Entretien avec Mohamed Aujjar, Emanuel Ilunga et William Lacyswing

Entretien avec Mohamed Aujjar, Emanuel Ilunga et William Lacyswing

Mohamed Aujjar                 William Lacyswing                    Emanuel Ilunga

Ce qu’ils disent de la politique migratoire du Maroc…

Les 3 hauts responsables (deux ministres et un ambassadeur Directeur Général de l’Organisation Internationale pour les Migrations) ont confié au «Reporter» leur avis sur la politique d’immigration et d’asile du Maroc. Et ce, à Skhirate qui a abrité, le 19 octobre 2017, le 4ème anniversaire de la Politique nationale d’immigration et d’asile.

«Le Maroc a été actif dans la préparation du Pacte mondial pour des migrations sûres»

La présence du Directeur général de l’Organisation Internationale pour les Migrations (Genève) et ambassadeur US, William Lacy Swing, est un geste positif, concernant la considération que vouent cette organisation internationale et le groupe des organisations de l’ONU au Maroc, pour le leadership du Royaume et de SM le Roi Mohammed VI dans le domaine de la migration. C’est aussi parce que ce leadership a pris de l’ampleur à l’issue du retour du Maroc au sein de sa famille institutionnelle, à savoir l’Union Africaine. Grâce également au choix fait par le Souverain de se pencher et de s’intéresser, dans le cadre  de l’UA,  aux affaires africaines, dont le dossier de la migration.

Quel est le but de cette rencontre au Maroc?

La célébration aujourd’hui au Maroc (Skhirate) du 4ème anniversaire de la Politique nationale d’immigration et d’asile est une occasion pour passer en revue les efforts consentis par notre pays à l’encontre des frères africains et d’affirmer le caractère humain des droits de l’Homme au Maroc avec les affaires de la migration.

Quel rôle du Maroc dans la célébration de ce 4ème anniversaire de la Politique nationale d’immigration et d’asile?

Le Maroc a été actif dans la préparation du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, aussi bien lors de la réunion de New-York qu’à l’occasion des rencontres consultatives à Genève.

Quelles sont les caractéristiques de la Politique migratoire du Maroc?

La politique marocaine s’est caractérisée par la participation de tous les acteurs, principalement par l’implication de l’ensemble des organisations non gouvernementales (ONG) intéressées par la migration.

Et quel est le rôle du Maroc à l’occasion de cette célébration du 4ème anniversaire (à Skhirate) de la Politique nationale d’immigration et d’asile?

Cette manifestation haut de gamme est l’occasion propice pour le Maroc pour expliquer les grandes lignes de sa politique migratoire aux Marocains, à la société civile et aussi à l’ensemble de nos partenaires à l’international.

Emanuel Ilunga, ministre délégué aux Affaires étrangères, chargé des Congolais de l’étranger  

«Je salue le courage du Roi Mohammed VI»

Que représente pour vous la célébration au Maroc du 4ème Anniversaire de la Politique nationale d’immigration et d’asile du Maroc?

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Je me suis déplacé, expressément du Congo au Maroc (à Skhirate), pour être présent, par la volonté du chef de l’Etat, Kabila Kabengué, qui a exigé que je sois présent à cet événement d’une si grande importance, organisé au Maroc.

Et la Politique migratoire de SM le Roi Mohammed VI?

Je salue avec force la volonté de SM le Roi Mohammed VI de régler, avec grand courage et détermination, cette problématique d’une telle ampleur, qu’est la migration. Il faut, à mon sens, être un grand homme pour prendre une telle décision, à savoir mettre sur pied une réelle Politique nationale de l’Immigration. Je salue donc sa décision et son courage. Moi-même, je suis flatté de voir qu’il y a beaucoup d’immigrés africains qui étaient en difficulté et ont pu trouver du travail et de la formation au Maroc. On ne  peut donc exiger mieux d’un peuple (Marocain) qui offre généreusement son hospitalité. L’Afrique est fière de vous, peuple marocain!

Le Maroc est fier de revenir au sein de la grande famille africaine…

Bien évidemment, le Maroc doit participer à la prise des grandes décisions. Le Maroc est une nation émergente, donc, c’est un pays qui doit arrimer la démocratie, à travers les droits de l’Homme et à travers aussi un certain nombre de valeurs.

