Adil Benhamza, porte-parole du Parti de l’Istiqlal

«L’Istiqlal n’a pas trouvé un chef de gouvernement avec qui dialoguer. Le Chef de l’Etat, lui, est là»

Adil benhamza istiqlal

Quel est l’impact, à votre avis, de la décision du Parti de l’Istiqlal de quitter le gouvernement actuel dirigé par le PJD et pourquoi n’avez-vous pas mis en œuvre la décision votée par le Conseil national du parti?

Si, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas encore mis en œuvre la décision de démissionner du gouvernement, c’est parce que nous sommes convaincus d’aller progressivement dans sa mise en œuvre.

Une fois la décision prise de claquer la porte du gouvernement de Benkirane, il fallait l’appliquer et tirer la révérence.

Effectivement, certains nous ont reproché et nous reprochent aujourd’hui encore d’avoir pris cette décision et de ne pas nous être retirés du gouvernement.

Pourquoi alors avoir tardé à quitter le gouvernement du moment que la décision était prise et validée par le Conseil national?

Le Parti de l’Istiqlal, qui s’est attardé à prendre la décision et par la suite à la mettre en œuvre, l’a fait parce qu’il a pris en considération l’intérêt du pays et aussi les retombées d’une décision politique de cette importance sur n’importe quel gouvernement dans des circonstances normales et encore plus dans des circonstances délicates.

Etes-vous convaincus de cette décision de quitter le gouvernement?

Vous savez, le Parti de l’Istiqlal n’est pas heureux d’avoir pris cette décision de quitter le gouvernement, vu que les partis, en général, entrent en compétition électorale pour mettre en œuvre leurs programmes.

Pourquoi alors avoir pris cette décision?

Malheureusement, il s’est avéré que nous étions face à une expérience particulière et à une pratique inexpérimentée où le sens de la responsabilité fait défaut. Il n’y avait même pas le minimum, au point qu’il n’y a pas une seule entité sociale qui ne soit pas en conflit avec l’actuel gouvernement. Dans cette situation complexe, nous n’avions pas d’autre choix. Ce que nous pouvons préciser aujourd’hui, c’est que notre sortie vers l’opposition, nous la gérons avec le chef de l’Etat, en l’absence d’un chef de gouvernement qui soit en mesure de gérer avec nous le sujet. Aujourd’hui, le sujet est entre l’Istiqlal et le chef de l’Etat et cet état de fait est clair dans le mémorandum que nous avons soumis à l’appréciation de SM le Roi.

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On vous reproche clairement d’avoir tenté d’impliquer SM le Roi Mohammed VI et l’Institution royale dans un conflit, en fait, entre le patron d’un parti (PI) et le chef de gouvernement (PJD). Qu’en dites-vous?

Vous avez dû prendre note du communiqué du Cabinet royal. C’est SM le Roi qui a contacté le Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, n’est-ce pas? Nous avons pris notre décision, mais c’est le Souverain qui a contacté le SG. Alors, l’avons-nous impliqué?

La question est posée par les Marocains qui attendent une réponse…

En ce qui nous concerne, SM le Roi a contacté le Secrétaire général de l’Istiqlal. Par ailleurs, le Conseil national s’est réuni et a pris la décision que tout le monde connaît. Une demi-heure plus tard, SM le Roi a contacté le Secrétaire général et lui a demandé de geler la démission jusqu’à son retour au pays. Nous avons dit dans notre communiqué que nous allions geler notre décision jusqu’au retour du Souverain au pays et l’audience que Sa Majesté accorderait éventuellement au Secrétaire général qui lui remettrait un mémorandum expliquant les raisons à la lumière desquelles le Conseil national a pris sa décision de quitter le gouvernement. C’est exactement ce qui s’est passé. Après l’audience que le Souverain lui a accordé, le Secrétaire général de l’Istiqlal a déclaré que nous attendions la réponse royale pour les jours prochains. Il n’y a donc pas lieu de parler d’implication par le PI du Souverain ou d’autre chose. En plus, ceux qui veulent faire croire qu’il s’agit d’un conflit entre le chef de gouvernement et le Secrétaire général du parti fuient la réalité.

Alors, c’est quoi?

Il s’agit d’un sujet qui concerne un parti membre du gouvernement, lequel parti a des remarques sur la gestion quotidienne des affaires de l’Etat; des remarques également à l’adresse de Abdelilah Benkirane en tant que chef de gouvernement.

Peut-être aussi entre l’Istiqlal et le PJD?

Il n’y a aucun différend entre l’Istiqlal et le PJD. Celui ou ceux qui veulent donner à ce débat politique et constitutionnel cette interprétation simpliste et superficielle cherchent tout simplement une fuite en avant et non à trouver une solution à la crise.

Finalement, il gouverne seul !

Vous auriez pu vous adresser au chef de gouvernement, débattre avec lui de la crise et éventuellement trouver les remèdes.

Ecoutez, nous croyons fermement à l’existence d’institutions dans ce pays. Nous nous sommes adressés à SM le Roi parce que le chef de gouvernement refuse de jouer ce rôle et se comporte, depuis qu’il est à la tête du gouvernement, comme chef de parti. Le PI n’a pas trouvé un chef de gouvernement avec qui dialoguer. Le Chef de l’Etat, lui, est là. C’est une institution constitutionnelle comme il en existe dans d’autres pays du monde. On s’en remet donc à l’arbitrage du Roi chaque fois qu’il y a crise dans un système démocratique, pour qu’il mette en œuvre ses compétences souveraines. L’article 42 de la Constitution est clair, concernant ce cas de figure. Nous aurions pu avoir recours tout simplement à l’article 47, présenter une démission collective et la boucle serait bouclée.

Est-ce que c’est aussi simple que cela?

Pas du tout, sachant que nous ne démissionnons pas comme d’une commune rurale. Nous sommes dans un pays et tout un chacun doit assumer ses responsabilités, ni plus ni moins. Nous ne cherchons encore ni à impliquer l’Institution royale, ni autre chose et ceux qui cherchent à limiter les prérogatives de l’Institution royale sont ceux-là mêmes qui tiennent ce langage.

Quels sont les points saillants du mémorandum soumis à SM le Roi?

Les détails figurent dans les deux mémorandums de l’Istiqlal.

Comment allez-vous procéder pour activer la mise en œuvre de la décision du Parti de l’Istiqlal de quitter le gouvernement?

Le Comité exécutif se réunira dans le cadre du mémorandum que nous avons présenté à SM le Roi. Nous attendons toujours la réponse du Souverain pour ce qui a trait à la gestion de notre retrait du gouvernement. Une question de jours…

Etes-vous prêts à vous ranger dans l’opposition?

Naturellement…

Vous vous y plairiez aux côtés d’un autre membre de la Koutla (USFP)?

L’opposition n’est pas un métier nouveau pour les Istiqlaliens. Ils y ont passé une trentaine d’années.

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