Farid Belkahia : Adieu, maître!

Farid belkahia

On a beau dire que l’artiste ne meurt jamais. Farid Belkahia, un nom qui restera gravé dans l’histoire de l’art du Maroc contemporain, a pourtant tiré sa révérence.

En effet, la scène artistique marocaine vient de perdre un créateur, un innovateur, un précurseur qui a révolutionné les codes de l’art au Maroc. A l’âge de 80 ans, Farid Belkahia s’est éteint, dans la nuit du 25 au 26 septembre à Marrakech, des suites d’une longue maladie.
Après le message de condoléances du Souverain adressé à la famille du défunt, Sa Majesté a donné ses instructions pour qu’une salle du Musée Mohammed VI d’art moderne et d’art contemporain, (inauguration officielle le 7 octobre 2014), soit dédiée à Farid Belkahia dont les œuvres ouvriront l’exposition «Le Maroc contemporain». Cette dernière sera inaugurée le 14 octobre à l’Institut du Monde arabe (IMA, Paris), comme annoncé par le président de l’Institut, suite à la disparition de l’artiste, en soulignant: «Son œuvre domine la scène artistique mondiale. Par son ampleur et sa singularité, elle est un pont entre l’Afrique et l’Europe… tout en tournant avec force la page de l’histoire coloniale. Il ressentait pour la France et pour Paris un amour passionné».

En effet, avec beaucoup de doigté, Belkahia a su renouveler, sans irriter la tradition. Il a jonglé sans trahir son identité et ses convictions qui se reflètent sur ses œuvres. Farid est ainsi resté fidèle à la nature et à ses origines (arabe, amazighe, islamique et méditerranéenne), tout en s’ouvrant sur l’Occident. En 1956, alors qu’il n’avait que 22 ans, l’artiste a participé au Salon d’Automne de Casablanca où son tableau intitulé «Les Baigneurs» a orné la carte d’invitation de cet évènement où exposaient de grands noms de la peinture occidentale, entre autres Picasso et Utrillo. Une carte qui fera date dans la carrière de Belkahia. «Mon père s’opposait à ce que je devienne peintre, considérant que la peinture ne nourrissait pas son homme. Il a été très fier de moi quand il a vu la reproduction de mon tableau sur le carton d’invitation au Salon d’Automne. Je pense que ce carton a été pour quelque chose dans la reconsidération de la position de mon père sur ma carrière de peintre», se souvenait l’artiste. Casablanca qui connut son succès était aussi le lieu de sa dernière exposition à l’Atelier 21.
Avec son décès, c’est une école de peinture qui disparaît. C’est toute la scène des arts plastiques qui perd un de ses piliers, de ses fondateurs et de ses figures emblématiques. Les compositions étaient faites à partir de signes qui ne sont pas sans rapport avec ceux des arts populaires, formant le répertoire et les formes de Belkahia. Celui-ci n’hésitait pas, au besoin, à adresser des messages, notamment celui de comprendre ce qui est faufilé entre les motifs des caractères de son œuvre.

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Bouchra Elkhadir

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Un beau parcours…


Né le 15 novembre 1934 à Marrakech, il poursuit ses études secondaires à El Jadida, puis à Marrakech. Etudes troquées contre un poste d’instituteur dans une école à Ouarzazate. C’est en autodidacte qu’il aborde la peinture à l’âge de 15-16 ans. Sa première exposition à Marrakech, en 1953, est un succès.
Farid Belkahia oriente son destin vers un cursus académique en se rendant à Paris où il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1954 à 1959. De retour au Maroc, il occupe le poste de directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca (1962-1974). Après une période de peinture figurative, il oriente son art vers des thèmes plus géométriques et diversifie les supports de sa peinture. C’est enfin la peau qui constitue son support de prédilection. Il y utilise des colorants naturels comme le henné et l’écorce de grenade.
L’artiste avait été fortement imprégné à l’art par son père M’hamed Belkahia, alors l’un des interprètes de l’inauguration de la Grande Mosquée de Paris en 1926. Si M’hamed fréquentait en effet les milieux artistiques étrangers et comptait comme amis plusieurs peintres, dont Antoine, Olek, Jeanine Teslar et Nicolas de Staël. Farid a d’ailleurs été initié à la peinture dans les ateliers d’Olek Teslar. Le défunt était marié à l’écrivaine Rajae Benchemsi dont il a eu une fille, Fanou.

 

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