Colloque international sur les finances publiques | La fragilité sociale, source de tous les maux

Colloque international sur les finances publiques,Trésorerie Générale du Royaume

Le Colloque international sur les finances publiques dont les travaux se sont déroulés les 19 et 20 novembre 2021 à Rabat, au siège de la Trésorerie Générale du Royaume, a été rehaussé par l’organisation de tables rondes, auxquelles ont pris part d’éminents experts et des personnalités marocaines et étrangères de tous bords.  

Parmi les tables rondes organisées dans le cadre dudit Colloque, celle consacrée à la problématique de la fragilité sociale et les moyens d’y faire face, a particulièrement capté l’attention. 

Une réforme paramétrique devenue inévitable

S’exprimant lors de cette table ronde, le Directeur Général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) a souligné la nécessité de la mise en œuvre d’une réforme paramétrique du régime de base de la CNSS, afin de lui garantir un meilleur équilibre technique. «Il s’agit de repousser l’âge de la retraite, augmenter la cotisation et revoir les règles de calcul des annuités», a précisé Hassan Boubrik  S’attardant sur les différentes situations des régimes de la CNSS, Boubrik a fait savoir que le régime des pensions civiles ne produit plus de déficit grâce notamment à la réforme paramétrique opérée en  2016. Selon le patron de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, cette réforme a donné lieu à une augmentation de l’âge de départ à la retraite de 60 à 63 ans, ajoutée à une baisse du taux d’annuité de 2,5% à 2% et augmenté la cotisation de 20% à 28 %. Pour Hassan Boubrik, «ces décisions étaient lourdes» certes, mais ont permis de «stopper l’hémorragie».  Le DG de la CNSS a, en outre, mis en exergue l’importance de l’équilibre technique individu à individu, en fonction du calcul des droits et de l’âge de départ à la retraite entre autres, notant dans le même contexte, que d’autres sources de financement alternatifs doivent être repensées pour assurer la pérennité du système des pensions de la CNSS. Le responsable a, par ailleurs, relevé que le vieillissement de la population mondiale est une réalité et que l’augmentation de l’espérance de vie notamment au Maroc, est une bonne chose en soi, dans la mesure où elle est essentiellement due, a-t-il ajouté, à un meilleur accès aux infrastructures de la santé au niveau national et mondial.

TGR/ Maroc | Le déficit budgétaire à 43,5 MMDH à fin août

Face à la menace démographique

Toutefois, ce vieillissement de la population a aujourd’hui des conséquences extrêmement fortes et pose des pressions majeures sur les ressources et les dépenses de retraites et de santé, a souligné le Directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Il a noté, en outre, que pour ce qui est du financement de la retraite et de la protection sociale, «il n’y a pas d’autre alternative que celle d’allonger la période d’activité et repousser encore plus l’âge de départ à la retraite». S’agissant de la projection des cotisations, dépenses et solde technique des régimes de pension 2020-2050, Hassan  Boubrik a fait état d’une forte fragilité financière du système de retraite national, ainsi qu’une évolution des dépenses de pensions à un rythme plus soutenu que les cotisations, a-t-il précisé.  Dans la même veine, l’ancien député, ex-ministre et maire de Meaux, Jean françois Cope, a souligné l’impératif de repousser l’âge de départ à la retraite, notant néanmoins que «cela ne réglera pas complètement le problème. «On ne peut prétendre augmenter l’âge de la retraite sans mettre en place une réforme des retraites digne de ce nom, qui commande une réorganisation complète de l’économie, que ce soit dans l’entreprise ou dans l’administration, pour faire en sorte que l’employabilité de ceux qui ont plus de 55 ou 60 ans aujourd’hui soit une priorité absolue», a-t-il soutenu.

…En attentant une régionalisation sanitaire

Les intervenants à la table ronde sous la thématique: «faire face à la fragilité sociale», organisée le 20 novembre 2021 dans le cadre de la 14ème édition du Colloque international sur les finances publiques, ont été unanimes pour dire qu’il est aujourd’hui urgent d’opérer une véritable régionalisation du système de santé, tout en fixant le budget de la santé à 8% minimum du budget général de l’Etat. Il est également question, ont-ils ajouté, de réviser les lois en vigueur relatives à la santé, notamment en ce qui concerne la mobilité du corps médical en fonction des besoins, outre la mise en place d’un système d’information sanitaire qui soit global et intégré.

Maroc | Déficit budgétaire de 24,6 MMDH à fin mai 2021 (TGR)

ML

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3 questions à…

Hassan Boubrik, Directeur Général de la CNSS

Colloque international sur les finances publiques,Trésorerie Générale du Royaume

«Nous avons besoin d’une réforme plus systémique des régimes de retraite»

Le vieillissement de la population semble vous inquiéter particulièrement. De quelle manière ce vieillissement est-il préjudiciable pour les régimes de retraite au Maroc?

Le vieillissement de la population est un phénomène mondial qui n’épargne pas le Maroc. En réalité, le Royaume a déjà franchi un point d’inflexion, démographiquement parlant. Au Maroc, la population âgée de plus de soixante ans devrait connaitre un bond significatif dans les dix, vingt et trente prochaines années. Tout ceci met une pression énorme sur les régimes de retraite au Maroc.

Qu’est-ce que cela signifie?

Actuellement nous servons des pensions de retraite pendant une durée beaucoup plus longue par rapport aux décennies précédentes. D’un autre côté, nous sommes confrontés à une réalité qui fait que la population qui entre sur le marché du travail et qui cotise, devient beaucoup moins importante. La conjugaison de tous ces facteurs, me pousse à dire que la réforme des régimes de retraite ne peut plus attendre. A l’heure où je vous parle, la plupart des régimes de retraite sont déficitaires ou sur le point de le devenir avec un épuisement des réserves dans un futur proche.

Que faut-il faire pour que les régimes de retraite au Maroc soient parfaitement équilibrés?

Nous devons à la fois entamer des réformes paramétriques qui peuvent toucher l’âge, notamment pour le secteur privé, ainsi que le niveau de cotisation et la manière avec laquelle on acquiert le droit à la retraite. Je pense que nous avons aussi besoin d’une réforme plus systémique des régimes de retraite qui garantirait une soutenabilité de ces régimes-là à plus long terme.

Propos recueillis par Mohcine Lourhzal

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