Vendredi 20 février, le rideau est tombé sur les travaux de la 3ème édition du Forum international Afrique développement.
La troisième édition du Forum international Afrique Développement a connu un franc succès à Casablanca. Cette réussite confirme l’ancrage résolument africain du Royaume aussi bien dans ses aspects économiques que politiques et humains. Le Forum Afrique Développement s’est donc inscrit dans une démarche de promotion du commerce, des investissements et plus généralement de la coopération économique Sud-Sud avec les partenaires subsahariens et visait à consolider le positionnement du Royaume en tant que moteur de l’intégration africaine.
Placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, le Forum Afrique Développement s’est focalisé sur le marché africain de l’investissement. Sous le thème «le temps d’investir», à l’initiative du groupe Attijariwafa bank et de Maroc Export, cette manifestation de grande envergure a offert une opportunité inédite de rencontres et d’échanges à plus de 1.200 opérateurs économiques et institutionnels de 15 pays africains.
Cette nouvelle édition du Forum Afrique Développement s’est caractérisée par plusieurs ateliers, notamment sur la diversification des sources d’énergie et la sécurité énergétique, la valorisation des ressources agricoles et la sécurité alimentaire et les enjeux et les modes de partenariats et de financements.
Une vision commune
Les participants au Forum international Afrique Développement ont appelé au développement d’une vision commune pour promouvoir les partenariats économiques entre les pays africains. En effet, des responsables et opérateurs économiques marocains et africains ont fait savoir que les pays africains doivent trouver un terrain d’entente commun pour les échanges commerciaux et la promotion des ressources naturelles, afin d’assurer une intégration économique durable. Les pays africains doivent aussi bénéficier des ressources disponibles sur le continent, au niveau local, plutôt qu’un contractant étranger. «Ce Forum est une occasion idoine pour développer des partenariats économiques entre les hommes d’affaires africains dans divers domaines et ce, dans le cadre de la coopération sud-sud », selon le ministre du Commerce extérieur, Mohamed Abbou.
Afin d’atteindre les objectifs de cette coopération dans le domaine de l’énergie, le ministre gabonais de l’Energie et des Ressources hydrauliques, Désiré Guedon, a appelé à suivre «l’expérience importante marocaine» dans le domaine des énergies renouvelables.
Pour le ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, les enjeux économiques fixés par son pays se résument en la réalisation d’une émergence de plusieurs domaines économiques, mettant en relief les liens «solides et historiques» qui unissent le Maroc et le Sénégal.
Par ailleurs, les différents programmes et projets de développement présentés lors de ce Forum, que ce soit au Maroc, au Cameroun, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Mali ou au Sénégal, confirment que les indicateurs encourageants de croissance en Afrique ne sont pas le fruit du hasard, mais celui d’une forte volonté des peuples et de leurs dirigeants de prendre leurs destins en main. Toutefois, il reste un long chemin à parcourir pour relever les défis de d’une émergence irréversible de l’Afrique. Un chemin qu’il faut parcourir ensemble.
Anas Hassy
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Côte d’Ivoire : Puissance émergente en 2020
La Côte d’Ivoire ambitionne de devenir un pays émergent à l’horizon 2020.C’est ce qu’a annoncé le ministre d’Etat et secrétaire général de la présidence ivoirienne, Amadou Gon Coulibaly, dans le cadre de la 3ème édition du Forum Afrique-Développement. Ainsi, la vision du président Alassane Ouattara de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent s’est traduite par l’élaboration de ce plan qui définit un processus de développement global et sectoriel en fixant les priorités et les résultats attendus, d’après la même source. «Ce plan, qui constitue un outil de coordination, de programmation et de suivi des projets de développement, vise à atteindre l’efficacité dans les interventions publiques avec comme objectif l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens», a ajouté Amadou Gon Coulibaly. Il faut dire que la mise en œuvre de ce plan a permis la réalisation d’un taux de croissance soutenu de 9% en 2014 et l’amélioration du taux du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de l’ordre de 20%. Ces résultats ont contribué à placer la Côte d’Ivoire parmi le groupe des pays à forte croissance aux niveaux africain et international et ce, selon le Fonds monétaire international (FMI). Plusieurs facteurs contribuent à la réussite de ce plan et promettent de nouvelles perspectives de croissance, notamment la stabilité politique, la sécurité, le cadre macro-économique favorable, le développement des infrastructures et un accès privilégié aux marchés régionaux, notamment celui de la CEDEAO qui compte plus de 300 millions de consommateurs, selon Coulibaly. L’ensemble des secteurs d’activité contribue à la croissance de l’économie ivoirienne, particulièrement le secteur agricole qui représente 35% du PIB.
