Nouveau modèle de développement : Les trois défis de Chakib Benmoussa

Nouveau modèle de développement : Les trois défis de Chakib Benmoussa

Mardi 19 novembre, SM Mohammed VI a reçu en audience Chakib Benmoussa -ambassadeur du Maroc en France- et l’a nommé à la tête de la Commission spéciale chargée de plancher sur un nouveau modèle de développement pour le Maroc. Et maintenant ?

C’est donc fait.

La Commission spéciale, annoncée dans le Discours du Trône du 29 juillet dernier, a son président.

Les autres membres ne sont pas encore désignés.

Quand le seront-ils ? Qui seront-ils ? Quel temps leur sera-t-il imparti pour s’acquitter de leur mission ?

Depuis le Discours Royal qui avait fait son effet –au point de faire renoncer au farniente aoûtien de nombreux acteurs politiques et économiques- l’opinion publique est impatiente de voir donner le coup d’envoi à ce grand tournant annoncé.

La promesse d’un nouveau modèle de développement, nouveau moteur socio-économique du pays ; et la décision royale de prendre ce chantier en mains, ont soulevé de nouveaux et grands espoirs.

Grands espoirs, grandes attentes.

La tâche de Chakib Benmoussa ne sera pas des plus simples. Même s’il s’y attelle, armé de grandes compétences, d’une expérience similaire menée à l’échelle régionale (dans les provinces du Sahara) et des qualités de gestionnaire qui lui sont reconnues et dont il aura grand besoin pour un tel projet, cette fois-ci à dimension nationale…

Il lui faudra relever trois défis.

D’abord, ce 1er défi…

Le Premier défi auquel sera confronté Chakib Benmoussa, Président de la Commission spéciale du nouveau modèle de développement, sera de définir –précisément- les contours de ce nouveau modèle de développement ; d’arrêter ce en quoi il consistera.

Le Souverain en avait esquissé les lignes directrices, appelant «à prendre en considération les grandes orientations des réformes engagées ou en passe de l’être, dans des secteurs comme l’enseignement, la santé, l’agriculture, l’investissement et le système fiscal». Ajoutant qu’il faudrait «proposer des idées pour améliorer, perfectionner et accroître l’efficacité dans ces secteurs clés au Maroc»… Qu’il faudrait «faire preuve d’audace et proposer des solutions adaptées à chaque problématique»… Qu’il ne s’agirait pas de s’inscrire «dans une logique de rupture avec le passé», mais «bien au contraire», «de poser de nouveaux jalons dans le processus de développement enclenché par le Maroc»…

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Mais, depuis, chacun y est allé de sa propre interprétation de ces orientations royales et des voies et moyens permettant de les traduire dans le concret.

Ces derniers mois, toutes les revendications –des plus petites aux plus grandes- ont été systématiquement liées au nouveau modèle de développement.

Le nouveau modèle de développement est devenu une vraie «auberge espagnole» où chacun trouve ce qu’il y apporte !

Et il va de soi que, dans l’esprit de chaque porteur de revendication ou de projet, la réponse à ses attentes est la condition sine qua non de la réussite du nouveau modèle de développement.

Chakib Benmoussa aura fort à faire pour structurer tout cela et faire en sorte que le projet final réponde, à la fois, aux grands objectifs du pays et aux attentes individuelles. Car, là sera le secret de réussite de ce grand projet. D’où le 2ème défi.

La réussite tient au second défi

Le 2ème défi à relever, qui constituera sans doute «le plus gros» de la réussite du nouveau modèle de développement, n’est en effet rien d’autre que l’adhésion populaire à ce chantier.

Cette adhésion populaire est indispensable. Si les citoyens marocains ne croient pas au nouveau modèle de développement, n’y adhèrent pas, ne participent pas à son élaboration… Il n’aura aucune chance de réussite, quelle que soit l’ingénierie que la Commission spéciale échafaudera et déploiera.

La solution est simple. Pour que les Marocains s’approprient leur nouveau modèle de développement, il faudra les y associer.

Aussi, l’approche que choisira Chakib Benmoussa pour élaborer le projet de nouveau modèle de développement sera déterminante.

L’écoute est la clé de tout… «C’est une Lapalissade».

Cela, le Président de la Commission spéciale le sait, lui qui a mené une vaste opération de concertation auprès des populations du Sahara, avant de proposer le plan régional de développement de cette partie du Sud marocain.

Mais l’exemple le plus réussi qu’a connu le Maroc, ces dernières années et que Chakib Benmoussa n’ignore pas, est celui de la Commission Mennouni pour l’élaboration de la Constitution de 2011.

Cette Commission a invité toutes les composantes de la société à lui faire part de ses attentes ; et passé plusieurs jours à écouter ceux qui ont défilé, les uns après les autres, devant elle… Avant de livrer sa 1ère mouture.

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Et enfin, le 3ème défi !

Le 3ème défi que tout observateur attentif peut retenir des commentaires qui ont foisonné, depuis que le nouveau modèle de développement est sur toutes les lèvres, c’est celui de la faisabilité.

Les sceptiques l’expriment de la façon la plus crue… «Et quand on se sera tous mobilisés pour ce nouveau modèle de développement, quand il verra le jour et que tout le monde l’aura applaudi… Qu’est-ce qu’il en adviendra une fois que tout le tremblement sera passé ? N’a-t-on pas tous vibré et trépidé pour le rapport du cinquantenaire, qui était un chef d’œuvre dans sa catégorie, avant de le reléguer au fond des tiroirs comme un vulgaire rapport de circonstance ?», lance ce haut cadre de l’administration.

Pour tous les sceptiques, deux facteurs sont importants dans la faisabilité.

Le facteur temps. Les projets qui traînent, dans leur conception, ne mobilisent pas. Le «temps populaire» est plus impatient que le «temps politique»…

Et le facteur effectivité. Les projets qui font naître l’espoir d’un avenir meilleur, puis tombent dans l’oubli, anéantissent la confiance.

Or, la confiance est déjà entamée, compte tenu des limites atteintes par l’actuel modèle de développement.

Une chose est sûre, la mise en oeuvre d’un nouveau modèle de développement, avec résultats palpables par le citoyen, dépendra des choix qui auront été faits.

En ce qui concerne la méthode pour booster le développement, plusieurs formules existent. Celles de l’Asie (Chine, Corée…) sont les plus performantes. Il a fallu quelques décennies d’efforts et une méthodologie rigoureuse, mais la remontée est spectaculaire.

On nous dit qu’en 1980 (c’était juste hier…), le Maroc était 5 fois plus riche que la Chine ! Aujourd’hui, la Chine est une des puissances mondiales qui défie les plus grandes d’entre elles. Et le Maroc…?

Il n’est d’autre choix pour le Maroc que de relever ses défis. Et tant pis si cela prend plusieurs décennies !

Cela tombe bien. La vision royale, qui garantit la continuité des projets nationaux, permet de transcender le court terme des gouvernements qui changent.

Bahia Amrani

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