Spécial Jordanie : Ce miracle dynastique permanent

Roi de jordanie

L’aviation jordanienne a participé aux frappes aériennes contre l’organisation auto-proclamée Etat islamique (EI) en Syrie. Cet engagement est normal, car la Jordanie est directement menacée par l’entité terroriste du califat.

La dynastie jordanienne fait face à une nouvelle épreuve, mais c’est loin d être la première. Cette monarchie arabe a su chaque fois faire face et sauver l’essentiel face à des adversaires parfois plus puissants. La coalition pour lutter contre le mouvement Etat islamique et ses combattants rassemble des pays arabes et européens, ainsi que la Turquie. «La Jordanie soutient la lutte contre l’organisation», a assuré le Roi Abdallah, mais pas question d’envoyer des hommes ou des soldats sur le terrain. Les bases aériennes du pays devraient servir aux avions de la coalition pour attaquer des cibles. La Jordanie est traditionnellement un allié clé des Etats-Unis au Moyen-Orient et bénéficie d’une aide économique et militaire importante de ce pays. Washington a déployé plus d’un millier de militaires dans le royaume lié par ailleurs à Israël par un traité de paix signé en 1994.
Le pays ne craint pas, semble-t-il, une attaque directe du pays par les combattants de l’Etat islamique, avec une centaine de pick-up, même si, dans certains de leurs messages, ils annoncent tout de même clairement qu’après Damas et Bagdad, ce sera le tour de la Jordanie. Les autorités jordaniennes craignent plutôt la réaction d’une partie de la population toujours assez favorable aux thèses islamistes et à celles jihadistes. Mais, c’est surtout la perspective d’un retour de 2.000 Jordaniens, selon les estimations, qui combattent en Syrie ou en Irak aux côtés de l’EI ou d’autres groupes islamistes qui inquiète les autorités.

Le gouvernement jordanien a assuré avoir pris les mesures nécessaires pour «protéger la Jordanie de tout danger» et appelé la population à ignorer «les rumeurs» faisant état de menaces, alors qu’Amman a rejoint la coalition anti-djihadiste. Les autorités «suivent de très près l’évolution de la situation dans plusieurs Etats voisins et les mesures de précaution nécessaires ont été prises pour contrôler les frontières et protéger la Jordanie de tout danger», a indiqué le gouvernement dans un communiqué repris par l’agence officielle Petra. Le Roi Abdallah II avait promis que son pays continuerait à «déployer tous les efforts pour lutter contre le terrorisme, cerner les terroristes et assécher leurs sources» de financement.

Le rôle du Roi est capital

Le Roi n’est redevable d’aucune autorité (le crime de lèse majesté s’applique pleinement) et il a jusqu’ici été considéré comme l’arbitre suprême entre les composantes de la société jordanienne: Jordaniens de souche, réfugiés/déplacés palestiniens de 1948 (naturalisés en 1949), réfugiés circassiens, Tchétchènes venus au pays au cours du 19ème siècle, etc. Sur le plan politique, il nomme et défait lui-même les gouvernements et, au cours de ces dernières années, il s’est trouvé à l’origine de toutes les grandes initiatives en matière économique et sociale. Cependant, il se tient dans le même temps en surplomb du système et, en cas de crise, il est le premier à aller sur la place publique pour dénoncer l’incapacité des pouvoirs publics à gérer le pays. Sur le plan diplomatique, le Roi Abdallah a été un des premiers dirigeants à appeler Bachar Al-Assad à quitter le pouvoir, mais la Jordanie, située en première ligne, n’a pas pu se permettre de s’engager plus avant du fait de sa relative faiblesse. Selon de nombreuses rumeurs, cette position relativement neutre explique la suspension par ses alliés traditionnels du Golfe, partisans de la chute du régime de Bachar Al-Assad, du versement des aides financières qui maintenaient jusque-là la monarchie à flot… Mais aujourd’hui, tout change à nouveau. Même sur le plan intérieur! La contestation populaire sur laquelle les Frères musulmans pouvaient initialement tabler s’est essoufflée. Pour les Jordaniens moyens, l’enlisement sans fin du conflit syrien tout proche a fait primer sur le désir de changement la crainte de voir leur pays sombrer à son tour dans le chaos, ce que seules les institutions monarchiques semblent en mesure d’éviter.
La solidarité des monarchies est de retour face à une menace commune. Le Roi avait affirmé à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU que la Jordanie était «en première ligne des efforts» destinés à «maîtriser et vaincre ces groupes». «Ces terroristes et criminels qui visent la Syrie, l’Irak et d’autres pays sont les formes extrêmes d’une grave menace mondiale», avait-il souligné.
L’avenir du royaume passe par la capacité de la monarchie à continuer à s’assurer l’allégeance et le soutien d’une majorité significative de la population (ne serait-ce qu’en brandissant le spectre d’une désintégration du pays en cas de crise politique grave) et par la capacité des forces de l’opposition à peser véritablement, sans déstabilisation, ni violence, sur le processus de prise de décision et à encourager ainsi l’avènement d’une véritable monarchie plus ouverte.

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Patrice Zehr

Dynastie hachémite


Descendants directs de Hachem, l’arrière-grand-père du Prophète, les Ben Hachem ou Hachémites sont une des familles les plus prestigieuses de l’Islam. Au XXe siècle. Les actions d’Hussein et de ses fils ont particulièrement marqué l’histoire du Moyen-Orient. Lorsque Mustapha Kemal abolit définitivement le califat en mars 1924, Hussein se proclame immédiatement calife. Mais Ibn Saoud est bien déterminé à empêcher son concurrent d’endosser une telle responsabilité. Il lui dénie toute légitimité et envahit le Hedjaz durant l’été 1924. Hussein, lâché par les Britanniques, est contraint d’abdiquer le 3 octobre et doit se refugier à Amman où son fils Abdallah est devenu émir de Transjordanie. Un an plus tard, avec la conquête de Médine par les Saoudiens le 5 décembre 1925, le dernier Hachémite, Ali, encore établi dans le Hedjaz, est également contraint de quitter la région. Hussein décède le 4 juin 1931 à Amman sans avoir pu devenir calife, ni réunir l’ensemble du peuple musulman sous son autorité.

