Iran Le nucléaire au grand tournant

Ali akbar salehi iran et yukiya amano aiea photo AFP

Le changement de président en Iran a modifié la donne internationale. Le président Rouhani est un anti-Ahmadinejad. Il est tout en rondeur, tout sourire et un homme de dialogue, alors que son prédécesseur avait une sécheresse indiscutable de comportement et de langage.

On soupçonnait Ahmadinejad de vouloir la bombe militaire pour détruire Israël. On est tenté de croire en la volonté de Rouhani de doter son pays d’un nucléaire exclusivement pacifique. Ce qui est son droit absolu. Cependant, le pays qui menace régulièrement l’Iran d’une action militaire préventive, Israël, n’y croit pas. Pour Netanyahu, le loup s’est simplement recouvert d’une peau de mouton.
Le changement ne serait qu’un changement d’image. Une chose plaide en faveur de cette suspicion, c’est que le vrai pouvoir, lui, n’a pas changé et que le président reste sous les directives du guide suprême. Voilà donc le contexte des négociations de Genève.
Cette reprise des négociations entre l’Iran et le groupe 5+1, jusqu’à présent dans l’impasse, a été rendue possible de toute évidence par l’ouverture diplomatique initiée par le nouveau président iranien, Hassan Rohani, en direction du président Barack Obama, lors de sa visite à New York fin septembre. Cette ouverture du président iranien, élu en juin, a été largement interprétée comme un premier pas destiné à obtenir un allègement des sanctions internationales qui frappent le pays, l’une de ses promesses de campagne.
Qu’est-ce qu’on attend des diplomates pour que ce soit un succès?
Parmi les compromis envisagés, des sources proches du dossier évoquent un gel des avancées du programme nucléaire iranien, notamment l’arrêt de l’enrichissement de l’uranium à 20% -le seuil critique pour fabriquer une bombe- en échange d’une suspension provisoire et réversible des sanctions.
Cette première étape permettrait aux deux parties de finaliser, au cours des mois prochains, un véritable accord qui donnerait la possibilité à la communauté internationale de vérifier que le programme nucléaire militaire a bien été interrompu et aux Iraniens d’obtenir la levée totale des sanctions. Malgré les «progrès», la recherche du point d’équilibre, qui permettrait aux deux parties d’accorder des points de vue difficiles à concilier -l’Iran ayant fait de l’enrichissement une «ligne rouge» et les négociateurs internationaux voulant la preuve que Téhéran a renoncé à la bombe-, est toujours aussi délicate. C’est pourquoi le président iranien s’est montré dès le départ très prudent.
Le président iranien Hassan Rohani a déclaré que son gouvernement n’était pas «optimiste» sur l’issue des négociations. L’homme du dialogue, celui qui est maintenant en première ligne, c’est le ministre iranien des Affaires étrangères. Costume gris sombre, chemise sans col et barbe élégamment taillée, Mohammad Javad Zarif porte une double-casquette inédite dans l’histoire de la République islamique: ministre des Affaires étrangères, il est aussi le négociateur en chef dans les pourparlers sur le nucléaire.

Iran : le front anti-sanctions

Ou en est l’Iran ?

Pendant dix-huit ans, l’Iran a mené dans le plus grand secret un programme d’enrichissement d’uranium. Téhéran affirme que son programme nucléaire reste conforme au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) que l’Iran a ratifié en 1970. Le TNP permet aux Etats signataires d’enrichir de l’uranium à des fins civiles, sous supervision de l’AIEA. Les 19.000 centrifugeuses installées par l’Iran lui permettent divers niveaux d’enrichissement, notamment à 20%, étape qui peut permettre ensuite, rapidement, un enrichissement à 90% pour la fabrication d’une arme nucléaire.
Interrogé (jeudi 7 novembre) par CNN, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, pense qu’il est possible de parvenir à s’entendre ou à un accord avant de clore les discussions. Côté européen, le ton est réservé. «Nous espérons accomplir des progrès concrets», a affirmé le porte-parole de la cheffe de la diplomatie, Catherine Ashton, qui préside les travaux.
L’analyse d’Israël est que les sanctions font mal à l’Iran et que c’est sous la pression que Téhéran sera forcé d’abandonner son programme. Benyamin Netanyahu, le Premier ministre, a profité de la visite du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, pour évoquer le sujet. «Tant que les Iraniens continuent d’enrichir de l’uranium et ont pour objectif de se doter de la bombe atomique, il ne faut pas relâcher la pression et, au contraire, il faut l’augmenter», a-t-il dit en ajoutant: «Nous avons entendu des slogans,  »Mort aux Américains », il y a deux jours à Téhéran. Ça, c’est le vrai visage du régime iranien».
A Téhéran on dénonce le discours d’un pays doté de l’arme nucléaire avec la complicité bienveillante de ceux qui, aujourd’hui, la refusent à l’Iran au nom de la sécurité d’Israël.

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Patrice Zehr

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