Ai-je tort de m’indigner de leurs excès ?

Leila, 54 ans, standardiste, est mariée et mère de trois enfants. Il en coûte à cette femme d’avoir offert l’hospitalité à des victimes de la pandémie du coronavirus. Voici ce qu’elle raconte.

«Suis-je la seule à remarquer que les catastrophes pointent à chaque fois que tout semble aller pour le mieux ? En tous cas, en ce qui me concerne, visiblement ça ne rate jamais. Depuis que j’ai accepté que l’on vienne squatter chez moi pour dépanner, on m’en fait voir de toutes les couleurs. Les gens à qui j’ai offert l’hospitalité ne sont pas contents de ce que cette dernière impose comme limites. Quant à mon époux que je croyais raisonnable, il se range de leur coté en m’ordonnant quelque chose qui me sort de mes gongs. C’est vraiment révoltant! Vous tendez une main et on vous demande le bras! J’en suis à avoir peur de prendre une décision qui ne sera ni bonne pour moi, ni bonne pour mes enfants, mais qui exaucera de manière certaine les vœux de l’adversité. 

Par exemple, à mon premier mariage, je croyais dur comme fer que j’avais fait le bon choix. C’est qu’il n’y avait personne pour me dissuader du fait que mon époux était un être exceptionnel. J’étais absolument certaine qu’il était l’homme de ma vie, qu’à ses côtés, j’allais fonder la famille idéale et que nous nagerions pour toujours dans le bonheur. Eh bien non ! A l’inverse, je me suis mis le doigt dans l’œil. A peine avais-je eu le temps d’entrevoir ce joli tableau, que tout s’est cassé la gueule. Vraiment, je vous jure qu’aucune bouée de sauvetage ne m’a été jetée. Et après cinq ans de vie commune, j’ai été abandonnée avec un gosse sur les bras. 

Le gars, tranquille avait disparu du jour au lendemain, sans plus jamais donner aucun signe de vie. J’ai su plus tard qu’il avait embarqué pour aller travailler à l’étranger. Le plus triste de l’histoire, c’est que non seulement il m’avait planté là avec un enfant mais aussi avec trois mois de loyer impayés, plus l’ardoise chez l’épicier, le boucher et même celle du café d’en face où une chaise doit sûrement encore garder l’empreinte de son poids. Il avait osé ! Sachant que je n’avais pas de revenu et donc rien pour nourrir notre fils ou quoique ce soit. Je rajouterai que je n’avais reçu aucun soutien moral, ou financier de la part de ma belle-famille. «Oualou»! Au contraire, lorsque je suis allée les voir, ces moins que rien, ils nous avaient chassés de la porte de chez eux comme des malpropres, mon enfant et moi. 

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Le retour chez mes parents n’avait pas été facile, pour un tas de raisons, mais je ne m’étais pas laissée abattre pour autant. Grâce à mon petit niveau d’étude et eu égard à ma détresse, j’avais été embauchée par un ami de mon père en tant que standardiste. Là, on m’avait conseillé d’entreprendre des démarches auprès de la justice pour faire valoir les droits de mon enfant. Je m’y étais forcée par devoir, mais sans illusions, de toutes les façons. D’ailleurs, à ce jour ces derniers n’ont toujours pas donné de réponse. Plus tard, par besoin de me sentir libre, je m’étais occupée de mon divorce. Ce passé avait été lourd à porter, mais mon seul bonheur fut d’avoir été capable d’élever dignement mon fils et qu’il soit devenu un homme.

A la demande en mariage d’un veuf, père d’enfants déjà installés en couple, je n’avais dit oui qu’après être devenue grand-mère et avec la condition de ne pas laisser tomber mon job. 

Je m’étais alors installée dans mon nouveau chez moi pour y fonder une nouvelle famille. Avec mon nouveau mari, nous avons eu une fille et un garçon. Ils sont tout jeunes encore. Honnêtement, je n’ai jamais eu à me plaindre de quoi que ce soit dans le comportement de mon homme d’une nature équilibrée et sans problèmes. J’ai été respectée aussi bien par lui que par tous les membres de sa famille. En plus, je n’ai jamais eu à débourser le moindre centime pour mes enfants ou pour moi. Avec mon argent, j’aide un peu mes parents et je paie les traites de crédit de mon petit appartement que je loue. Pour tout vous dire, ces changements dans mon destin, moi-même je ne les avais jamais rêvés. Mais actuellement, nous voilà dans ce que je disais au tout début. Tout va bien et… Rebelote ! La galère est de nouveau en marche et mon histoire est en train de prendre un tout autre tournant.

A cause de ce satané virus Covid, le mari de ma belle-fille qui s’était lancé en tant que traiteur dans une région touristique a fait faillite. N’ayant plus aucun moyen de subsistance, mon époux s’est vu dans l’obligation de voler au secours des membres de sa famille. En fait, il leur a proposé de venir s’installer chez nous en attendant de trouver une issue à leur problème. Je ne pouvais m’autoriser à lui faire le moindre reproche, surtout que j’avais vécu à quelques détails près la même situation autrefois. En toute serviabilité, je leur fais de la place chez nous, croyant qu’il nous était possible de cohabiter.  Malheureusement, dès le départ, nos enfants et les leurs ne se sont pas du tout entendus. Il nous fallait sans cesse, du matin au soir, éteindre les feux de leurs guéguerres. Résultat, le moral de tout le monde a flanché au ras des pâquerettes et pas seulement.

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Depuis, l’atmosphère est devenue irrespirable aussi bien à cause des enfants qu’à cause des adultes. Ce couple que j’ai hébergé n’en finit plus de me gonfler. Et d’une, ils ont de très mauvaises habitudes et de deux, eux et leurs sales mioches sont extrêmement mal éduqués. Dans ma maison, que je décrirai plutôt comme étant un vrai champ de bataille, je crois qu’il n’y a pas un tiroir ou recoin qui n’ait été inspecté. J’ai même remarqué que l’on se servait dans mes affaires et celles de mes enfants comme si c’était normal. Et même si j’ai essayé de ronger mon frein en ne disant rien et ce, afin d’éviter de passer pour la mauvaise belle-mère qui fait des siennes, cela n’a servi à rien. J’ai été interdite de stupeur d’entendre ma belle-fille débiter d’éhontés mensonges sur mon compte à son père. 

Résultat, c’est pour moi que sonne le glas tombe!  Monsieur me demande de lui ôter une épine du pied en versant l’argent du loyer que je perçois chaque mois dans une location pour sa fille. Il dit aussi que nous devrions nous serrer la ceinture pour couvrir tous leurs frais jusqu’à ce qu’ils trouvent du boulot. Ce que je n’arrive pas à digérer, c’est que ce n’était pas une suggestion à discuter mais un ordre. Sa démarche m’écœure jusqu’à me donner l’envie de le plaquer. Il n’y a pour l’instant que ce «peut-être qu’il s’agit d’une machination machiavéliquement orchestrée par ma belle-fille qui souhaite se débarrasser de moi et de mes gosses pour prendre ses aises chez son père» qui me retient. De plus, en toute franchise, je ne me sens pas du tout capable, à mon âge, de revivre l’expérience du passé avec -cette fois- la charge de deux enfants… Je ronge donc mon frein, en attendant de voir comment évolueront les choses».

Mariem Bennani

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