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Opportunités d’investissement : Plan Sénégal Emergent
Les opportunités d’investissement au Sénégal, dans le cadre du nouveau plan de développement baptisé Plan Sénégal Emergent (PSE), ont été présentées à Casablanca par le ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, Amadou Ba. «Il fait beau temps pour investir (au Sénégal, Ndlr)», a assuré le ministre. Toutes les conditions pour réussir son investissement au Sénégal sont aujourd’hui réunies. Le ministre a mis en exergue notamment une stabilité politique et macro-économique soutenue par un modèle solide d’alternance démocratique. L’année 2015 est celle de la mise en œuvre effective du PSE qui s’articule autour de 3 axes majeurs, à savoir une transformation structurelle de l’économie à travers la consolidation des moteurs actuels de la croissance, une amélioration significative des conditions de vie des populations et le renforcement de la sécurité, de la stabilité et de la gouvernance. Pour y arriver, Amadou Ba a relevé que son gouvernement entend mettre en place les infrastructures de dernière génération pour le soutien à la production, à l’amélioration de l’environnement des affaires, au renforcement du capital humain et à la satisfaction des besoins de financement de l’économie. Le Sénégal affiche des taux de croissance de plus en plus consolidés depuis 3 années. Cette évolution s’explique par l’amélioration des finances politiques. D’ailleurs, le PSE table sur un taux de 7% à l’horizon 2020.
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Mohamed El Kettani, président-directeur général du groupe Attijariwafa bank
«J’annonce la création du Club Afrique Développement !»
«C’est non sans émotion que je m’adresse à vous, chers participants, à l’occasion de la clôture officielle des travaux de la 3ème édition du Forum Afrique Développement, placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’Assiste. Cette 3ème édition a mis la lumière sur un nouveau palier de collaboration entre nous tous ici présents. Nous avons reçu de votre part, tout le long des travaux, des remerciements, des encouragements et des attentes aussi fortes, pour pérenniser l’esprit du Forum Afrique Développement. Ainsi que nous l’avions annoncé en ouverture et grâce à notre partenariat avec Maroc Export, que nous remercions pour son engagement sans faille auprès de nous, nous nous sommes engagés à rendre votre rendez-vous africain annuel et qu’on en fasse une fête africaine de l’entreprenariat. C’est donc dans le souci permanent du Groupe Attijariwafa bank de toujours mieux s’investir auprès de vous que je suis heureux de vous annoncer, chers participants, la création du Club Afrique Développement pour vous servir et animer tout le long de l’année les temps de débats, les temps de rencontres et répondre aux demandes précises de chacun d’entre vous. Au-delà de toute attente, le marché de l’investissement, réceptacle des plans nationaux de développement et les banques de projets portés par les hauts représentants du Gabon, du Bénin, du Burkina Faso, du Mali, du Cameroun, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire -et que je tiens à remercier chaleureusement pour leur diligence et leur mobilisation tout le long de cette journée et demie-, n’a pas désempli. Vos recommandations seront retranscrites dans le livre blanc de cette 3ème édition du Forum international Afrique Développement destiné aux décideurs publics et gouvernementaux. Vos recommandations appellent toutes à l’unité de l’action et à la facilitation institutionnelle en faveur de l’investissement du secteur privé. S’agissant de la diversification des sources d’énergie et de la sécurité énergétique, vos recommandations sont intransigeantes et appellent à une convergence des feuilles de route. Car, non seulement il n’est plus concevable, vu les atouts extraordinaires dont dispose notre continent en termes de matières premières, de ressources hydrauliques et solaires, que l’Afrique ne joue pas le rôle de premier plan qui lui revient, notamment en matière d’énergies renouvelables. En vue d’une réponse commune dans un marché global, nous devons impérativement inscrire les stratégies nationales individuelles dans le cadre global du marché international. S’agissant de l’énergie électrique, le défi réside dans le dimensionnement et l’entretien de l’énergie électrique.
