«L’AMIMA n’en pouvait plus!»

Chakib Ben El Khadir, président de l’Association marocaine des importateurs du matériel agricole (AMIMA)

 

CHAKIB BEL KHADIR

Une convention a été signée entre l’AMIMA et le groupe Crédit Agricole pour le financement du matériel agricole. Quel apport à cette convention sur l’activité?

Cette convention, nous l’appelions de nos vœux depuis longtemps. Car jusqu’à maintenant, ce sont les entreprises membres de l’Association marocaine des importateurs de matériel agricole (AMIMA) qui finançaient elles-mêmes la mécanisation de notre agriculture. Il faut dire que celles-ci finançaient indéfiniment les agriculteurs, au point qu’elles se sont essoufflées. Cela ne pouvait pas durer, car ces entreprises se faisaient prêter de l’argent par les banques. Mais à cause de la crise qu’il y a aujourd’hui, cela s’est un peu asséché. Avec cette convention que nous avons signée lors du Forum sur l’investissement en oléiculture, qui a été organisé à Skhirate, nous allons donc passer à un financement par le Crédit agricole; c’est-à-dire que l’agriculteur va enfin pouvoir bénéficier d’un crédit, à des conditions extrêmement avantageuses, pour payer son matériel agricole et donc procéder à la mécanisation de son agriculture. En signant cette convention, le Crédit Agricole réaffirme son engagement à côté des agriculteurs marocains et son ambition d’aider à la réalisation des objectifs du Plan Maroc Vert. Ce plan, notons-le, prévoit quelque chose comme 0,9 cheval à l’hectare en termes de mécanisation à l’horizon 2020. Nous sommes aujourd’hui à peine à 0,4. Une chose est certaine: cette convention arrive à point nommé, car la mécanisation de notre agriculture commence à s’essouffler à cause des problèmes de financement. Les agriculteurs n’avaient pas la capacité de s’autofinancer. Les entreprises membres de notre Association ont financé autant qu’elles ont pu, mais elles commencent sérieusement à s’essouffler. Donc, le Crédit agricole, par l’assouplissement des conditions d’octroi de ces crédits, vient vraiment au bon moment soutenir notre agriculture. Nous espérons que cela va booster nos ventes de matériel agricole.

«L’orientation de cette année est stratégique»

 

Est-ce à dire que la vente du matériel agricole a connu une baisse?

L’année dernière, il y a eu une baisse de 20%. Et cette année, au cours du premier trimestre, la vente du matériel agricole a enregistré une baisse qui se situe à 18%. Il y a une tendance baissière. Les raisons sont dues à la faible pluviométrie qui a marqué l’année dernière, mais c’est essentiellement ce problème de financement qui pose problème à l’ensemble des entreprises et à tous les agriculteurs. C’est pourquoi j’estime que cette convention vient à point nommé et va certainement booster les ventes, d’autant plus qu’elle vient à la veille du SIAM. Nous espérons vraiment retrouver des couleurs sur ce marché très prochainement.

Comment est-ce que vous êtes impliqués dans l’agriculture et aussi dans le SIAM?

Nous avons un rôle très important, comme vous pouvez l’imaginer, puisque la mécanisation est à la base de beaucoup de choses. Certes, il y a le reste: il y a la semence, la pluie et d’autres choses. Mais le matériel agricole, c’est quelque chose d’extrêmement important pour intégrer l’agriculture moderne. D’ailleurs, les objectifs du Plan Maroc Vert sont extrêmement ambitieux en termes de mécanisation. Au niveau du Salon international de l’agriculture à Meknès (SIAM), notre association et ses membres sont extrêmement présents. Nous y sommes même très impliqués. D’ailleurs, chaque année, nous prenons les surfaces les plus importantes dans ce Salon, puisque notre association prend plus d’une dizaine de milliers de mètres carrés par an de la superficie du SIAM.

«La priorité est que rien ne bloque au niveau de l’ONSSA»

Quelles sont les défis à relever?

Le point essentiel, c’est d’abord la pluie. Mais le problème de fond, c’est surtout ce problème de financement. Le 1er défi, c’est donc de pouvoir donner à l’agriculteur ayant une petite surface la possibilité de s’équiper. Mais l’autre défi, c’est aussi de pouvoir importer des produits de qualité. Notre souci, c’est de donner à l’agriculture un produit de qualité et à un prix intéressant tout en lui assurant des garanties et les pièces de rechange. C’est cela le gros défi. Je pense qu’avec la convention que nous venons de signer, nous allons dans le bon chemin.

Nombreux sont les pays européens qui souffrent toujours des effets de la crise. Par rapport aux pays avec lesquels vous traitez, est-ce qu’il y a eu un impact de cette crise sur votre activité?

Evidemment. Nous traitons essentiellement avec l’Italie, l’Allemagne, la France et l’Espagne. Ces pays ont certes souffert de la crise. Mais il faut comprendre que leur agriculture est une agriculture qui est extrêmement développée. Juste pour vous donner une idée: il se vend au Maroc à peu près 3.700 tracteurs, alors qu’en France pas moins de 37 mille tracteurs sont vendus par an. On est donc à 10% du marché français. Pourtant, la surface du Maroc est beaucoup plus importante et notre agriculture demande à être modernisée. Il est donc important que nous venions à chaque fois avec des solutions, comme cette convention, pour aider à la mécanisation de notre agriculture.

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