Maroc-Tunisie | Qui, derrière le coup tordu ?

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Lors de l’adoption de la Résolution 2602 sur le Sahara, par le Conseil de Sécurité, le 29 octobre dernier, 13 membres du Conseil ont voté «Pour» et deux se sont abstenus: la Russie, comme elle l’a régulièrement fait ces dernières années et –à la surprise générale- la Tunisie !

Au Maroc, c’est la consternation.

Consternation, parce que s’il y a un Etat dont les Marocains n’attentaient pas une telle position, c’est bien la Tunisie.

Si l’abstention avait été le fait du Kenya ou du Mexique, deux pays qui soutiennent les séparatistes du Polisario, cela aurait été compris.

Or, le Kenya –qui assurait la présidence du Conseil pour le mois d’octobre- après avoir proposé des amendements à la Résolution en faveur des thèses du Polisario, s’est rangé derrière la Communauté internationale et voté pour la Résolution, même si ses amendements n’ont pas été retenus (et pour cause, il revenait à la solution du referendum, écartée depuis 2006 par le Conseil).

Le Mexique également a voté pour…

C’est donc avec consternation –et le mot est faible- qu’a été accueilli au Maroc le vote de la Tunisie. Les interrogations des citoyens ont fusé, exprimant le sentiment général d’une injustice sur fond de trahison, mais aussi d’une ingratitude.

N’est-ce pas en Tunisie que le Roi du Maroc s’était rendu en juillet 2014, se promenant à pied et sans gardes du corps dans les rues tunisiennes, pour donner au monde (et aux investisseurs et touristes potentiels) l’assurance que la Tunisie était bel et bien sortie des turbulences du «Printemps arabe» et avait retrouvé stabilité et sécurité ?

Tout récemment, n’est-ce pas à la Tunisie que le Maroc a expédié d’urgence un hôpital de campagne, en solidarité avec ce pays voisin, face à une montée de la pandémie Covid qui devenait incontrôlable ?

Le Roi Mohammed VI n’a-t-il pas multiplié les gestes bienveillants à l’égard du Président Kaïs Saïed et maintenu le contact avec lui, en lui téléphonant personnellement ?

La Tunisie aurait agi sous la pression de l’Algérie, craignant ses mesures de représailles, son belliqueux voisin non seulement pouvant le menacer de terrorisme aux frontières, mais ayant depuis longtemps noyauté le pays et pouvant surtout le priver de Gaz et mettre à mal son économie (déjà en difficulté)…

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La Tunisie se serait donc trouvée entre deux feux. Ce serait ce qui expliquerait que le conseiller à la présidence de la République, Walid Hajjem se soit fendu d’une déclaration expliquant le vote de son pays, dès le lendemain. Un communiqué où il affirme que la Tunisie «réitère son soutien total aux efforts constants du Secrétaire général de l’ONU en vue de parvenir à une solution politique dans l’affaire du Sahara…», ainsi que «son appui au rôle important de la Minurso». Ajoutant que «la Tunisie se félicite de la nomination du nouvel envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan de Mistura» et considère que c’est un «pas important vers l’impulsion du processus politique» et d’une «dynamique positive au service d’une solution pacifique».

Petits signaux en direction du Maroc ? Une chose est sûre, en soutenant «une solution politique» et non le referendum, en appuyant le rôle de la Minurso et en qualifiant la nomination de Staffan de Mistura de «pas important», ce ne sont pas les positions de l’Algérie et du Polisario qui sont confortées… Les deux acolytes étant contre la solution politique, contre la Minurso (avec mise en garde sévère du SG de l’ONU au Polisario) et contre de Mistura, Alger ayant officiellement rejeté la mission des tables rondes dont il a été chargé.

Mais pour les Marocains, le coup de poignard tunisien reste –quoi qu’il en soit- condamnable… Même s’il est clair que, derrière ce coup de poignard, il y a un coup tordu du Pouvoir d’Alger… Encore un autre !

BA

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Maroc-Tunisie, pour mémoire…

Nous avons eu un coup de cœur pour cette brillante analyse d’un patriote tunisien

«C’est un vote de Kaïs Saïed et pas des Tunisiens. C’est une trahison de l’Histoire, du droit et de la fraternité entre le Maroc et la Tunisie.

Depuis le milieu du 20ème siècle, après les indépendances, la Tunisie s’est retrouvée coincée entre deux fous, Boumediene et Kadafi. Les seules frontières terrestres sont celles-là. Bourguiba avait installé une doctrine: sans un Maroc fort, la région allait être dominée par l’Algérie, un pays imprévisible et hégémonique. Cette doctrine a toujours dominé la politique étrangère tunisienne.

Benali a suivi la même voie. Ces deux présidents ont réussi la prouesse de garder assez bien l’indépendance et la souveraineté du pays face aux deux voisins.

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En janvier 1980, un commando tuniso-libyen de supposés maquisards est entré en tunisie par la frontière algérienne avec l’aide de l’armée algérienne. Ils ont attaqué au milieu de la nuit la ville de Gafsa et ont tué les appelés de la caserne avant de proclamer la «révolution». Il s’agissait d’une opération conjointe Libye-Algérie. Deux pays se sont engagés dans la défense de la Tunisie. La France et le Maroc. Le Maroc a envoyé des transports de troupes et des hélicoptères de combat. Après la révolution de 2011, le pays a subi le terrorisme. Ce terrorisme venait exclusivement d’Algérie. Tous les chefs terroristes arrêtés ou tués, sans exception, étaient algériens.

La Tunisie après 2011 a mis en place un régime politique et un système électoral qui créent mécaniquement un paysage politique éclaté. Donc faible.

A partir de 2012, l’Algérie est devenue de plus en plus présente à l’intérieur du pays. Dans les réseaux sociaux, mais aussi dans le débat interne et la politique de sécurité publique. Des partis ont pris l’habitude de se rendre à Alger, rencontrer Bouteflika ou ses collaborateurs. Le premier d’entre eux, Ghannouchi d’Ennahdha, spécialiste du double langage. Ils ont cherché ouvertement des soutiens politiques et diplomatiques en Algérie et le fait s’est banalisé.

D’autres aussi l’ont fait mais ce sont de petits partis.

L’Algérie, devant la déliquescence tunisienne, a installé l’idée dans les réseaux sociaux que l’Algérie est le « grand frère qui défendra la Tunisie quoi qu’il arrive »

KS concentre aujourd’hui le pouvoir exécutif, il est législateur et il est chef du parquet. Il a gelé le parlement en s’appuyant sur l’armée.

Il conduit une politique très populaire et populiste d’assainissement et de lutte contre la corruption. Mais son projet politique est dangereux il veut instaurer des comités populaires sur le modèle libyen.

Le vote de vendredi est un sujet douloureux pour les Tunisiens.

Les hommes politiques qui se sont prononcés publiquement pour la marocanité du Sahara et ils sont nombreux, comme Ahmed Oubais, Moncef Marzouki, ou Safi Said, sont l’objet d’intimidation et d’attaques coordonnées sur les réseaux».

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