pas avoir la prétention de dire que tout est fait. Tout reste encore à faire et c’est ça la passion qui nous anime.
On sait que MasterChef est un concept international qui impose certains paramètres de qualité, notamment à ses acquéreurs. Dans le cas du Maroc, quelle marge de manœuvre vous ont laissé les concepteurs?
MasterChef est un concept international, oui. Mais vous pouvez voir toutes les adaptations à travers le monde. Il existe des marges de manœuvre appréciables par les deux parties, les ayants droit et les acquéreurs. Des éléments récurrents doivent être respectés. A charge pour le producteur de réunir tous les éléments de cette réussite et de donner du plaisir à partager avec les téléspectateurs. L’adaptation de notre «Atelier» MasterChef Al Maghrib a rencontré un grand succès.
Pour finir, peut-on connaître le coût global de cette première édition en termes d’investissement, quels en ont été les contributeurs et quelle était la part de la production?
En tant que producteur artistique, je vous dirais que les moyens ne sont jamais suffisants. Car, ils sont intimement liés à la qualité des images que nous produisons. Cette qualité intègre tous les moyens mis en place depuis le lancement du casting, dans 8 villes du Royaume, la mobilisation d’un Jury itinérant, les déplacements au Maroc et à l’étranger, avec candidats, équipes techniques, matériel de cuisine, plateau aux normes internationales, etc. Le coût était à la mesure des résultats.
Je vous propose, pour finir, une réponse facultative à une question qui n’a pas été posée, mais qui doit tout autant intéresser le grand public dans MasterChef. Nous utilisons beaucoup de denrées alimentaires. Que faisions-nous du surplus? Nous en faisions don à un orphelinat voisin du plateau, chaque semaine. Et cela nous remplissait d’un grand plaisir comme celui de vous répondre. En vous donnant rendez-vous pour la prochaine édition.
Propos recueillis par Hamid Dades