S’agissant du défi majeur d’électrifier nos villes et nos campagnes, vous avez appelé de vos vœux à l’accélération du partage d’expérience et le développement des projets de co-développement, de co-production, de co-localisation, à l’instar de ce qu’a déjà fait le Maroc en 2014 avec le Bénin, le Gabon et le Congo Brazzaville. En outre, le Groupe Attijariwafa bank, conformément aux orientations royales, a ainsi mené, au cours des 10 dernières années, une stratégie d’expansion régionale dans l’objectif de contribuer à la construction d’une solution africaine qui puisse répondre aux besoins des acteurs économiques, mais aussi des peuples frères dans les pays de présence».
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Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique
«Développons des écosystèmes transafricains !»
«Les travaux de ce Forum, placés sous le signe du pragmatisme et de l’efficacité, se proposent de faire émerger, par des dialogues publics-privés riches et intenses, des projets de partenariat et d’investissement concrets dans les domaines de l’énergie, de l’agrobusiness et des infrastructures. Le Maroc, reconnaissant l’importance de son ancrage économique dans son espace régional d’appartenance, en tant que facteur clef de succès pour son intégration réussie dans les chaînes de valeur mondiales, est fondamentalement investi dans l’agenda transformatif du Continent, à travers, notamment, des investissements structurants et des partenariats d’affaires. Il est impératif d’accélérer l’intégration économique via la signature tant de l’Accord de partenariat économique préférentiel entre le Maroc et l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine que de l’Accord Commercial préférentiel entre le Maroc et la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. Ces Accords sont les garants d’un développement significatif dans une logique gagnant-gagnant. Il faut également privilégier des modes de collaboration de type public-privé pour la concrétisation des partenariats, tant ils sont, de par la logique de bonne gouvernance à laquelle ils obéissent, vecteurs de synergies, de transfert technologique et de progrès. La quatrième priorité a trait à la mise en place de cadres favorables et attractifs aux affaires et propices à la démultiplication des partenariats publics privés Sud-Sud. Dans le contexte actuel de mondialisation et de compétitivité accrue, les pays africains n’ont d’autre alternative que de s’inscrire dans la logique de la complémentarité et de la recherche de synergies pour atteindre l’émergence à laquelle ils aspirent tous».
Dans son allocution d’ouverture, Moulay Hafid Elalamy avait émis une idée innovante qui s’inscrit dans le prolongement de ce qui est entrepris au Maroc-même: développer des écosystèmes transafricains. Le concept des écosystèmes est le pivot du Plan marocain d’accélération industrielle 2014-2020.
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Nizar Baraka, président du Conseil économique, social et environnemental
«Pour un modèle de développement inclusif, intégré et durable»
«Cette 3ème édition du Forum international Afrique Développement prouve incontestablement que l’émergence de notre continent est en marche. Cet espace de partage, d’échange d’expériences et de maillage est parvenu, en 3 éditions seulement, à s’institutionnaliser et à s’ériger en rendez-vous incontournable catalysant les énergies créatives entre nos pays qui partagent une histoire et une destinée communes. Permettez-moi de vous dire que cette Afrique déterminée, volontariste, fière de son identité, audacieuse et entreprenante est bien présente ici, dans cette ville de Casablanca, un des multiples symboles de la dynamique et de l’émergence de notre continent. Cette rencontre a aussi contribué à renforcer le lien social et le maillage économique entre nos pays pour relever, ensemble et dans un esprit de partenariat équilibré, les nombreux défis en vue d’améliorer le bien-être de nos populations à travers un modèle de développement inclusif, intégré et durable. Nous devons aujourd’hui assurer une montée en gamme de nos produits pour créer plus de valeur ajoutée et donc plus de richesses, plus d’emplois et, in fine, plus de bien-être pour nos concitoyens. Mais ce n’est pas suffisant! Il s’agit aussi de soutenir nos filières à travers un capital humain qualifié, innovant et entreprenant, une politique commerciale ambitieuse si ce n’est agressive, des infrastructures performantes et des coûts logistiques compétitifs. Et il faudrait probablement envisager un soutien public, direct ou indirect, pour compenser les coûts d’ajustement, notamment logistiques, afin de soutenir nos filières dans leurs ambitions d’intégration continentale ou de conquête de marchés en dehors du continent, pourvu que ce soutien s’inscrive dans le cadre d’une transition structurante».