Que répondez-vous aux pays qui refusent encore, ou hésitent à adhérer à une politique migratoire un peu partout dans le monde?

Je pense que la diplomatie doit continuer de travailler. Elle ne peut donc pas se fatiguer de convaincre, pour l’humanisme et pour faire un monde qui nous honore tous. Nous devons travailler pour ces pays encore réticents. Je pense, au risque de me répéter, qu’il y a encore un travail diplomatique à faire pour que ces pays récalcitrants puissent rejoindre le train de ceux qui ont embrassé la paix.

Et le retour du Maroc à l’Union Africaine (UA)?

C’est un événement qui est salué par tout le monde. La preuve en est que, le premier jour où les représentants du Maroc à Addis-Abeba sont entrés dans la salle, celle-ci s’est mise debout pour applaudir à l’unanimité et saluer le retour du Royaume du Maroc. C’est, à mon humble avis, un signe, parce que la salle a applaudi sans que quelqu’un leur fasse signe ou le demande. Donc, il n’y a pas de mots pour décrire un tel événement retentissant.

En ce qui concerne votre pays, le Congo?

Nous souhaitons que le Maroc occupe la place qui lui revient de droit.

L’ambassadeur William Lacyswing, Directeur général de l’Organisation Internationale pour les Migrations (Genève)

«L’immigration n’est pas un problème, c’est une réalité humaine»

Mohamed Aujjar reconduit à la tête de la mission d’établissement des faits sur la Libye

Vous vous êtes déplacé aujourd’hui (19 octobre2017) au Maroc pour vous associer au Royaume à l’occasion du 4ème anniversaire de la Politique nationale d’immigration et d’asile. Que représentent, pour vous et pour le Maroc, ce déplacement et ce geste?

Ce geste et ce déplacement étaient sincèrement très appropriés. SM le Roi Mohammed VI avait pris une initiative louable, il y a quatre années, pour changer la politique du passé qui, à mon avis, ne marchait pas; parce que les gens mouraient sur les routes migratoires et, à la longue, ce n’était pas quelque chose de louable pour les Etats et pays. Maintenant, la politique marocaine de migration permet aux migrants de venir ici, au Maroc et même plus, d’y rester, de s’intégrer et d’avoir accès aux services publics: santé, éducation et emploi.

Comment qualifiez-vous cette politique migratoire du Maroc?

Je dirais que tout cela, c’est très humain et responsable.

Et pour l’Organisation que vous représentez en tant que directeur général?

Nous, à l’Organisation Internationale pour les Migrations, à Genève, nous souhaitons cela et le soutenons.

Quelle appréciation faites-vous de cette nouvelle politique migratoire du Royaume?

J’estime que c’est très positif.

Sous quel angle?

Dans la mesure où cela montre qu’il est possible d’accepter les autres qui ont d’autres nationalités et, surtout, de les intégrer et de profiter de leur contribution.

A la longue, je dirais que c’est dans l’intérêt national. Mais c’est SM le Roi Mohammed VI qui a compris cela.

Comment solutionner cette problématique d’immigration à l’international?

L’immigration, à mon avis, n’est pas un problème, c’est une réalité humaine, comme je dis toujours.

Quelle politique alors pour l’éradiquer?

Il faut avoir une politique saine et responsable, parce qu’à la longue, les gens qui prennent la route migratoire régionale cherchent une autre vie, une vie meilleure en tout cas.

Le Nord reste somme toute dubitatif. Comment le convaincre d’accepter ce mouvement migratoire?

Vous savez, avec les problèmes démographiques entre le Nord et le Sud, il faut que le Nord accepte beaucoup plus le Sud. Parce qu’il a besoin des cadres et des talents dont regorge le Sud.

Mais alors, vous l’avez dit dans votre intervention en séance plénière, il y a quelque chose qui, à votre avis, ne marche pas. De quoi s’agit-il?

Il y a beaucoup de politiques qui ne marchent pas. Si ça marchait bien -perfect-, pourquoi alors les gens meurent-ils sur les routes de l’immigration? Nous avons perdu 5.000 personnes dans la Méditerranée, l’année passée (2016). Cela démontre que les politiques ne marchent pas. Il faut donc les améliorer et c’est pour le bien de tous.

Skhirate: interviews réalisées par Mohammed Nafaa

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