Alerte AVC | Le Dr Maazouzi met en garde: tous menacés, tous concernés !

Dr Mehdi Maazouzi

Pour une raison ou pour une autre: cholestérol, obésité, diabète, sédentarisation, tabac, grossesse, âge avancé, etc, nous vivons de plus en plus sous la menace d’un AVC (Accident Vasculaire Cérébral). Mais nous pouvons détecter la menace et nous devons savoir que faire, avant qu’il ne soit trop tard.

Les mises en garde, explications et très précieux conseils du chirurgien vasculaire, le Dr Mehdi Maazouzi.

L’AVC: Un sniper qui tire après sommation

Par le Dr Mehdi Maazouzi

Chirurgien vasculaire

«En France, on compte chaque année 150.000 cas d’AVC. Soit un cas toutes les quatre minutes. Parmi eux, 20 % décèdent dans le mois qui suit ; et parmi les survivants, trois quarts garderont des séquelles définitives.

Au Maroc, nous ne sommes sûrement pas très loin de cette incidence, toute proportion démographique gardée. Mais il n’y a pas, jusqu’à ce jour, de recensement. Et cela, malgré la menace que ce fléau représente ici comme ailleurs: l’AVC constitue la première cause d’handicap, et la première cause de mortalité dans les pays occidentaux.

Plus que jamais, vu l’occidentalisation de notre société, ainsi que l’apparition de nouvelles menaces sanitaires telles que la Covid-19 qui s’accaparent nombre d’efforts et contribuent encore à occulter cette affection qui atteint brutalement l’organe le plus noble de notre personne, il convient de dédier à cette dernière et à ses répercussions économiques et sociales, l’intérêt de santé publique qu’elles méritent.

Mais d’abord, rappelons ce qu’est l’AVC.

L’AVC est un accident aigu menaçant une plus ou moins grande partie du cerveau et cela, suite à la migration d’un fragment de plaque d’atherome, de caillot sanguin, ou suite à une hémorragie.

Pourquoi tous concernés…

Parmi les facteurs de risques connus qui favorisent la survenue de cet accident figurent: l’âge avancé, le sédentarisme, l’hypertension artérielle, le tabac, le diabète, l’obésité, la grossesse, les troubles du rythme cardiaque (notamment l’arythmie cardiaque appelée arythmie complète par fibrillation auriculaire) l’usage du cannabis et les anticoagulants oraux.

Or, 35 % des Marocains adultes sont hypertendus, 30 % sont en surpoids, 15 % sont obèses, 30 % ont une dyslipidémie (troubles du métabolisme des graisses comme l’augmentation du taux de cholestérol) et 6,6 % sont diabétiques (notre pays compte 2 millions de diabétiques chez les personnes âgées de plus de 20 ans). De plus, chez les personnes en surpoids ou en situation d’obésité ou souffrant de diabète, plus de la moitié présente une hypertension artérielle associée, ce qui potentialise d’autant plus le risque. Enfin, chez 60% des personnes de moins de 60 ans victimes d’un AVC par migration d’un caillot, la responsabilité incombe à la persistance d’un petit orifice dans la cloison entre les 2 oreillettes du coeur (appelée foramen ovale perméable, particularité présente chez 2 à 3 personnes sur 10).

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Que faire ?

Quand survient un AVC, plusieurs thérapeutiques peuvent être appliquées en fonction de la gravité du tableau clinique et de son évolution. Mais il va sans dire que la prise en charge rapide joue à elle seule un facteur décisif dans la survie du patient et les futures séquelles qu’il pourrait développer. Chaque minute perdue peut faire perdre jusqu’à 2 millions de neurones !

Ainsi et à titre d’exemple, la thrombolyse, ou dissolution chimique du caillot peut être mise en oeuvre dans les quatre premières heures. Cette thérapeutique est à rapprocher de celle appliquée dans l’infarctus du myocarde qui, lui aussi, est une urgence des premières heures. Une autre technique est la thrombo-aspiration qui, elle, peut être appliquée dans les premières 24 à 48 heures.