 

 

Transjordanie et Cisjordanie


L’émirat de Transjordanie (Imarat Sharq al-Urdun) était un protectorat britannique créé en avril 1921, suite aux accords passés pendant la Première Guerre mondiale avec les princes arabes dont fait partie la dynastie hachémite (Grande révolte arabe de 1916-1918). Suite à la Conférence du Caire de 1921, le contrôle du territoire est transféré au troisième fils de Hussein ben Ali, Abdallah Ier, sous la surveillance d’un Représentant britannique. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les troupes jordaniennes jouent un grand rôle dans la région auprès des troupes britanniques. Aussi, à la fin de la guerre, Abdallah réclame-t-il aux Anglais l’indépendance de son pays. Le mandat britannique se termine le 22 mars 1946. Le 25 mai, la Transjordanie déclare son indépendance. Elle devient le Royaume hachémite de Jordanie et Abdallah devient roi.
La Cisjordanie, appelé aussi Judée-Samarie, est une région du Proche-Orient qui constitue depuis 1967 un enjeu du conflit israélo-palestinien. Initialement attribuée par le Plan de Partage de la Palestine à un futur Etat arabe, elle est annexée par la Transjordanie en 1949 à l’issue de la première guerre israélo-arabe. À la suite de la Guerre des Six Jours, Israël en prend le contrôle et 300.000 Palestiniens y fuient les combats ou en sont expulsés. Depuis cette époque, Israël y a favorisé l’implantation illégale de colons et, en 1982, annexe Jérusalem-Est et fait de «Jérusalem réunifiée» sa capitale contre l’avis de la communauté internationale.

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Légion arabe


En 1939, c’est John Bagot Glubb, encore appelé «Glubb pacha» ou «Abu-Hanik», qui devient officier commandant de l’unité. Avec le début de la guerre israélo-arabe de 1948, la Légion arabe compte plus de 6.000 soldats et, en 1949, le chiffre atteint le nombre de 12.000. Elle est à cette date sous le contrôle officiel du gouvernement transjordanien, nouvellement indépendant, mais ses officiers sont encore partiellement britanniques et ne sont pas autorisés par le roi George VI à participer à cette campagne. Seul Glubb Pacha désobéit.
Les forces de la Légion arabe remplissent un rôle majeur lors des combats menés contre Israël dans la zone de Jérusalem, entre mai et juillet 1948. Entre le 15 mai 1948 (lendemain de la Déclaration d’indépendance de l’État d’Israël) et la fin 1948, la légion soutenue par des troupes irakiennes prend le contrôle de l’actuelle Cisjordanie, dans le cadre du projet du roi Abdallah d’éviter la naissance d’un Etat palestinien (prévu par le plan de partage de la Palestine de 1947), au profit d’un agrandissement de la Transjordanie (laquelle se rebaptisera de ce fait Jordanie en 1950).
Les forces de la Légion arabe obtiennent la reddition du Quartier juif de la vieille ville de Jérusalem, combattent à Latrun et à Lydda et Ramleh. Avec la fin de la guerre de 1948, la Légion arabe reste la force militaire du royaume jordanien et comptera jusqu’à 25.000 hommes.

 

La mosaïque Jordanienne
On connaît les Arabes, les Bédouins et les Palestiniens, mais ils ne sont pas les seuls. Les groupes ethniques minoritaires historiques sont:
– les Circassiens (dénomination collective pour les Nord-Caucasiens musulmans, sauf les Tchétchènes) sont estimés en 1971 à 20.000 (0,8 %) par l’Encyclopédie soviétique, à 1% de la population (27.000) en 1984 par le CIA World Factbook. Les implantations circassiennes historiques étaient Amman (fondée par eux), Wadi Sir et Jerash;
– les Tchétchènes, souvent décrits à tort comme musulmans chiites, notamment à Ar-Rusayfah, Zerka et Suwailih;
– les Arméniens rescapés du génocide de 1915, au cours duquel certains furent recueillis et cachés par des tribus bédouines arabes;
– les Turkmènes à Ar-Rumman, au sud de Jerash.


Les communautés confessionnelles minoritaires sont:
– les chrétiens, originellement majoritaires, selon les statistiques nationales officielles, sont estimés à 6% de la population. Ils sont présents dans les villes de Salt (un tiers des 20.000 habitants en 1935), Kerak (1.500 chrétiens sur 8.000 habitants en 1935, selon R. Montagne, dont 2 tribus sur 3 des Wadi Mousa) et Madaba et les villages environnants. Ils étaient estimés en 1928 à 10.000, soit 4% de la population (Statesman’s Yearbook) et en 1949 à 30.000 (8,8%) (A.M. Goichon, Jordanie réelle, 1967). Au recensement de 1961, ils étaient 108.838:
– les orthodoxes orientaux ou grecs-orthodoxes (6,4%) représenteraient la moitié des chrétiens,
– les melkites catholiques, estimés à 46.000 (1,5%) en 1978 par le Statistical Yearbook of the Church,
– les arméniens grégoriens,
– les druzes, notamment dans le Qasr Azraq, parmi lesquels des réfugiés de la révolte de 1925 contre les Français en Syrie.

 

PZ

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