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Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la CGEM
«Il faut élargir nos zones d’intégration avec l’investissement 2.0»
«Nous avons besoin de travailler sur nos normes, d’harmoniser nos règles tarifaires et douanières. Il faut former les jeunes. Il faut un fonds africain pour l’éducation. Nous avons également besoin d’élargir nos zones d’intégration avec l’investissement 2.0. C’est une dynamique pour favoriser l’intégration Sud-Sud à travers les petites et moyennes entreprises. Ces dernières doivent davantage se greffer à la dynamique économique actuelle du continent. Pour le moment, elles semblent peu concernées. En outre, le développement d’une vision partagée entre les pays du continent contribuera à réaliser une intégration économique, atteindre des taux de croissance élevés et renforcer la coopération bilatérale et multilatérale. Il faut dire que le Maroc constitue la porte d’entrée vers l’Afrique, le continent où la croissance économique sera la plus forte au cours des cinq prochaines années».
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Amadou Gon Coulibaly, ministre d’Etat et secrétaire général de la présidence du Côte d’Ivoire
«Les réformes, qui ont favorisé l’attractivité économique et financière de la destination Côte d’Ivoire auprès des investisseurs et partenaires internationaux, comprennent notamment l’adoption d’un nouveau code des investissements plus attractif et compétitif, la création d’un Guichet Unique de l’Investissement qui permet de créer une entreprise en 24 heures ou encore l’octroi de l’agrément du code d’investissement en 21 jours. Je tiens à saluer l’excellence des rapports qui unissent le Royaume du Maroc et la Côte d’Ivoire, ainsi que toutes les institutions marocaines et les dirigeants d’entreprise pour l’effort déployés».
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Zahra Maafiri, directrice générale du Centre marocain de promotion des exportations Maroc Export
«Il faut produire ce que nous consommons»
«Les atouts économiques en matière de richesse et de ressources humaines, la transformation économique dans le continent africain et la situation politique de plus en plus stable font de l’Afrique le continent de l’avenir. Le Maroc est conscient de l’importance de ses relations avec des pays africains, d’autant plus que le gouvernement a procédé à des réformes pour faciliter les échanges commerciaux avec ces pays. Ce qui manque le plus à l’Afrique, ce sont des petites et moyennes entreprises qui se détachent de leur pays pour s’ouvrir au continent africain. C’est à elles qu’il reviendra de stopper le transit des fruits africains par l’Occident avant de nous revenir en jus».
Discrète, mais admirable d’efficacité et de capacité de mobilisation, la directrice de Maroc Export a plusieurs fois marqué l’assistance par des formules qui mettent le doigt sur l’essentiel. Ainsi, par exemple, a-t-elle déploré que «les Africains consomment ce qu’ils ne produisent pas et produisent ce qu’ils ne consomment pas», vendant parfois un produit à 1 dollar pour le racheter, une fois transformé par l’acheteur à 100 dollars.
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Madeleine Berre, présidente de la Confédération patronale gabonaise
«Le Gabon se situe dans une zone économique où nous n’avons pas une fluidité dans la circulation des biens et des services. Puisque nous considérons l’Afrique comme un pays, il faudrait à ce titre rompre les frontières économiques».
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Mohamed Abbou, ministre du Commerce extérieur
Les chiffres qui disent tout…
«3.000 conventions et accords bilatéraux ont été établis en une décennie, une quarantaine de commissions ont vu le jour. Les échanges commerciaux ont progressé de 13% ces dernières années. Il faut surtout noter qu’au cours de l’année 2013, la moitié des investissements marocains à l’étranger ont été réalisés sur le continent africain».