Mais il y a plus encore. Il y a la prévention. Car l’AVC est un tueur qui ne fera pas feu sans prévenir ou, du moins, qui prévient le plus souvent. Il frappe après sommation qui peut être unique parfois, ou double, voire triple ; et frappe après des signes annonciateurs le plus souvent, qui sont présents dans 25 % des cas.

Les signes annonciateurs

Il est donc absolument indispensable de connaître ces signes annonciateurs, ces coups de sommation appelés AIT (Accident Intermittent Transitoire).

– C’est une faiblesse, une paralysie, une perte de la sensibilité brutale d’un bras, d’une jambe ou d’une partie de la face.

– C’est une déformation au niveau de la face, de la commissure labiale (coin des lèvres), ptôsis palpébral ou descente de la paupière supérieure.

– C’est une difficulté pour parler ou pour comprendre.

– C’est une migraine inhabituelle.

– Ce sont des troubles visuels, une sensation de voile blanc ou noir qui descend brutalement avec perte de la vision temporaire.

– C’est une perte de l’équilibre, parfois légère, répétée.

– C’est un cortège appelé végétatif, fait de sueur, de nausées inexpliquées.

Nous avons donc affaire à un sniper, certes, mais à un sniper qui tire après sommation, implicite ou explicite.

Implicite, car le patient qui risque d’en être victime est porteur d’un ou de plusieurs facteurs de ces risques bien connus: le voilà prévenu et à bon entendeur salut. A lui de remédier à sa situation de risque en bon citoyen responsable.

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Explicite, car le coup de semonce a été tiré à une ou plusieurs reprises. A lui de le reconnaître, l’identifier, de prendre en considération ces AIT en consultant urgemment.

Mais ce qui est le plus trompeur, c’est la régression rapide de ces signes, leur fugacité, qui peut dissuader le patient, ou le corps médical lui-même, de l’orienter en urgence vers un spécialiste ou une unité dédiée qui pourrait démarrer l’enquête et les investigations éventuelles. Car jusqu’à 20 % de ces AIT se transformeront en AVC dans les trois mois qui suivent l’incident. D’où l’importance d’une prise en charge rapide.

Nécessaire collaboration entre corps médical et paramédical

La rééducation reste primordiale dans tout le tableau d’AVC, quelles qu’en soient les séquelles ou la technique médicale ou chirurgicale appliquée, et nécessite une étroite collaboration entre le corps médical et celui paramédical, physiothérapeute, etc.

La prise en charge commence par un diagnostic précoce par un personnel compétent en la matière, mais aussi et tout d’abord par la prise de conscience du patient et sa famille de la gravité de son état, surtout en cas d’AIT annonciateurs. Et dans notre pays, la prise en charge doit être avant tout préventive. Elle doit concerner aussi bien l’AVC que l’AIT, par une campagne d’information audiovisuelle, intense répétée et suffisamment persuasive. L’alerte à donner et le transport du patient peuvent être facilités par une convention avec le SAMU, les pompiers et tous les dispositifs d’intervention dont dispose le pays. Mais il faut bien reconnaître que si, lors de la survenue de l’AVC, le tableau alerte de lui-même, tant la gravité est évidente et inquiétante pour la famille qui, d’instinct, va réagir, il en est tout autrement pour les patients porteurs de facteurs de risques, ces risques que nous avons énumérés et qui sont fréquents dans notre pays.

Connaître les signes qui sauvent, c’est reconnaître les signes qui doivent alerter et alerter également les opérateurs téléphoniques du SAMU («les permanenciers») dûment informés et mandatés pour prendre la décision qui s’impose en orientant les patients vers les institutions et les spécialistes idoines. Rassurer quelque peu, mais convaincre à tout prix, aussitôt que ces signes, associés à des facteurs de risque, auront été décelés par l’interrogatoire rapide. La tâche est ardue, mais c’est le prix à payer pour que puissent être sauvés chaque année de la mort ou d’ handicaps lourds, des milliers de patients».

Juste 4 heures pour réagir !

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